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Algérie/Divorces 2023 /Etude Ons

Date de création: 26-07-2024 17:59
Dernière mise à jour: 26-07-2024 17:59
Lu: 57 fois


POPULATION- ETUDES ET ANALYSES- ALGERIE/ DIVORCES 2023/ETUDE ONS

Le rapport sur la démographie en Algérie, établi par l’Office national des statistiques (ONS), met en lumière un phénomène de plus en plus alarmant : les divorces sont en augmentation exponentielle dans la société algérienne. S’appuyant sur les statistiques du ministère de la Justice, le rapport fait état de 93.402 actes de divorce délivrés durant l’an 2023, soit une moyenne d’un peu plus de 255 divorces par jour. Un nombre effarant, même si la population est en perpétuelle augmentation. Et encore, ce nombre tient compte uniquement des données officielles et il se pourrait qu’il soit encore plus important, si l’on additionne les divorces prononcés dans les milieux ruraux (en général des répudiations) et acceptés par l’autre partie, sans que la justice soit saisie ou informée. Pour comprendre la valeur d’un nombre, rien de mieux que de le comparer avec d’autres nombres, plus exactement avec ceux des divorces dans les années précédentes. Au jeu des comparaisons, le verdict est implacable : c’est plus (ou pire, devraiton dire) que par le passé. Il est même plus judicieux d’affirmer qu’à une exception près (celle de 2015), cela empire un peu plus chaque année. En se référant juste aux dix dernières années, les chiffres sont éloquents : 60.844 divorces en 2014 ; 59.909 en 2015 ; 62.128 en 2016 ; 65.637 en 2017 ; 65.690 en 2018 ; 65.967 en 2019 ; 66.791 en 2020 ; 76.201 en 2021 ; 84.072 en 2022 ; et enfin 93.402 divorces en 2023. Le nombre n’a cessé d’augmenter. Certains diront que c’est normal que le nombre de divorces augmente au fil des années, puisque la population croît, elle aussi, à la même période. Cependant, les statistiques de l’ONS démontrent que, quand bien même la population connaît un accroissement continu, le taux de divorces annuel par rapport à la population de l’an en question (appelé taux brut de divortialité) croît encore davantage. Ainsi, sur les cinq ans inclus entre 2019 et 2023, et à l’exception de l’an 2020 où le taux a légèrement reculé à 1,51%, le taux est passé de 1,52 ‰ à 2,02 ‰. C’est dire que le taux d’augmentation du nombre de divorces dépasse le taux d’augmentation de la population.

Autre donnée éloquente : si l’on calcule le pourcentage de divorces annuel par rapport au nombre de mariages enregistrés dans la même année, les taux sont encore plus marquants. Ainsi, le taux est passé de 15,75% en 2014 à 33,52% en 2023. Le pourcentage du nombre divorces par rapport au nombre de mariages a donc plus que doublé en 10 ans, atteignant 33,52%, soit plus d’un tiers du nombre de mariages enregistrés en 2023. L’augmentation est donc exponentielle depuis de nombreuses années, du moins depuis 2005, année où l’ONS a inclus les données de divorces dans ses rapports détaillés sur la démographie. Ce qui intrigue dans ces données, c’est qu’à un certain moment, soit entre 2017 et 2020, l’augmentation annuelle se comptait par centaines seulement, mais elle est passée directement à une… dizaine de milliers à partir de 2021. Comble de l’ironie : même en 2020 et 2021, marquées par les affres de la Covid-19 et les centaines de victimes qu’elle a emportées, des couples n’ont pas «oublié» de divorcer, comme s’il s’agissait d’une priorité vitale. Pis : c’est en 2021, année de Covid-19, que le nombre de divorces a bondi, par rapport à l’an précédent, de près de 10.000 ! Cela dénote qu’il s’agit bel et bien d’un grave phénomène sociétal. Si le rapport de l’ONS sur la démographie a révélé, pour le plus grand bonheur de tous, l’augmentation du taux d’espérance de vie à la naissance, qui a atteint une moyenne de 79,6 ans (dans le détail, le taux est de 78,2 ans pour les hommes et 81 ans chez les femmes), il révèle aussi, malheureusement, que «l’espérance de vie» des couples est en net recul.