La Banque d’Algérie
vient de publier un rapport annuel retraçant l’évolution économique et
monétaire de 2023, où il ressort que les comptes économiques ont dû subir des
changements notables, impactés qu’ils sont par le nouveau calcul du PIB.
Les principaux soldes des finances
publiques ont connu une dégradation notable en 2023. La Banque d’Algérie (BA) a
fait observer, dans son dernier rapport, que le déficit budgétaire a plus que
doublé pour atteindre 1003,48 milliards de dinars, contre un déficit de 411,51
milliards de dinars en 2022.
«Rapporté au PIB, note le
rapport, le ratio du solde budgétaire s’est détérioré de manière significative,
passant de 1,28% en 2022 à 3,08% en 2023.» Ainsi, l’Algérie perçoit pour la
première fois l’impact du rebasage du PIB sur les comptes nationaux.
Ce même déficit budgétaire, par exemple,
correspondait avant le rebasage à -11,1% du PIB en 2022. On constate en effet
qu’il s’agit là de nouveaux chiffres qui sont largement diminués par rapport
aux valeurs exprimées précédemment.
Globalement, dans le projet de loi de
finances rectifié (PLFR-2023), le déficit budgétaire s’élève à 5780,8 milliards
de dinars, les recettes prévues étant de 8926 milliards et les dépenses de
14 706,8 milliards de dinars. Il faut dire que le déficit s’est creusé
durant ces trois dernières années.
Il était de 3087 milliards de dinars en
2022 (-11,1% du PIB), contre 2270,9 milliards en 2021 (-10,3% du PIB). La
hausse du PIB après le rebasage permet ainsi de ramener le déficit budgétaire à
un chiffre : 1,28% en 2022 et 3,08% en 2023, comme écrit dans le rapport.
Pour rappel, le calcul du PIB, qui
mesure la richesse nationale, a été revu et corrigé en 2022. Dans son édition
du 20 décembre 2023, El Watan rapportait que le PIB
nominal de 2022 en base 2001 augmente d’environ 12,8% par comparaison à la base
1989. Le PIB nominal passe de 25 157,8 milliards de dinars en 2021 à 32
028,4 milliards en 2022, soit une hausse en valeurs courantes de 27,3%.
C’est dans le projet
de loi de finances 2024 que ce travail a été officiellement dévoilé. Le nouveau
montant du PIB 2022 y a été inscrit à la faveur de l’opération de rebasage des
comptes économiques.
«Le produit intérieur
brut (PIB) a été réestimé et revu pour l’année 2022, sur la base des travaux de
rebasage des comptes économiques, menés par les services de l’Office national
des statistiques (ONS), en prenant comme année de base l’année 2001 au lieu de
l’année 1989», note le texte de loi.
On explique ainsi que
«le rebasage a permis d’ajuster la valeur courante du PIB en 2022, qui
s’est répercutée sur les perspectives des années 2023 à 2026». Et de préciser
qu’«il est passé de 27 688,9 mds de dinars (base 1989)
à 32 028,4 mds de dinars (base 2001), soit 233,4 mds de dollars». Ce travail
devrait se poursuivre puisque l’opération sera recommencée deux fois.
Que doit-on penser de ce niveau de déficit
qui est ainsi passé de 11,1% à 1,28% en 2022 et à 3,08 en 2023?
Important, pas important ? La grille de lecture des finances publiques
n’est plus la même. Forcément ! De fins observateurs de la scène économique
songent d’ailleurs présentement à la difficulté de l’analyse et de la
comparaison.
Car comment considérer l’effort
budgétaire de l’Etat aujourd’hui ? En 2022, par exemple, le déficit était
de 1,28% du PIB revalorisé alors qu’avant cette opération, son calcul
ressortait 11,1% du PIB ancien. En 2023, le déficit budgétaire a «plus que doublé» pour atteindre 1003,48 milliards de
dinars, contre un déficit de 411,51 milliards de dinars en 2022.
Du coup, se pose la question de savoir
comment considérer le niveau du déficit de 2023, qui a doublé en une année,
puisqu’il est de 3,08%. Dans la loi de finances 2024, le déficit budgétaire
représente 16,2% du PIB, l’ancien bien sûr. L’Etat a-t-il donc une marge de
manœuvre en matière de dépenses budgétaires ?
Quid du niveau de la dette
interne ? Il apparaît ainsi que le nouveau calcul du PIB trace un tableau
de bord des finances publiques avec un tout autre repère, où la dette, le
déficit et autres agrégats financier liés au PIB sont ramenés à des niveaux
inférieurs.
La lecture politique de ces paramètres
ne sera forcément pas la même. A moins de changer de paramètres et de repères.
Au début de l’année en cours, le ministre des Finances, Laaziz
Faid, s’est voulu rassurant lorsqu’il a annoncé que
la dette est de 15 500 milliards de dinars et est constituée presque totalement
de la dette interne.
Selon lui, «la dette externe étant quasi
insignifiante, le ratio dette/PIB, quand il atteint un taux de 60%, on dit que
la dette est soutenable. Aujourd’hui, le taux d’endettement du pays est de 47%
du PIB. C’est-à-dire qu’on a encore une marge de manœuvre pour aller vers le
déficit public».