Depuis le début de l’année, la page
«Féminicides Algérie» a recensé une série de féminicides témoignant
d’une violence insistante à l’égard des femmes dans le pays. 34 femmes ont été
assassinées et ces agressions ont été perpétrées par un membre de leur famille
ou un proche du cercle familial.
Le
phénomène des féminicides prend de l’ampleur en Algérie. Chaque semaine, au
moins une femme est assassinée. Ces crimes abominables sont commis contre des
femmes, jeunes, moins jeunes, épouses, sœurs ou mère. Depuis le début de
l’année en cours, 34 femmes ont été assassinées et ces agressions, sont
perpétrées par un membre de leur famille ou un proche du cercle familial.
En
2023, pas moins de 33 féminicides ont été répertoriés par la cellule de veille
indépendante du collectif «Féminicides Algérie». Selon
ce collectif, plus de 228 femmes ont succombé ces trois dernières années à des
mauvais traitements infligés par un parent, mari, ex-mari ou un inconnu.
Ces
cas de féminicides ne représentent qu’une fraction de la réalité, car de
nombreux autres incidents restent non signalés ou non recensés. «Le nombre réel de femmes tuées dans de telle circonstance
est bien plus élevé», déplore Wiam Awres, cofondatrice du collectif Féminicide Algérie,
mettant en lumière la nécessité urgente d’actions concrètes pour lutter contre cette
violence à l’égard des femmes.
Le
collectif composé de militantes féministes algériennes se fixe comme objectif «d’alerter la société et les institutions face aux
féminicides dans notre société et leur banalisation».
Dans
sa fiche de présentation, Féminicides Algérie tient à préciser que «les femmes assassinées ne sont pas que des chiffres, elles
avaient des noms et des vies, parfois des enfants. Nous ne voulons pas qu’elles
tombent dans l’oubli ni que leur assassinat soit un fait divers, car derrière
ce qui est présenté comme un fait divers existe un fait social».
Ces
dernières années, des associations féminines ne cessent d’alerter contre le
cycle infernal des violences contre les femmes, appelant à la criminalisation
de ces féminicides. D’après le rapport «sur les
meurtres des femmes et des filles 2019-2022» rendu public par le collectif, ces
assassinats surviennent souvent après des années, voire des décennies de
violences et de menaces et dans certains cas de tentatives de féminicide.
71%
de ces meurtres ont lieu dans des espaces clos, dans la majorité des cas au
domicile conjugal ou familial. Une arme (couteau, arme à feu pour les plus
employées) a été utilisée dans 65% des cas et les victimes sont âgées de 5 ans
à 85 ans. Les raisons souvent invoquées par les meurtriers sont la
jalousie, de supposés crimes d’honneur et des troubles mentaux.
«Il est temps de briser
le silence»
«Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de
la famille de la victime. Dans 60% des cas, il s’agit du conjoint»,
est-il souligné dans le rapport. Notons que depuis le début de l’année, la page «Féminicides Algérie» a recensé une série de féminicides
témoignant d’une violence insistante à l’égard des femmes dans le pays.
Ces
actes abjects ont coûté la vie à plusieurs femmes, laissant dans leur sillage
des familles inconsolables. Le 2 septembre du mois courant, Djamila Dj.,
résidante à Ouargla, a été poignardée par son frère ; à Constantine une
sexagénaire a été assassinée par son fils âgé de 26 ans, alors que le 7 juillet
dernier Razika M., 46 ans, a été tuée par son
conjoint. Il l’a égorgée avec un couteau.
Cette
femme originaire de la wilaya de Bouira subissait des violences continues et
répétées de la part de l’assassin. Une autre à Djelfa a été assassinée par son fils
de 19 ans. Il l’a étranglée. Agée de 45 ans, elle était mère de 5 enfants.
A
Sétif, un nouveau cran dans l’horreur a été franchi : une femme âgée de 32
ans a été sauvagement assassinée par son mari le 27e jour du mois sacré de
Ramadhan dans la localité de Douar Draa Halima, dans la commune de Ouled Sabor. Le mari de la
victime a tenté par la suite de dissimuler ce crime en incinérant le corps de
sa femme.
Ce
meurtre, qui a fait le tour des réseaux sociaux, était le deuxième du genre en
l’espace de deux semaines. Le scénario produit par le mari est digne d’un
film d’horreur. Il a pris le soin d’envelopper le corps de sa femme dans de la laine
avant de procéder à son incinération.
Cet
acte atroce et abominable a été découvert par un agriculteur. Ces chiffres
doivent nous interpeller sur l’ampleur de ce phénomène. «Il
est temps de briser le silence et d’analyser de manière scientifique les causes
de ces actes», estime le collectif Féminicides Algérie.