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Groupe Cma/Cgm/Bfm et Rmc France (juillet 2024)

Date de création: 07-07-2024 18:14
Dernière mise à jour: 07-07-2024 18:14
Lu: 69 fois


COMMUNICATION – ETRANGER- GROUPE CMA CGM/BFM ET RMC FRANCE , JUILLET 2024

© https://www.actu-transport-logistique.fr/Eline Descamps, 2 juillet 2024

 

L’acquisition d’Altice Média, propriétaire de BFM et RMC, par le groupe de transport et logistique CMA CGM a été finalisée ce 2 juillet (2024) . Le troisième armateur de porte-conteneurs, déjà propriétaire du groupe La Provence, de La Tribune et actionnaire de M6 et de Brut, acquiert une assise dans la presse de nature à bousculer le paysage médiatique français.

Si l’audition le 6 juin de Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, par les membres du collège de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), n’a pas apporté de réponse convaincante sur les raisons qui poussaient un grand groupe de transport et de logistique à se positionner dans les médias, les arguments exposés ont suffi au régulateur de l’audiovisuel pour accorder son blanc-seing à la cession d’Altice Média.

Annoncé mi-mars, le rachat de la filiale du groupe Altice de l'homme d'affaires Patrick Drahi a reçu le 28 juin le feu vert de l'Arcom et de l'Autorité de la concurrence. CMA CGM annonce ce 2 juillet la finalisation de la transaction qui lui permet de mettre la main sur le troisième groupe privé de médias en France et leader hexagonal de l’information en continu jusqu'en avril avec les marques BFM, RMC Découverte, RMC Story, deux services de télévision conventionnés (BFM Business, BFM TV), dix chaînes de télévision locales (BFM Régions) et trois radios (RMC, BFM Business, BFM Radio).

CMA Média – qui compte déjà La Provence et Corse Matin (acquis en octobre 2022), La Tribune (mai 2023), qui a essaimé avec un titre du 7e jour, La Tribune Dimanche, alternative à un JDD « bollorisé », ainsi que des participations dans le capital de M6 (10 %) et le média en ligne Brut (15 %) –, étoffe son audience avec 12 millions de téléspectateurs quotidiens et 3 millions d’auditeurs revendiqués.

Montage provisoire

Selon le mode opératoire initialement envisagé, la maison-mère Altice France devait céder sa filiale à une société (dénommée provisoirement AudiovisualCo), codétenue par le groupe CMA CGM (à hauteur de 80 %) et par Merit France Investissements (20 %), chacune étant contrôlée par la holding de la famille Saadé (Merit France).
Le montant de la transaction n’est pas mentionné dans le très bref communiqué diffusé par l'acquéreur mais lors de l’annonce de la promesse d’achat, il était question de 1,55 Md€.

Les actifs médias du transporteur ont été placés jusqu'à présent sous le chapeau de CMA média, présidé par Véronique Saadé (l’épouse de Rodolphe Saadé), rejoint en mai par Nicolas de Tavernost en tant que vice-président. Le DG de M6 de 2000 à 2024, à l’origine du succès de la « petite chaîne qui est montée », est chargé de la stratégie d'investissement.

Les activités médias du groupe CMA CGM devraient être dissociées. Au sein d’une entité baptisée MediaCo, les titres de presse seraient placés dans une société baptisée NewspressCo (nouvelle dénomination de WhyNot Media SAS, qui chapeautait jusqu’à présent les titres de presse écrite, La Tribune, La Provence, Corse Matin), tandis BFM, RMC et consorts d'Altice Médias seraient versés dans AudiovisualCo.

Arthur Dreyfuss, l'actuel directeur général d’Altice Media et proche de Patrick Drahi, ne poursuivra pas l'aventure sous pavillon de CMA CGM, a précisé le groupe en fin de journée dans un communiqué distinct (cf. plus bas).

Profession de foi de non-ingérence

Lors de son audition, Rodolphe Saadé avait tenu le siège pour rassurer sur sa non-ingérence éditoriale et noyer le souvenir d’un fâcheux incident intervenu le 22 mars, qui avait mis en grève plusieurs titres de son pôle médias et généré une défiance sur la protection des journalistes à l'égard de toute forme de pression.

L’industriel avait alors indiqué au régulateur qu’une « charte d'indépendance éditoriale et de déontologie » était en négociation pour chacune des rédactions de La Provence tandis que devait être créé un « comité d'indépendance éditoriale et de déontologie », composé de trois personnalités extérieures reconnues pour leur indépendance et leur expertise des médias.

En négociation lors de l’audition, la charte a depuis été signée, le 27 juin, par la présidente du conseil d'administration de La Provence, le directeur général du groupe et les syndicats de journalistes. Elle prévoit notamment un vote de la rédaction sur le projet éditorial dans le cas de la nomination d'un nouveau directeur de la rédaction. Le préambule précise par ailleurs que le journal régional garantit à ses lecteurs « une couverture de l'actualité vérifiée, impartiale, nuancée et indépendante de tout intérêt politique, économique, culturel ou personnel ».

Lors de l’acquisition de La Tribune et de la promesse d'achat d'Altice Média, Rodolphe Saadé s’était engagé à préserver les dispositifs similaires déjà en vigueur.

Pour quelles ambitions ?

Sondé par les représentants nationaux sur ses intentions de puissant industriel qu’il est devenu avec ses « milliards de bénéfices », le patron du troisième armateur mondial avait évacué la question en faisant part de sa préoccupation immédiate : « permettre à BFM de redevenir la première chaîne d’information ».

En mai et en juin, la chaîne dirigée par Marc-Olivier Fogiel a été détrônée de sa première place par CNews (3,5 % de part d'audience contre 3,4 % pour BFMTV), le média d’opinion conservateur de Vincent Bolloré (groupe Vivendi).

Des conditions au laissez-passer

En autorisant le rachat par CMA CGM vendredi dernier, l'autorité de la concurrence l'avait, elle, subordonné son feu vert au respect d'engagements, concernant le marché publicitaire dans le sud de la France, où CMA CGM possède La Provence et BFM Paca.

Dans le cadre du laisser-passer de l'Arcom, alors que BFMTV postule au renouvellement de sa fréquence TNT (télévision numérique terrestre), deux chaînes locales, BFM Lyon et BFM Alsace, doivent cesser d'émettre sur la TNT pour migrer en ligne. Leurs autorisations datent de 2021 et 2023. Or, la loi interdit de céder une chaîne dans les cinq ans qui suivent l'attribution de leur fréquence TNT.

Des chaînes en perte

Avec cette opération, le nouvel homme fort des médias, à l'irruption éclair dans le récalcitrant secteur de la presse, renforce significativement sa présence radio/TV/presse dans certaines zones.

Mais si BFM TV, RMC Découverte et RMC Story sont bénéficiaires (de 15 M€) depuis 2021, les chaînes locales sont toujours en pertes (- 14,2 M€ en 2021 et – 7,6 M€ en 2022). Les trois chaînes nationales gratuites ont réalisé en 2022 (dernières données obtenues) un chiffre d’affaires publicitaire de 152 M€, soit 6 % du total des chaînes privées gratuites nationales.