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Roman Abdelaziz Otmani - "Sîn, la lune en miettes"

Date de création: 23-06-2024 20:41
Dernière mise à jour: 23-06-2024 20:41
Lu: 99 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN ABDELAZIZ OTMANI- «  SÎN, LA LUNE EN MIETTES »

Sîn, la lune en miettes. Roman de Abdelaziz Otmani. Casbah Editions, Alger 2023, 491 pages, 1 800 dinars

 Un univers  captivant. Puisé des premiers récits mésopotamiens tels que l'Épopée de Gilgamesh et les récits de l'Antiquité nord-africaine. Avec un tourbillon de prénoms ,donnés aux acteurs, qui  ne sont pas familiers à la sphère algérienne, ni connus dans l'espace maghrébin.

 

Après Ziusudra,  dernier roi d'avant le déluge, de  nombreuses générations vivent et prospèrent après lui, jusqu'à ce que Bahâa, porteuse du futur dirigeant, mette au monde des jumeaux. Or, il est de coutume que les doubles soient offerts en holocauste au feu, sous le regard fervent de la foule. Et , c’est à ce moment qu'intervient Elibaâl, prêtre d'un temple de la cité d'Ur-sag, et lui-même descendant de Ziusudra, pour sauver un des deux enfants des flammes. Il le confie à une tribu lointaine.

 

 Loin de sa terre natale et des intrigues entre divinités mineures, Hevél , l’Amnukal, qui sera le premier prophète après le déluge, celui qui va enseigner d’aimer son prochain, va  aller  quêter  son origine et le secret qui l'unit à un étrange animal , un « shadhawar »-ni gazelle, ni licorne et carnassière de plus - nommé Sîn qui l'accompagne depuis sa naissance. Un ange gardien sur pattes.En fait, le divin Sin  avait erré sur terre, jusqu’au jour où il pénétra de son âme l’enveloppe de l’enfant alors voué aux flammes destructrices .Il l’empêcha d’être consommé par le feu et lui transmet sa sagesse. Sin est un dieu de la lune , de la lumière et de la connaissance, grand dans sa compassion et sa miséricorde....

 

Hevél et ses fidèles  compagnons vont cheminer dans une nation en plein bouleversement, alors qu'un culte nouveau clame avec fracas la fin du monde connu.

 

L’Auteur : à Boufarik en 1990. Cursus universitaire littéraire en France. Enseignant (en Algérie) de littérature francophone. Passionné d’archéologie et d’anthropologie. Séjour au Vénézuéla. Retour en Algérie en 2018. Gère un espace d’enseignement artistique, animant des ateliers d’écriture....puis repart en France.

Extraits : Il (note : Hével, le personnage central) comprit à cet instant que Sîn n’était pas eulement son compagnon et ceci lui sembla comme une évidence, non pas une révélation, mais comme une réalité enfouie au fond de lui depuis toujours.Il plongea ses yeux dans ceux de l’animal et vit pour la première fois sa propre âme s ’animer à l’intérieur » (p79), « Il était inimaginable pour une femme, d’aller à Kilugal la nuque nue, qu’on la prendrait pour une prostituée. Samuramat refusait catégoriquement de lâcher ses cheveux, arguant que les hommes n’avaient qu’à être moins vicieux dans ce pays »  (p 133) , « Tout ce que vous savez faire, vous, du temple, c’est de porter des robes et dessiner des traits dans l’argile. Dès qu’il s’agit de tenir une arme, il n’y a plus personne.Ce n’est pas comme ça qu’on défend un pays, mon petit, il faut de la force et de la volonté » (p150), « Les hommes ont besoin d’un guide qui se sente concerné par leur malheur et leur souffrance, pas d’un chef de guerre.Bien des hommes savent manier le glaive et la lance, Kilugal en compte  plein, mais peu d’entre eux s’épuiseraient  à rendre leur peuple heureux » (p 357)

 

Avis : Ouvrage très bien structuré. Avec une histoire qui remonte à loin, à très loin (trop loin ?) . Un long (trop long ?) voyage......à s’y perdre.

 

Citations : « Un moyen de combattre efficacement l’usurpateur sans lui mener la guerre (.....).C’est simple, le moyen le plus efficace serait de réduire les injustices (...).Il procède au recrutement parmi les esclaves, les mercenaires et les ignorants en leur promettant liberté, justice et fortune. Il se sert de ce discours pour diviser et semer le chaos » (p 200), « La guerre, voilà ce qui provient  de l’humain, la guerre, la misère et la désolation.l’Homme aime cela.Cela lui permet  d’étaler sa force et d’accéder facilement au pouvoir et à la gloire. Il n’y a que le mal qui anime le cœur des hommes, le mal qu’ils cherchent à raisonner, à justifier, à vêtir d’une noble cause.Mais la guerre, le meurtre et la désolation ne détiennent aucune noblesse en elles » (p 461)