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Elections/ Communication/ Entretien B. A.Djaballah/Horizons (quotidien)

Date de création: 26-06-2024 18:06
Dernière mise à jour: 26-06-2024 18:07
Lu: 93 fois


VIE POLITIQUE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- ELECTIONS/ COMMUNICATION/ENTRETIEN B. A-DJABALLAH/HORIZONS (QUOTIDIEN)

Entretien réalisé par Assia Boucetta/Horizons, lundi 24 juin 2024

 BELKACEM AHCÈNE-DJABALLAH, ANCIEN PROFESSEUR ASSOCIÉ DES UNIVERSITÉS : «Le plus grand danger vient du phénomène des fake news»

Fort de son expertise et de son expérience académique, Belkacem Ahcène-Djaballah, ancien professeur associé des universités, nous éclaire dans cet entretien sur le rôle crucial que jouent les médias pendant les élections, les défis qu'ils rencontrent, ainsi que les responsabilités éthiques des journalistes. Il aborde également l'impact croissant des réseaux sociaux par rapport à la presse traditionnelle et les mesures nécessaires pour lutter contre la désinformation.

Quel rôle jouent les médias lors d’une opération électorale ? : Un rôle de plus en plus important, tout particulièrement avec les bouleversements technologiques dans le domaine de l’information intervenus à partir des années 1970, avec une communication interpersonnelle très rapide et très directe. Elle a «zappé» la communication collective ou de groupe. Auparavant, on avait, lors de campagnes électorales, des meetings «sous les préaux» des écoles ou dans des salles. Cela existe encore, mais elles apparaissent de moins en moins «rentables».

Alors, comment ces médias influencentils l'opinion publique pendant une campagne électorale:Il n’est pas très évident que les médias soient influents à 100% sur les choix électoraux des citoyens, car en général, tout particulièrement lors des grands choix, comme une élection présidentielle, les électeurs partent aux urnes déjà convaincus et sûrs de leur choix. Mais ce n’est pas garanti à 100%. La marge d’incertitude est alors gouvernée par l’émotion qui peut être plus ou moins grande et dans certains cas de concurrence étroite, faire basculer les résultats. C’est donc à ce niveau que les médias, dont aujourd’hui les réseaux sociaux, sont les plus influents, tout particulièrement les médias dont les contenus sont basés sur l’info de proximité et le sensationnel.

Quels sont les principaux défis auxquels les médias sont confrontés pour assurer une couverture équitable et impartiale des élections ? :La rétention de l’information ou son incomplétude, le danger des fake news diffusées tout particulièrement par les réseaux sociaux qui n’ont rien à voir avec le journalisme vrai et qui parfois, sinon souvent, sont produites par des agents externes hostiles au pays ou à un candidat.

Justement, quel serait l'impact des réseaux sociaux par rapport à la presse traditionnelle dans le cadre d’une opération électorale ? :De plus en plus important, car malgré toutes les réglementations et les régulations, il y a toujours une bonne part incontrôlée et difficilement contrôlable. Bien sûr, il y a des moyens juridiques et technologiques de blocage de la diffusion, nationaux et internationaux, mais il y a toujours un pourcentage qui échappe et vient polluer le paysage. L’impact peut donc être assez important tout particulièrement dans une société fragilisée par des querelles intestines ou par des drames sociétaux importants. Heureusement, nous n’en sommes plus là, mais il faut tout de même faire attention car un certain environnement proche ou lointain nous est hostile

 Les médias doivent donc prendre des mesures pour lutter contre la désinformation pendant les périodes électorales ?: A mon avis, pour contrer les impacts néfastes, il faut reconsidérer le rôle des médias traditionnels lors d’opérations électorales ainsi que celui du journaliste en leur laissant beaucoup plus de liberté d’action, d’imagination et d’intervention toujours, bien sûr, dans le strict respect des règles éthiques et déontologiques du métier de journaliste. Voilà un nouveau créneau de recherche universitaire à défricher. Difficile tant il est vrai que les sciences politiques ont été, chez nous tout particulièrement, abandonnées et laissées entre les mains de «politologues» plus politiciens et partisans que politistes.

 Comment la désinformation et les fausses nouvelles peuvent affecter le processus électoral ? :Il y a beaucoup plus à craindre le phénomène de la non-participation au scrutin (qui est la résultante de deux causes : soit un boycott qui est une attitude politique, soit une abstention qui est un comportement social, ce qui est dommageable, car tout candidat, et c’est assez normal, est à la recherche de la légitimité populaire la plus large.

 Quels types de pressions extérieures les médias peuvent-ils rencontrer pendant une campagne électorale et comment doivent-ils y faire face ?: Actuellement et de plus en plus, le plus grand danger vient du phénomène des «fake news» et pour y faire face, il n’y a que la réponse rapide, publique, c’est-à-dire touchant le public le plus large possible et surtout complète en données et informations.

Il y a aussi les responsabilités éthiques des journalistes ?:  D’abord et avant tout, l’exactitude des faits rapportés et ensuite ne pas mélanger les faits et le commentaire. Bien sûr, durant une campagne, dans le cadre de la réglementation existante, «couvrir» les hommes et les événements de manière équitable.

Se pose aussi la question de savoir comment les différents canaux d’information peuvent-ils contribuer à une participation électorale plus élevée ?:  En ne comptant ni son temps, ni ses efforts, ni ses sous. Et surtout ne pas tomber dans les pièges tendus par la politique-spectacle, celle de candidats ou de candidats à la candidature en posture d'acteurs comme sur une scène de théâtre, les réalités devant prendre le dessus sur l’émotionnel. Tout cela dans l’intérêt du pays et de son avenir, et non dans celui des candidats.