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Usa/ Elections présidentielles nov.2024/Presse

Date de création: 30-10-2024 19:29
Dernière mise à jour: 30-10-2024 19:29
Lu: 16 fois


RELATIONS INTERNATIONALES- USA- USA/ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES NOV. 2024/ PRESSE

(© Afp)

C’est une tradition de longue date : à l’approche de la présidentielle américaine, les grands journaux prennent parti pour l’un ou l’autre candidat. Cette année, certains y ont renoncé, provoquant un vrai séisme dans la campagne.

C’est une annonce qui a fait office d’une bombe, à quelques jours de l’élection présidentielle américaine, prévue le 5 novembre 2024. Le Washington Post, l’un des plus grands titres du pays, a annoncé qu’il ne soutiendrait ni Kamala Harris, ni Donald Trump.

« Nous sommes conscients que cette décision donnera lieu à de nombreuses interprétations […] ou comme une fuite devant nos responsabilités. C’est inévitable. Ce n’est pas notre avis », a aussitôt expliqué le directeur William Lewis, vendredi 25 octobre, anticipant la pluie de critiques. Cette neutralité affichée sera aussi appliquée lors des futurs scrutins, a-t-il ajouté, par souci d’indépendance.

Des journaux se mettent en retrait

C’est une première en trente ans pour le journal, plutôt marqué à gauche. Depuis 2008, il soutenait d’ailleurs les candidats démocrates. « C’est de la lâcheté, et la démocratie en est la victime », a tonné l’ex-rédacteur en chef du journal, Marty Baron.

D’autres anciens grands noms du média, les journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein (qui avaient d’ailleurs révélé le scandale politique du Watergate) ont rappelé que le Washington Post avait lui-même publié des preuves « accablantes » sur « la menace que Donald Trump fait peser sur la démocratie ».

Plus tôt dans la semaine, c’est le Los Angeles Times qui a refusé lui aussi d’apporter son soutien à Kamala Harris, sur décision du milliardaire et propriétaire du journal Patrick Soon-Shiong, contre l’avis du comité éditorial.

En signe de contestation, plusieurs employés ont remis leur démission, dont la responsable éditoriale du journal, Mariel Garza. « Je n’accepte pas que nous restions silencieux […] dans ces temps dangereux », a-t-elle expliqué.

Pour ces deux journaux, de nombreux lecteurs ont également annoncé vouloir se désabonner.

Des intérêts financiers

Pour certains grands titres, il vaut mieux ne pas se mettre Donald Trump à dos, en cas de victoire républicaine. Certains ont des intérêts financiers liés au gouvernement. C’est le cas de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et propriétaire du Washington Post : les sociétés dont il est actionnaire ont signé ces dernières années de gros contrats avec l’administration, dont le Pentagone.

« Les gens veulent être du bon côté de Donald Trump », résume à l’AFP Dannagal Young, professeure en communication et en sciences politiques à l’université du Delaware.

La tradition des soutiens médiatiques, généralement décidée par des comités d’éditorialistes (et non par les rédactions), est plus que centenaire. Et ces soutiens médiatiques « continuent de compter », insiste Jane Hall, professeure en communication de l’American University.

Le New York Times, le Boston Globe, le magazine Rolling Stone et le Philadelphia Inquirer ont eux apporté leur soutien à Kamala Harris. Quant à Donald Trump, il a recueilli l’appui du New York Post et du Washington Times.

Mais la tradition a connu ces dernières années un déclin aux États-Unis, dans un contexte de crise économique des médias traditionnels, qui perdent de l’importance face aux réseaux sociaux. Ainsi, l’attention des électeurs, à l’ère du tout numérique, se porte davantage  sur d’autres supports tels que les podcasts ou TikTok.