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Roman Saliha Kaci- "Les Frondeuses"

Date de création: 11-11-2024 18:47
Dernière mise à jour: 11-11-2024 18:47
Lu: 8 fois


POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN SALIHA KACI- « LES FRONDEUSES »

 

LES FRONDEUSES. Recueil de nouvelles de Saliha Kaci. Dar El Qobia Editions, Alger, 180 pages, 1 100 dinars

 

16 nouvelles. Toutes basées sur les vies et les cris de femmes algériennes. Jeunes filles, étudiantes, travailleuses, femmes au foyer, femmes abandonnées ou célibataires, avec ou sans enfants.....presque toutes non pas totalement malheureuses mais souhaitant un autre sort que celui qui leur semblait tracé d’avance dans une société encore pas totalement ouverte à l’émancipation de la femme. Société des campagnes ou des villes....celle des jeunes ou des moins jeunes, celle des exclues du système éducatif ou celle des « cadres » formées sur les bancs de l’Université. « Rien, ni personne n’est épargné , même avec affection ou affliction » (J. Brenot, préface)

16 nouvelles écrites avec engagement et passion, ce qui nuit quelque peu au style. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’il y ait du sens. Et, il y en a :

 

On a la redécouverte de la personnalité, passant de la femme soumise à la femme révoltée. On a la jeune fille et sœur souffre-douleur en symbiose avec rien qui s’oppose à l’incompréhension des hommes de son environnement. On a le désir d’indépendance et les retrouvailles d’un amour abandonné. On a la liberté et le mal-être. On a la révolte d’une femme « rangée ».On a l’histoire d’une femme qui perd la vue mais qui retrouve la « vérité ». On a la revanche de la femme « divorcée ». On a .....On a ....

Toutes des personnages qui bousculent, qui happent, qui peuvent faire grincer les dents, mais qui , parfois directement et même brutalement et à grands cris ,  disent leurs quatre vérités sur leur vies.

L’Auteure :Enseignante, prof’ de français au lycée (Tizi Ouzou)

Extraits : « Elle peine à garder un travail stable. Jeune, encore désirable et seule ! Ingrédients parfaits pour être une proie facile ; des prédateurs masculins lui ont fait fuir d’alléchantes occasions d’emploi. Une femme seule, c’est la putain qui cherche à

 plaire à tous les coins de rue » (p 30), « Une mère sans wali, sans tuteur masculin, non, non ça ne se fait pas, c’est même dangereux !Un monde dédié au culte d’une suprématie soigneusement construite » (p 31), « Je vis dans ce pays enlisé dans la vase de la prospérité rentière....des humains se tuent à construire un rideau de fer bien cimenté séparant les genres. Un peu comme dans cette cité sans majuscule où j’évolue, une ville en mal de reconnaissance» (p76), « L’un se devait d’être performant physiquement et l’autre de fournir la preuve de sa chasteté , de sa pureté, de son honneur ! Tous les deux en mission... » (p 131), « Ironie du sort, un prénom d’une reine berbère (Tinhinan)  qui ne m’a pas porté chance.....j’avais tout fait sauf régner sur ma vie ! Une vie de réquisition.... » (p 145)

Avis : Une vie de femme en Algérie? Pas facile ! Libre dans son enfermement, enfermée dans sa liberté.Des nouvelles qui font le tour de la question. Qui découragent et encouragent en même temps.

Citations : « On a beau s’éloigner de chez soi, on finit toujours par revenir et reposer les pieds là où tout a  commencé » (p 45), « Les anciens nous ont légué ce précieux trait tant vanté par nos contemporains : il ne faut pas parler pour ne rien dire, il faut aller dans la discussion vers l’essentiel !Eviter tous les excès. L’essentiel, la dignité humaine ! Donner sans rien attendre .Epuisée... » (p 50), « C’est beau , un homme qui pleure » (p 73), « On nous bassinait avec un passé glorieux qui nous empêchait de nous projeter !Résultat des courses ? Un passé constamment réchauffé, un présent sacrifié et un futur fantasmé ! » (p78), « Un attrait physique féminin au plus haut point peut disparaître et laisser place à un basculement dans le néant » (p105), »La rupture est la bienvenue lorsqu’elle autorise la lumière intérieure à s’allumer » (p115)