RELATIONS
ONTERNATIONALES- PALESTINE- PALESTINE/SIONISME/ TESTAMENT DE YAHIA SINWAR (HAMAS) *
*assassiné par l’armée
sioniste le 18 octobre 2024
« N'attendez pas
que le monde vous rende jus ce, j'ai vécu et j'ai été témoin du silence du
monde face à notre douleur. N'attendez pas l'équité, mais soyez
vous l'équité.
Moi Yahya, fils d'un réfugié qui a transformé l'exil en un foyer
temporaire et un rêve en une bataille de longue haleine, en écrivant ces mots,
je me remémore chaque instant de ma vie : de mon enfance dans les ruelles, aux
longues années d'emprisonnement, à chaque goutte de sang versée sur le sol de
cette terre.
Je suis né dans le
camp de Khan Younes en 1962, à une époque où la Palestine n'était qu'un
souvenir déchiré et des cartes oubliées sur les tables des politiciens.
Je suis un homme dont
la vie s'est tissée entre le feu et les cendres, et qui a compris très tôt que
la vie sous occupation n'est rien d'autre qu'un emprisonnement permanent.
J'ai su avant de
perdre toutes mes dents de lait que la vie dans ce pays n'est pas ordinaire et
que ceux qui sont nés ici doivent porter une arme inébranlable dans leur cœur
et comprendre que le chemin vers la liberté est long.
Ce testament que je
vous laisse part de là, de cet enfant qui a jeté la première pierre à
l'occupant, qui a appris que les pierres sont les premiers mots que nous
prononçons pour faire face à un monde qui reste coi devant notre blessure.
J'ai appris dans les
rues de Ghaza que la valeur d'une personne ne se
mesure pas aux années de sa vie, mais à ce qu'elle donne à sa patrie. C'est
ainsi que s'est déroulée ma vie : Prisons et batailles, douleur et
espoir.
J’ai connu la prison
pour la première fois en 1988 et j'ai été condamné à la perpétuité, mais je
n'ai pas laissé de chemin à la peur.
Dans ces cellules
sombres, je voyais chaque mur comme une fenêtre ouverte sur un horizon
lointain, et chaque barreau comme une lumière qui éclairait le chemin de la
liberté.
En prison, j'ai appris
que la patience n'est pas seulement une vertu, mais une arme. Une arme amère,
comme boire la mer goutte à goutte.
Ce testament que je
vous adresse c’est : N'ayez pas peur des prisons, elles ne sont qu'une partie
de notre long chemin vers la liberté.
La prison m'a appris
que la liberté n'est pas seulement la privation d’un droit, mais une idée née
de la douleur et trempée par la patience. Lorsqu’en 2011 j’ai recouvré la
liberté suite à l’accord dit « Loyauté des êtres libres », je ne suis pas sorti inchangé : mon âme s’était trempée et ma
croyance renforcée que ce que nous entreprenons n’est pas une simple lutte
passagère, mais que c’est notre destin que nous portons jusqu'à la dernière
goutte de notre sang.
Mon testament est que
vous mainteniez votre fusil fermement, votre dignité sans compromission, et le
rêve immortel. L'ennemi veut nous voir abandonner la résistance, et transformer
notre cause en une négociation sans fin.
Oui je vous le dis :
Ne négociez pas ce qui vous revient de droit. Ils craignent votre résilience
plus que vos armes. La résistance n'est pas qu’une arme que nous portons, c'est
notre amour pour la Palestine dans chaque souffle
que nous inspirons, c'est notre volonté de durer malgré le siège et
l'agression.
Mon testament est que
vous restez fidèles au sang des martyrs, à ceux
qui sont partis et nous ont laissé ce chemin plein d'épines. Ce sont eux qui pour
nous ont tracé de leur sang le chemin de la liberté, alors ne rendez pas vains
ces sacrifices dans les calculs des politiciens
et les jeux diplomatiques.
Nous sommes ici pour
achever ce que nos prédécesseurs ont commencé, et nous ne dévierons pas de ce chemin
quel qu’en soit le prix. Ghaza a été et restera la
capitale de la résilience et le cœur de la Palestine qui ne cesse de battre,
même si la terre qui nous accueille nous est étroite.
Lorsque la direction
du Hamas m’a été confiée à Ghaza
en 2017, il ne s'agissait pas seulement d'un transfert de pouvoir, mais de la
poursuite d'une résistance commencée par la pierre et qui s'est poursuivie par
le fusil. Chaque jour, j'ai ressenti la douleur
de mon peuple assiégé, et je sais que chaque pas que nous faisons vers la
liberté a un prix. Mais je vous le dis : Le prix de la reddition est bien plus
élevé. Pour cette raison, accrochez-vous à la terre comme la racine s'accroche
au sol : aucun vent ne peut déraciner un peuple qui a décidé de vivre.
Dans la bataille du «
Déluge d'Al-Aqsa (Toufan al
Aqsah) », je n'ai pas été le chef d'un clan ou celui
d'un mouvement, mais la voix de chaque Palestinien qui rêve de libération. J'ai
été guidé par ma foi que la résistance n'est pas seulement une simple option,
mais un devoir. Je voulais que cette bataille soit une nouvelle page dans le
livre de la lutte palestinienne, où les factions s'unissent et où tout le monde
se tient dans une seule tranchée, contre un
ennemi qui n'a jamais fait de différence entre
un enfant et une personne âgée, ou entre une pierre et un arbre.
Le Déluge d'Al-Aqsa (Toufane al Aqsah) était une bataille des âmes avant d’être une
bataille des corps, celle de la volonté avant celle des armes.
Ce que je laisse n'est
pas un héritage personnel, mais un héritage collectif, pour chaque Palestinien
qui a rêvé de liberté, pour chaque mère qui a porté son fils
martyr sur son épaule, pour chaque père qui a pleuré douloureusement sa gamine
assassinée par une balle traîtresse.
Ma dernière
recommandation est de toujours se rappeler que la résistance n'est pas vaine,
qu'il ne s'agit pas seulement d'une balle tirée, mais d'une vie vécue dans
l'honneur et la dignité. La prison et le siège m'ont appris que la bataille est
longue et le chemin difficile, mais j'ai aussi
appris que les peuples qui refusent de se rendre créent des miracles de leurs
propres mains.
N'attendez pas que le
monde vous rende justice, j'ai vécu et j'ai été témoin du silence du monde face
à notre douleur. N'attendez pas l'équité, mais soyez l'équité. Portez le rêve
de la Palestine dans vos cœurs, et faites de chaque blessure une arme, et de
chaque larme une source d'espoir.
Tel est mon testament
: Ne rendez pas vos armes, ne laissez pas tomber les pierres de vos mains,
n'oubliez pas vos martyrs et ne faites pas de compromis sur un rêve qui est
votre droit.
Nous sommes ici pour
rester, dans notre territoire, dans nos cœurs et dans l'avenir de nos
enfants.
Je vous recommande de prendre soin de la Palestine, de la terre que j'ai aimée
jusqu'à la mort, et du rêve que j'ai porté sur mon épaule comme une montagne
qui ne plie pas.
Si je tombe, ne tombez pas avec moi, mais portez pour moi un drapeau qui n'est
jamais tombé, et faites de mon sang un pont que traversera une généra on qui
naîtra de nos cendres, plus forte. N'oubliez pas que la patrie n'est pas une
histoire à raconter, mais une vérité à vivre, et que pour chaque martyr,
naissent du ventre de ce e terre mille
résistants.
Si le Déluge revenait et que je n’étais pas parmi vous, sachez que je n'ai été
que la première goutte dans les vagues de la liberté et que j'ai vécu pour vous
voir achever le chemin.
Soyez une écharde dans leur gorge, un déluge qui ne revient pas en arrière et
qui ne s'apaisera pas tant que le monde ne reconnaîtra pas que nous sommes les
détenteurs du Droit et que nous ne sommes pas des statistiques dans leurs
bulletins d'information ».