COMMUNICATION-
PUBLICITE- DÉCRET EXÉCUTIF 23 JUILLET 2024 (JORADP N° 53)
© El Watan/M. Abdelkrim, 10
août 2024
En Algérie, le mois de Ramadhan de l’année 2024 a été
assez révélateur du degré de dérèglement du secteur de l’audiovisuel. La déferlante
publicitaire sur le petit écran avait irrité téléspectateurs et pouvoirs
publics.
Des
coupures publicitaires prolongées, d’une durée de presque 45 minutes en prime
time, ont d’ailleurs suscité la réaction, à deux reprises, de l’Autorité
nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel (Anira).
Celle-ci avait alors décidé de sanctionner les chaînes Echorouk
TV, El Hayat, El Bilad, Ennahar
TV, Samira TV et El Heddaf, tout en menaçant de
suspendre les émissions incriminées en application du décret exécutif n°16-222
du 11 août 2016. Un texte réglementaire jugé «désuet»
par des responsables de chaînes de télévision qui, en mars dernier, avaient
appelé à rendre public le nouveau cahier des charges. C’est chose faite.
Le
décret exécutif n° 24-250 du 23 juillet 2024 fixant les dispositions du cahier
des charges générales imposables aux services de communication audiovisuelle a
été publié au dernier numéro du Journal officiel (n°53). Sur le plan de la
réclame, le nouveau texte intègre la notion de placement de produit et se
penche sur le phénomène de bradage des tarifs publicitaires en annonçant un
prix minimum déterminé par l’ANIRA.
L’article
48 du décret stipule, en effet que «les messages
publicitaires sont diffusés en langues nationales et officielles (…) et peuvent
être diffusés dans une langue étrangère lorsque l’usage des marques comportant
des expressions et des mentions qui, dans une langue étrangère, sont
nécessaires, dans les génériques ou les descriptifs des produits ou services
concernés à l’intérieur du territoire national.
Le
texte stipule, en outre, que le contenu des messages publicitaires diffusés
(Art.51) doit être véridique, loyal et décent.» A ce
titre, il doit, entre autres, «respecter les valeurs
nationales, la dignité humaine ; être dénué de toute vulgarité et ne pas
contrevenir à la morale et à l’éthique générale ; dénué d’incitations à des
comportements nocifs pour la santé ou l’environnement et être dénué des scènes
de violence et de toute incitation portant atteinte à la sécurité des personnes
et des biens». Il est également stipulé (Art. 54.) qu’il est interdit de
diffuser des messages publicitaires, de parrainer ou de placer un produit ou un
programme de télé-achat relatif aux produits, services ou activités se
rapportant aux armes à feu et aux munitions ainsi qu’aux armes blanches,
notamment celles fabriquées sous forme de jouets. Idem pour les produits dont
la possession et la consommation sont interdites ou services ou activités
interdits par la législation et la réglementation en vigueur, tels que les
substances du tabac, les boissons alcoolisées et toute autre substance
spécifiée et classée nocive pour la santé.
Les tarifs de la pub fixés par l’ANIRA
La diffusion des messages publicitaires (Art.55) relatifs
aux produits pharmaceutiques et aux fournitures médicales à usage médical
humain ou ceux contenant des allégations de prévention ou de traitement des
maladies humaines ou aux compléments alimentaires est, désormais, soumise à une
autorisation préalable délivrée par les autorités compétentes. Cet article
vient ainsi conforter une revendication longtemps défendue par les praticiens
de la santé. S’agissant des interruptions publicitaires, une période d’au moins
quinze minutes doit s’écouler entre deux interruptions
successives à l’intérieur d’un même programme, selon l’article 58. Alors que le
temps consacré à la diffusion des messages publicitaires (Art. 59) ne peut
dépasser huit minutes/par heure de diffusion en sa globalité. Le décret de 2016
à six minutes par heure d’antenne en moyenne dans l’année, limite chaque
séquence de messages publicitaires à trois minutes, au maximum.
Le
présent décret donne, toutefois, dérogation aux chaînes de télévision durant le
mois de Ramadhan en portant cette durée exceptionnellement à dix minutes par
heure au maximum. Par ailleurs, dans le cadre du respect des règles de la
concurrence, de la transparence et de l’égalité entre les annonceurs, tout
service de communication audiovisuelle et/ou service de communication audiovisuelle
en ligne «est tenu d’établir une tarification des
messages et des spots publicitaires diffusés et de les communiquer aux
annonceurs», stipule l’article 65.
Il
doit, de ce fait, prendre en considération le prix minimum fixé par l’ANIRA
lors de la détermination de sa tarification du message et du spot publicitaire.
Dans le chapitre consacré au personnel des chaînes de télévision, le décret
fait obligation aux propriétaires d’employer des journalistes détenteurs de la
carte nationale de journaliste professionnel dont le nombre ne doit pas être
inférieur à la moitié de l’équipe rédactionnelle. Par ailleurs, la liste est
transmise à l’Autorité nationale indépendante de régulation de
l’audiovisuel.