SANTE- TABAGISME- SITUATION
TABAGISME 2024
L
e tabac a le
plus fort potentiel addictif parmi les substances psychoactives, devant l’héroïne,
l’alcool et la cocaïne, selon le Dr Benarrache,
maître-assistante en psychiatrie à l’EHS Drid-Hocine
d’Alger (8 juin 2024) . La dépendance vis-à-vis des
substances psychoactives est le produit de mécanismes adaptatifs du cerveau
face à l’action des psychotropes. L’addiction n’est pas due à une absence de
volonté mais à une altération des mécanismes d’apprentissage cérébraux qui
influencent les processus de motivation et de prise de décision. Cela explique
la difficulté des personnes concernées à contrôler ou à interrompre leurs
comportements de consommation. La dépendance au tabac est en partie due aux
effets de la nicotine sur le cerveau, plus particulièrement sur la partie
appelée système de récompense, une structure impliquée également avec les autres
drogues. «Elle fait partie de ce que l’on appelle le
cerveau reptilien qui renforce les comportements vitaux tels que le
comportement alimentaire ou sexuel», a-telle expliqué. La spécialiste fait
savoir que l’intervention du psychologue ou du psychiatre consiste d’abord à
bien comprendre les dépendances d’un fumeur ayant des difficultés d’arrêt. La
motivation comportementale commence par une question : dans quel stade du
processus de changement de comportement se trouve le patient ? Selon elle,
l’intervention médicale doit être adaptée à la phase pour favoriser la prise de
conscience des problèmes de l’addiction aux tabacs et d’établir un cadre
thérapeutique collaboratif pour aider le fumeur à s’en sortir. Le Dr Benarrache met aussi l’accent sur la nécessité de respecter
les étapes de sevrage. L’arrêt brutal ou la réduction de la consommation de
nicotine entraîne, dans les 24 heures, insomnie, irritabilité, frustration,
colère, anxiété, difficultés de concentration, fébrilité, diminution du rythme
cardiaque, augmentation de l’appétit et prise de poids. Selon elle, le conseil
minimal consiste à évaluer la motivation à l’arrêt et à encourager le jeune à
envisager l’arrêt. Tout adulte ayant une mission éducative peut appliquer le
conseil minimal d’aide à l’arrêt du tabac. «Simple,
rapide et efficace, la méthode consiste à évaluer la motivation à l’arrêt et à
encourager les tentatives d’arrêt. Les praticiens doivent comprendre qu’un
fumeur qui ne parvient pas à arrêter ne manque pas de volonté, mais est freiné
par la dépendance», a-t-elle conclu.
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Selon le Pr Ghania Brahimi, cheffe du service épidémiologie au CHU Issad-Hassani de Beni Messous, la
prévalence des fumeurs est estimée à 17,4% chez les garçons et à 2,6% chez les
filles chez la population âgée de 13 à 15 ans et à 21,8% chez les adultes.
Qualifié par l’OMS de pandémie, le tabac est la première cause de mort
évitable, surtout chez les jeunes, selon un rapport de l’organisation. Selon
elle, 46% des fumeurs avaient une forte dépendance en 2008 et 41% en 2019. Elle
a également fait savoir que 53,40% des fumeurs consomment du tabac même pendant
les heures de travail et 31% n’avaient aucune intention d’arrêter de fumer. La
spécialiste a aussi révélé que le taux de cigarettes fumées par jour a augmenté
de 55,2 % entre 2008 et 2019. L’épidémiologiste plaide pour le renforcement de
l’application des textes législatifs qui interdisent de fumer dans les espaces
publics. «Même l’interdiction de fumer à l’intérieur
des hôpitaux n’est pas respectée», a-t-elle déploré. Le Pr Brahimi lance un
appel aux autorités pour doter les services d’aide au sevrage en moyens et
former des équipes spécialisées. «A cet effet, le
soutien actif aux fumeurs lors du sevrage, la thérapeutique d’accompagnement
dans l’arrêt du tabac, la consultation de tabacologie sont des éléments
fondamentaux», a-t-elle poursuivi. Pour le Pr Mohamed Chetibi,
chef de service en cardiologie au CHU Beni Messous,
la cigarette tue plus de 50% des patients atteints de maladies
cardiovasculaires. «Le meilleur moyen d’éviter ces
décès précoces, surtout chez les jeunes patients, est d’arrêter de fumer»,
a-t-il lancé.