COMMUNICATION- ETUDES ET ANALYSES- MÉDIAS SOCIAUX EN
AFRIQUE 2024/DÉSINFORMATION
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(Afrique du Sud), 19 septembre 2024 /Anna Collard, vice-présidente de la
stratégie de contenu chez KnowBe4 AFRICA
Selon une
récente étude menée par KnowBe4, 84 % des Africains s’appuient de plus en plus
sur les médias sociaux pour s’informer, rendant la population vulnérable à la
désinformation.
Une
enquête menée en juin 2024 par « KnowBe4 », une société
spécialisée dans la cybersécurité, met en lumière un problème préoccupant pour
les sociétés africaines : la forte dépendance des populations aux réseaux
sociaux pour s’informer. L’étude, qui a porté sur 500 personnes réparties entre
le Botswana, le Kenya, l’île Maurice, le Nigéria et l’Afrique du Sud, révèle
que « 84 % des personnes interrogées » considèrent les réseaux
sociaux comme leur source principale d’information, avec « 80 % d’entre
elles privilégiant Facebook. »
Cette
dépendance massive inquiète particulièrement à l’approche d’un cycle électoral
majeur, puisque 19 pays africains s’apprêtent à organiser des élections en
2024. « L’essor des campagnes de désinformation, alimentées par des
acteurs étrangers comme la Russie et la Chine menace d’aggraver
l’instabilité sociale », souligne le document qui, citant le Centre
africain d’études stratégiques, rapporte que ces campagnes ont quadruplé depuis
2022.
Des canaux
peu fiables et une surestimation des capacités de discernement
L’augmentation
de la désinformation sur les réseaux sociaux constitue une menace de plus en
plus palpable. Anna Collard, vice-présidente de la stratégie de contenu chez
KnowBe4 AFRICA, souligne que « plus de 50 % des personnes interrogées
utilisent TikTok pour s’informer. Or, ni Facebook ni TikTok ne sont considérés comme des sources fiables
d’informations », déclare-t-elle.
Malgré
cela, « 82 % des personnes interrogées » se sentent capables
de distinguer les vraies informations des fausses. Toutefois, Collard exprime
des doutes. « Bien que la plupart des personnes interrogées aient
déclaré être capables de faire la différence entre les vraies et les fausses
informations, je doute que ce soit le cas », affirme-t-elle.
A l’en
croire, d’autres études montrent en effet que les utilisateurs surestiment
souvent leur capacité à détecter des deepfakes ou des
contenus trompeurs. Pire, les gens tendent à faire davantage confiance aux
images générées par l’IA qu’aux photographies réelles.
L’impact
de la désinformation sur la société et les élections
L’enquête
révèle que « 80 % des personnes interrogées » sont préoccupées
par l’impact négatif des fausses informations et leur potentiel à diviser les
communautés. Au Kenya, certains ont observé comment la désinformation a
contribué à des « conflits tribaux. » L’année dernière, lors
des élections au Nigéria, des influenceurs sur les réseaux sociaux ont utilisé
des hashtags inorganiques pour attiser des tensions politiques.
Collard
ajoute que les campagnes de désinformation deviennent de plus en plus
sophistiquées grâce aux outils d’intelligence artificielle. « La
diffusion rapide de fausses informations via les réseaux sociaux et
l’accessibilité croissante des outils d’IA permettent des campagnes de
désinformation peu coûteuses mais extrêmement efficaces »,
note-t-elle. Un exemple marquant est la campagne menée en 2017 par la société
de relations publiques britannique Bell Pottinger,
qui a exploité la désinformation pour manipuler l’opinion publique en Afrique
du Sud.
Un besoin
urgent d’éducation et de régulation
L’étude
souligne le manque de formation des utilisateurs sur la détection de la
désinformation. « 58 % des personnes interrogées » admettent
n’avoir reçu aucune formation en la matière, tandis que « 32 % »
choisissent simplement d’ignorer les informations trompeuses. Ce dernier
chiffre révèle la nécessité urgente d’une approche plus proactive pour
combattre ce fléau.
Anna
Collard plaide pour une stratégie à plusieurs volets afin de mieux lutter
contre la désinformation. Cette approche inclurait une éducation renforcée à la
pensée critique, des mesures gouvernementales coordonnées pour limiter la
propagation de fausses informations, et une vigilance accrue des plateformes de
réseaux sociaux.
« Les
fausses nouvelles constituent un défi permanent qui exige une attention constante»,
conclut-elle.