COMMUNICATION- PERSONNALITES- MOULOUD
ACHOUR
© R. Hammoudi/ Horizons, mardi 27 août
2024
I l a été directeur de rédaction au
quotidien El Moudjahid en 1993, mais son nom était familier à tous ceux qui
lisaient la presse depuis la fin des années 1960. On ne pouvait l’imaginer
ailleurs que dans la rubrique culturelle. Le normalien qu’il était avait
commencé par publier régulièrement dans Algérie-Actualité des nouvelles, à
partir de 1969, l’année où il obtint le prix Rédha-Houhou
avec Merzak Bagtache (pour
la langue arabe). Il était alors un ami de Malek Haddad pour qui il avait une
grande admiration. C’était d’ailleurs ce grand poète qui lui confia la
responsabilité de la revue Promesses et, plus tard, insista auprès de lui pour
diriger El Moudjahid culturel, à la place de Kamel Belkacem. Ce cahier de huit
pages qui commence à paraître à partir du 6 mai 1971 va disparaître en juin
1977. Mouloud Achour n’était pas un contestataire au sens katébien
du terme, et s’il avait des griefs, il se gardait de les formuler de manière
frontale ou bruyante. Ainsi quand Ahmed Taleb le reçut, après la suspension de
la revue Promesses, en 1975 pour n’en garder que la version arabe El Amal, il
ne fit pas d’esclandre. L’homme pétri de culture et de valeurs classiques
acceptait mal les phrases mal écrites, les tournures maladroites, mais aussi les
excès en tout. Cela ressort dans le style très XIXe siècle de ses nombreux
livres (Héliotropes, le survivant et autres nouvelles), même si, à partir des
années 1980 il publia un peu moins. Il avait été pris dans la tourmente des
années de braise où il s’est réfugié un long moment en France où il n’avait pas
cessé d’écrire. Mouloud Achour avait toujours un pied dans les institutions,
occupant un poste au sein de l’Union des écrivains puis au ministère de la
Culture. Entre 1990 et 1992, il dirigea le cabinet du président du Conseil
national de la culture, Benhadouga, qui était son
ami. Le premier lui avait octroyé le privilège de beaucoup voyager. Il a noué
des relations avec les écrivains des pays de l’Est, ce qui lui a permis de se
rendre en Albanie, dans les Républiques soviétiques d’Asie centrale pour
couvrir des festivals de cinéma comme celui de Tachkent et, de nombreuses fois,
à Moscou. Ce séjour lui a inspiré «Le vent du Nord»,
un de ses derniers romans. Toute son œuvre qui traite souvent des mutations de
la société et du désarroi des individus était ancrée dans le réalisme. Rien de
ce qui se faisait dans l’univers de la culture ne lui était étranger. Il
connaissait les qualités des uns, les défauts et les limites des autres, mais
aux commérages, il préférait s’en tenir aux anecdotes et aux bons mots qui
faisaient rire. Ayant démissionné du journal El Moudjahid, il s’est retrouvé,
plus tard, au quotidien Liberté, et au tournant des années 2000 comme directeur
de rédaction à Algérie Hebdo. Il n’avait pas changé même s’il semblait avoir
perdu beaucoup d’illusions sur les hommes et le métier. Durant les dernières
années de sa vie, au Sila, sa silhouette était familière dans le stand de
Casbah éditions. Si Mouloud Achour allait et venait entre les rangées de livres
qu’il avait parcourus et annotés en manuscrits, comme toujours, il lisait les
autres à qui il laissait la gloire éphémère se contentant de la satisfaction du
devoir bien accompli.