(Afp), 17 novembre 2024) :
L’Arabie saoudite a exécuté plus de 100
étrangers depuis le début de l'année 2024, selon un décompte de l’AFP rendu
public hier, basé sur les annonces officielles, un bilan qui constitue un
nouveau record, selon un groupe de défense des droits humains.
Samedi, «Moussa
Saleh, ressortissant yéménite» a été exécuté à Najran (sud), pour trafic de
drogue, a indiqué l’agence SPA. Son exécution porte à 101 le nombre d’étrangers
exécutés dans le pays depuis janvier 2024, selon le décompte. «C’est le plus grand nombre d’exécutions d’étrangers en une
seule année», a affirmé Taha Al Hajji, le responsable saoudien d’une
organisation de défense des droits humains basée à Berlin (ESOHR). En 2023,
comme en 2022, le nombre d’exécutions annuelles d’étrangers s’était élevé à
34.
L’application de la peine de mort par Riyad a été critiquée à de nombreuses
reprises par des groupes de défense des droits humains, qui la considèrent
excessive et en décalage avec les efforts affichés par l’Arabie saoudite pour
présenter à l’international une image moderne et réformiste. L’Arabie saoudite
est le pays qui a exécuté le plus de prisonniers au monde en 2023 après la
Chine et l’Iran, selon Amnesty international.
En septembre, il a été recensé 198 exécutions depuis le début 2024, soit le
chiffre le plus élevé en plus de trois décennies, dépassant les précédents
records de 196 exécutions en 2022 et de 192 en 1995.
Les exécutions ont continué à un rythme
rapide depuis lors, atteignant hier un total de 274 pour l’année, selon le même
décompte. Ce bilan contredit les déclarations du prince héritier et dirigeant
de facto de l’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salmane, qui avait assuré à la
revue américaine The Atlantic, en 2022, que son royaume a éliminé la peine de
mort, sauf pour les criminels ou individus mettant des vies en danger. Jeed Basyouni, directeur
Moyen-Orient de Reprieve, une ONG qui fait campagne
contre la peine de mort, pointe une «crise
d’exécutions sans précédent en Arabie saoudite», estimant que le nombre total
d’exécutions devrait dépasser les 300 cette année.
Parmi les étrangers exécutés depuis le début de l’année, figurent 21
Pakistanais, 20 Yéménites, 14 Syriens, 10 Nigérians, neuf Egyptiens, huit
Jordaniens et sept Ethiopiens. Des Soudanais, Indiens, Afghans, un Sri-Lankais,
un Erythréen et un Philippin ont aussi été exécutés. Parmi eux, 69 ont été
exécutés pour trafic de drogue. En 2022, l’Arabie saoudite a mis fin à un
moratoire de trois ans sur les exécutions liées aux affaires de stupéfiants.
Les étrangers «sont souvent exploités par de gros
trafiquants de drogue qui tirent parti de leur vulnérabilité», a explique T. Al Hajji, ajoutant «qu’ils subissent une série
de violations des droits humains, depuis leur arrestation jusqu’à leur
exécution».