POPULATION- ETUDES ET ANALYSES- ALGERIE/ DIVORCES 2023/ETUDE
ONS
Le rapport sur la
démographie en Algérie, établi par l’Office national des statistiques (ONS),
met en lumière un phénomène de plus en plus alarmant : les divorces sont en
augmentation exponentielle dans la société algérienne. S’appuyant sur les
statistiques du ministère de la Justice, le rapport fait état de 93.402 actes
de divorce délivrés durant l’an 2023, soit une moyenne d’un peu plus de 255
divorces par jour. Un nombre effarant, même si la population est en perpétuelle
augmentation. Et encore, ce nombre tient compte uniquement des données
officielles et il se pourrait qu’il soit encore plus important, si l’on
additionne les divorces prononcés dans les milieux ruraux (en général des répudiations)
et acceptés par l’autre partie, sans que la justice soit saisie ou informée.
Pour comprendre la valeur d’un nombre, rien de mieux que de le comparer avec
d’autres nombres, plus exactement avec ceux des divorces dans les années
précédentes. Au jeu des comparaisons, le verdict est implacable : c’est plus
(ou pire, devraiton dire) que par le passé. Il est
même plus judicieux d’affirmer qu’à une exception près (celle de 2015), cela
empire un peu plus chaque année. En se référant juste aux dix dernières années,
les chiffres sont éloquents : 60.844 divorces en 2014 ; 59.909 en 2015 ; 62.128
en 2016 ; 65.637 en 2017 ; 65.690 en 2018 ; 65.967 en 2019 ; 66.791 en 2020 ;
76.201 en 2021 ; 84.072 en 2022 ; et enfin 93.402 divorces en 2023. Le nombre
n’a cessé d’augmenter. Certains diront que c’est normal que le nombre de divorces
augmente au fil des années, puisque la population croît, elle aussi, à la même
période. Cependant, les statistiques de l’ONS démontrent que, quand bien même
la population connaît un accroissement continu, le taux de divorces annuel par
rapport à la population de l’an en question (appelé taux brut de divortialité)
croît encore davantage. Ainsi, sur les cinq ans inclus entre 2019 et 2023, et à
l’exception de l’an 2020 où le taux a légèrement reculé à 1,51%, le taux est
passé de 1,52 ‰ à 2,02 ‰. C’est dire que le taux d’augmentation du nombre de
divorces dépasse le taux d’augmentation de la population.
Autre donnée
éloquente : si l’on calcule le pourcentage de divorces annuel par rapport au
nombre de mariages enregistrés dans la même année, les taux sont encore plus
marquants. Ainsi, le taux est passé de 15,75% en 2014 à 33,52% en 2023. Le
pourcentage du nombre divorces par rapport au nombre de mariages a donc plus
que doublé en 10 ans, atteignant 33,52%, soit plus d’un tiers du nombre de
mariages enregistrés en 2023. L’augmentation est donc exponentielle depuis de
nombreuses années, du moins depuis 2005, année où l’ONS a inclus les données de
divorces dans ses rapports détaillés sur la démographie. Ce qui intrigue dans
ces données, c’est qu’à un certain moment, soit entre 2017 et 2020,
l’augmentation annuelle se comptait par centaines seulement, mais elle est
passée directement à une… dizaine de milliers à partir de 2021. Comble de
l’ironie : même en 2020 et 2021, marquées par les affres de la Covid-19 et les
centaines de victimes qu’elle a emportées, des couples n’ont pas «oublié» de divorcer, comme s’il s’agissait d’une priorité
vitale. Pis : c’est en 2021, année de Covid-19, que le nombre de divorces a
bondi, par rapport à l’an précédent, de près de 10.000 ! Cela dénote qu’il
s’agit bel et bien d’un grave phénomène sociétal. Si le rapport de l’ONS sur la
démographie a révélé, pour le plus grand bonheur de tous, l’augmentation du
taux d’espérance de vie à la naissance, qui a atteint une moyenne de 79,6 ans (dans
le détail, le taux est de 78,2 ans pour les hommes et 81 ans chez les femmes),
il révèle aussi, malheureusement, que «l’espérance de
vie» des couples est en net recul.