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Roman Laure Ramenah-

Date de création: 16-06-2024 19:29
Dernière mise à jour: 19-06-2024 17:36
Lu: 118 fois


POPULATION- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN LAURE RAMENAH- « LE POT DE DÉPART »

 

Le pot de départ. Roman de  Laure Ramenah. Casbah  Editions, Alger 2023, 206 pages, 1000 dinars

 

L’histoire est toute simple....ce qui facilite amplement la lecture et la compréhension. Mansour Malassoud vit en France depuis plus de quarante ans  et l’heure de sa retraite  (de travailleur et de syndicaliste apprécié tant par collègues que par son employeur). Avant de lui dire au revoir, ses collègues lui organisent une petite fête. La chanson Ya Rayah, revisitée par Rachid Taha, égrène ses notes chaâbi dans une ambiance festive. Un cadeau est offert à Mansour : une réservation pour deux personnes en direction de l’Algérie.Apprécié aussi par l’environnement indigène (dont les abonnés du  bar du coin)   . A l’aise matériellement. Un homme tranquille , quoi !car sans histoires. Même son histoire d’amour avec une de ses collègues, Marie-Andrée, une européenne ,  est tranquille et............. sans histoires . Si, peut-être une demande en mariage qui tarde.  Son  père, lui aussi émigré de la première heure, est dans une maison de retraite attendant tranquillement son heure.Ses deux grands enfants, issus d’un premier mariage sont indépendants, .....bien loins de lui et cela lui manque. Mansour a eu deux enfants avec Fadela, son ex-femme (décédée depuis peu) dont il a divorcé il y a très longtemps. Il n’a pas vu grandir sa fille Leila (installée aux Usa) et son fils Younès (qui « file » du mauvais coton) . La culpabilité de les avoir abandonnés le ronge insidieusement et pèse lourdement sur ses épaules.

Bref, une histoire que l’on peut trouver  banale....sauf. Sauf que malgré ses nouvelles occupations (formateur bénévole en langue française auprès de nouveaux émigrés) , ses nouvelles amitiés (un voisin plus âgé, Smadja ) , un lien retissé avec ses enfants et son petit-fils, et le projet de mariage avec son amie , il lui manque quelque chose.....quelque chose qu’il avait mis de côté durant quatre décennies et que le déçès du père, Jibril,  a réveillé.....Le besoin d’Algérie. Pour se retrouver (il se remet d’ailleurs à faire la prière)  et, surtout, me semble-t-il, pour retrouver ses racines...et pour ne plus sentir dépossédé de son identité profonde. Algérien un jour, Algérien toujours !

 

 

L’Auteure :Psychologue et psychanalyste française. A vécu trois années de sopn enfance en Algérie après l’Indépendance, ayant accompagné ses parents.

 

Extraits : « La vieillesse était l’âge de la tendresse , de la réconciliation et du pardon qui ,seuls, pouvaient la justifier. Il notait , entre autres choses, que rien n’était donné.Chaque jour, tout recommencer » (p 39), « Son ambition en France était d’être à sa place, pas autre chose. De déplacé, il devait se replacer.Pour lui, cette question était vitale , il avait un besoin de s’enraciner, de croître, en hauteur, de s’élancer.Pas de se répandre »  (p 56), « Être à sa place dans ce pays, qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? Être un bon travailleur, ne pas parler arabe, ne pas parler de religion, ne pas épouser une Française ? (p 56), « L’arabe me reste comme la langue de la discorde, du secret, c’est la langue de l’enfant qui se cachait sous la table..... C’est la langue de l’absent, mais aussi de l’amour » (p 197)

 

Avis : Un roman sur l’exil, l’identité, la vieillesse, les liens père-enfants. Un roman assez « gentil », parcourue par une tendresse infinie autour d’une famille qui s’est « répandue » (en exil) puis s’est retrouvée

Citations : « La fierté , c’était autre chose, comme un don de vie, une fulgurance qui vous certifiait être un humain » (p 61), « Le mariage, on ne plaisante pas avec ça ! Ce n’est pas oui, et puis non, et puis peut-être, c’est une prise de risque qui demande de la force » (p120), « Ambitieux, c’est se voir réussir quelque chose.....c’est le désir de s’élever , de réaliser ses rêves » (150)

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