HISTOIRE
-BIBLIOTEQUE D’ALMANACH- ROMAN KAMEL BENCHEIKH- « UN SI GRAND
BRASIER »
Un
si grand brasier. Roman de Kamel Bencheikh. Editions Frantz Fanon, 223 pages, 1000 dinars
Il est toujours difficile de
panser les blessures d’un pays meurtri par 132 ans de colonisation (dont sept
années plus que meurtrières).
L’Indépendance arrachée et les premieres
joies passées, faut-il s’étonner de voir surgir
des luttes intestines
Certains voulant s’accaparer tout ou partie(s) du pouvoir politqiue,
d’autres cherchant à profiter économiquement des « restes »
coloniaux, etc.....
La « course » (ou la
lutte, c’est selon) est encore plus visible en milieux restreints
, à l’image du village décrit par l’auteur. Ici, tout le monde connaît
tout le monde.Ici, la vie
bien que simple est vécue avec rudesse
et souvent avec une violence heureusement contenue en raison des liens
d’amitié de l’enfance ou familiaux.Bref un village à
part, un village en apparence paisible, un village uni. Il n’y avait pas de village pareil aux
alentours. Seule différence avec le passé....sans
pourtant oublier les anciennes brouilles : les villageois étaient tous
devenus citoyens , libres et égaux
L’histoire dépeinte est simple.
Une grande et belle forêt jouxte le village. Auparavant, son exploitation ou
même sa fréquentation était sévèrement contrôlée par les autorités coloniales.
Désormais, il faut « veiller » sur cette richesse. On crée donc une
garde (une milice ?) forestière chargée d’empêcher, par la force et les
armes si besoin est,
les villages environnants, de venir exploiter la forêt. Tout cela
au nom de la Révolution.....agraire !
Une démarche qui va soulever tous
les problèmes d’antan......et qui fini(ra) assez mal.....selon l’auteur.
Malgré tout, le portrait d’un
pays qui ne veut pas mourir et un hymne à la terre et à la nature !
L’Auteur : Kamel Bencheikh
est poète, nouvelliste et romancier et écrivain. Né à Sétif en Algérie, il vit
à Paris. Chroniqueur au Matin
d’Algérie. Il a publié
plusieurs livres, dont « Là
où tu me désaltères », recueil de poèmes (éditions Frantz-Fanon
2022), « L’Impasse », son dernier roman (éditions
Frantz-Fanon, 2020), « La
Reddition de l’hiver », recueil de Nouvelles (éditions Frantz-Fanon, 2019)
Il a aussi contribué aux ouvrages collectifs « La
Révolution du sourire » (Éditions Frantz Fanon, 2019) et « Les
années Boum » (Éditions Chihab,
2016), réalisé sous la direction de Mohamed Kacimi,
organisé autour de textes personnels d’auteurs ayant vécu la période
Boumediene.
Extraits : « Encore et toujours, la
guerre de libération avait profité :c’était soit
les fellahs âgés, soit légèrement éclopés, infirmes, bigleux, impotents, mais
capables de commander. On les avait réformés et pendant la guerre, ils avaient
eu le temps de relever leur exploitation, de se faire offrir un hammam ou une
boulangerie ou une boucherie, ou un commerce quelconque, d’habiller proprement
leurs femmes et leurs enfants » (p17), « Je veux un pays normal avec
des lois normales.La loi de la vie.Que
l’on puisse l’atteler comme une paire de chevaux de trait et aller avec elle là
où il faut » (p41), « Combien l’homme peut-il en faire (note :
des choses) pour nuire à sa propre personne et pour qu’il se conduise à sa
propre perte ? Il peut faire la
guerre et donner la mort à des millions de gens, lancer des bombes du haut des
avions, il peut lâcher des gaz sur autrui, un peuple peut anéantir totalement un
autre, et tout ça au cri des you-yous. C’est héroïque.Mais se faire le moindre bien à lui-même, il
ne le sait pas, l’homme » (48)
Avis :Un roman -assez engagé, pour ne pas
dire militant -qui ressemble beaucoup
plus à une longue chronique d’un temps que les jeunes ne peuvent ni ne veulent
connaître. Dommage ! Ou, tant mieux ?
Citations : « Quels que soient le
pouvoir ou l’ordre établis, ce sont les plus forts qui auront toujours le
dernier mot et ils fourreront en taule tous ceux qui osent dire un mot qui ne
leur convienne pas » (p 51), « Il n’y a déjà pas tant de biens
sur terre.Qui ne comprend
pas ce que cela vaut, ne comprend pas sa propre valeur » (p59), « Une
révolution se prépare, se programme puis s’effectue.Pour
qoui, pour qui ? Pour ne pas laisser le champ
libre à l’égoïsme. Pour que l’individu n’ait pas pas
la propriété en tête. Pour établir enfin l’égalité entre les hommes.Et celle, plus ardue chez nous, entre les femmes et
les hommes.La voici, la science de tous les
temps » (p 134), « Il n’y a rien de pire que de vivre dans la misère.Eh bien, ne pas travailler au maximum de ses forces,
c’est aussi la misère.Laisser se perdre les capacités
que nous avons tous en nous, c’est la même chose » (p137), « Pour
vivre libre, dans sa manière de se présenter aux autres et dans sa tête, il
faut s’en donner la peine de toutes les forces que l’on a , et même que l’on
n’a pas » (p 217)
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