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Suisse/Révolution algérienne

Date de création: 04-11-2024 18:08
Dernière mise à jour: 04-11-2024 18:08
Lu: 17 fois


RELATIONS INTERNATIONALES – SUISSE/RÉVOLUTION ALGERIENNE

© YAZID YAHIAOUI/EL MOUDJAHID, dimanche 3 /11/2024

 La diplomatie de la Révolution algérienne : déroulement des négociations et médiation suisse pour l’indépendance» est le thème d’un colloque organisé, jeudi 31 octobre 2024 par la direction générale des Archives nationales de la présidence de la République, en coordination avec l’ambassade de suisse en Algérie.

 Aux origines de la médiation suisse

Lors de ce colloque, l’un des invités de marque n’était autre que l’historien Dr Marc Perrenoud, ancien conseiller scientifique de la commission indépendante d’experts Suisse - Seconde Guerre mondiale, et longtemps collaborateur du centre de recherche Dodis, qui a pris sa retraite du Département fédéral des affaires étrangères suisses en 2021. Dans une communication intitulée : L’Algérie et la Suisse 1945 - 1959 : «Documents suisses au sujet du 1er Novembre», le conférencier a parlé du long processus des négociations qui ont fini par la signature des Accords d’Évian et le cessez-le-feu du 19 mars 1962, en partant des événements du 8 Mai 1945 et des correspondances du consul de Suisse en Algérie qui relataient les événements. Tout a commencé en 1945, avec la répression brutale de la France coloniale. Quelques jours après ces événements, le consul général suisse en Algérie, qui était là depuis 1934, écrivait, le 12 juin 1945 : «L’extrême sévérité de la répression permet d’envisager que de nouveaux troubles ne sont pas éminents, mais il n’en demeure pas moins que le soulèvement des indigènes et la lutte pour l’indépendance de l’Algérie restent à l’état latent». Par la suite, les consuls suisses en Algérie rédigèrent de nombreux rapports sur l’évolution de la situation. Ils exprimaient souvent «leurs inquiétudes face à l’appauvrissement croissant de la population musulmane, ainsi qu’aux inégalités structurelles, non seulement pour les droits politiques, mais également pour la formation scolaire et universitaire» a-t-il dit. Cela étant, Marc Perrenoud, qui a exposé les multiples phases qui ont marqué les activités des nationalistes algériens qui séjournaient en Suisse librement, a rappelé que la politique suisse était basée sur quatre piliers : «Neutralité, solidarité, disponibilité et universalité». Aussi, partant de toutes ces réalités, c’est tout naturellement que la délégation algérienne avait élu domicile en Suisse, pour mener les négociations avec le gouvernement français à Évian. Des négociations qui ont été rendues possibles grâce à la médiation suisse, à sa tête, le médiateur Olivier Long, que l’on retrouve dans l’exposition organisée à cet effet, jeudi, au niveau de la grande salle du rez-dechaussée. M. Perrenoud a fait un long exposé sur ce processus des négociations, qui ont été menées sur les frontières franco-suisses pour permettre à la délégation algérienne de résider sur le territoire suisse, où toutes les conditions ont été mises à la disposition des membres du GPRA : «Les membres de la délégation algérienne pouvaient, à leur guise, animer, au niveau de la villa qui a été mise à leur disposition par l’État Suisse, des conférences de presse, nouer des contacts avec les dirigeants du GPRA qui étaient basés à Tunis ou au Caire, rencontrer qui ils voulaient, etc.». La diplomatie suisse était garante de la sécurité de la délégation algérienne et de la confidentialité des négociations. Tout ce processus s’est déroulé en Suisse et cela a laissé des traces à travers des écrits. Des archives sous différents supports, datant de cette période allant de 1945 jusqu’aux Accords d’Évian, ont été remises à l’Algérie. «Et cela est très important pour les historiens», a encore précisé M. Perrenoud, qui rappelle qu’à l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, l’ambassade suisse en Algérie a publié une bande dessinée sur les accords d’Évian, en français et une version en arabe, avec une dessinatrice algérienne, Bouchra Mokhtar.

Henri Favrod, médiateur de Melun et ami de l’Algérie

Par ailleurs, lors de ce colloque, il était également question de Charles Henri Favrod, journaliste suisse et ami de l’Algérie. Son histoire remonte à 1952 et son déplacement en Algérie. C’est là qu’il apprendra la vérité sur les événements du 8 Mai 1945. Depuis, il essaiera de sensibiliser l’opinion publique suisse sur la guerre d’Algérie. En 1960, il jouera le rôle d’intermédiaire entre le FLN et le gouvernement français, à Melun, mais les négociations ont rapidement échoué. Après l’Indépendance, Henri Favrod, qui deviendra un ami attitré de l’Algérie, rédigera un livre sur «Le FLN et l’Algérie». Jeudi dernier, en signe d’hommage à cet ami de l’Algérie et de la Révolution, un film documentaire, qui lui a été consacré par la télévision algérienne, a été projeté. L’auteur, qui, de son vivant, avait remis toute sa collection d’archives à l’Algérie, revient dans ce film, sur cet épisode de la Révolution portant sur les négociations et la médiation suisse, dont il était un des acteurs, notamment à Melun. Il est décédé le 15 janvier 2017, à l’âge de 89 ans.