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Famille Larribère (Oran) (Complément)

Date de création: 11-06-2024 19:16
Dernière mise à jour: 11-06-2024 19:16
Lu: 95 fois


HISTOIRE- PERSONNALITES-  FAMILLE LARRIBERE (ORAN) (Complément)

 

© Omar Bessaoud et Hassan Remaoun (Universitaires)

 

Aline, qui est la plus jeune des filles du docteur Jean-Marie Larribère (91 ans) vient de décéder à Fontenay-sous-Bois, en France, où elle habitait depuis sa sortie des prisons coloniales, en 1962, et où elle a été inhumée le 10 juin 2024  à 11h.
Les grands-parents, instituteurs républicains et socialistes à Sidi Bel Abbès, avant de déménager au centre-ville à Oran, devenus communistes après 1920, auront deux fils médecins, connus pour leur engagement communiste et pour la cause nationale, activant dans le social et, comme leur père, dans le militantisme communiste, aussi bien en France qu’en Algérie. Le cadet, Camille (1895-1975), très combatif, finira sa vie à Sig, dans l’Ouest algérien. Le docteur Jean-Marie, l’aîné, médecin-gynécologue, a été le premier à introduire la technique de l’accouchement sans douleur. Il a exercé en tant que chef du service de gynécologie et maternité du futur Centre hospitalo-universitaire d’Oran, non loin de la Ville Nouvelle, et ce tout en gérant une petite clinique privée, sise à la Rue d’Arzew (aujourd’hui Ben M’hidi), avant de la déménager du côté du Front de mer. A la suite de son décès au lendemain de l’Indépendance nationale, cette clinique porte toujours son nom à Oran, en hommage à son engagement aux côtés de tous les militants de l’Indépendance. Les frères Larribère étaient connus pour leur activisme dans les réseaux de soutien au Parti communiste algérien (PCA), puis au FLN, durant la Guerre de libération nationale. Les cinq filles de Jean-Marie s’inscriront tout naturellement dans la tradition familiale, en adhérant au militantisme communiste, via l’Union des femmes démocrates, la presse proche du PCA et les activités sociales, les grèves syndicales et manifestations politiques. L’aînée Lucie (ou Lucette) deviendra l’épouse du dirigeant communiste algérien Bachir Hadj Ali et Suzanne (médecin comme son père) se mariera avec un dirigeant communiste, Abdelkrim Benabdallah, originaire de Tlemcen et membre fondateur du Parti communiste marocain. Membre actif des réseaux de résistance anticoloniaux au Maroc, il sera lâchement assassiné en 1956, en présence de Suzanne. Aline, qui vient de décéder, a connu les prisons coloniales d’où elle ne sortira pas indemne (elle aura traîné ses traumatismes jusqu’à la fin de sa vie), et ce à la suite des sévices qu’elle aura subis. Son époux Emile Schoukroun, grande figure du militantisme à Oran, évoqué récemment dans les dernières mémoires de Tsouria, s’engagea dans les rangs des Combattants de la libération dans les maquis de Tlemcen ; il fut lui aussi arrêté, torturé et lourdement condamné par les autorités coloniales. Ami proche du célèbre architecte Oscar Niemer, il nous a quittés tout récemment, en 2018. Toutes les filles Larribère, Simone, membre de la cellule de Fernand Yveton, Paulette et son mari, de même qu’Aline comme d’autres Oranaises connaîtront les poursuites ou l’emprisonnement (Gaby Gimenez ou Joséphine Carmona...) durant la Guerre de libération nationale. L’une des filles, Paulette, étudiante en médecine, devait même accoucher en prison. Aline, qui fut emprisonnée, a été ensuite transférée dans des pénitenciers en France, où elle subit des traumatismes dont elle ne s’en est jamais remise. Les Oranais, en particulier, et les Algériens, en général, qui vivent dans une Algérie indépendante sauront garder en mémoire les engagements et l’action de cette authentique famille de résistants. Que tous reposent en paix !

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 © Walid Mebarek/El Watn, 1 juin 2024

 

 Aline Larribère, 91 ans, épouse Schecroun, est décédée le 30 mai 2024 en France. Plus jeune des cinq filles Larribère engagées dans la lutte algérienne à Oran, suivant les traces de son père le docteur Jean-Marie Larribère, elle était la survivante d’une famille oranaise qui a aimé et beaucoup donné pour l’Algérie. 

La défunte devait être inhumée lundi 10 juin au cimetière de Fontenay-sous-Bois où elle vivait depuis sa sortie de la prison coloniale en 1962. Aline Larribère s’est engagée au Parti communiste algérien à l’âge de 17 ans, au moment de la grève des dockers d’Oran (1953). Elle y était aux côtés de son père qui avait participé activement aux manifestations syndicales en solidarité avec le mouvement indépendantiste. 

Le mot d’ordre était de refuser de charger les bateaux en partance pour l’Indochine. Le docteur Larribère avait été interpellé et enfermé plusieurs jours. Avec sa sœur Paulette, la militante Aline Larribère avait, quant à elle, été arrêtée, en même temps qu’Emile Schecroun, son époux, militant du PCA, en septembre 1956 lors du démantèlement du maquis de Tlemcen dans les sinistres «caves du Trésor d’Oran». Emile fut torturé pendant trois jours et trois nuits en présence d’Aline. Ils ont été emprisonnés dans de terribles conditions jusqu’à l’indépendance. 


LA CLINIQUE LARRIBERE DÉBAPTISÉE

Ironie du sort, en 2017, la clinique Larribère, qui avait conservé un nom chargé de gloire, après l’indépendance, avait été débaptisée. Une alerte avait été alors lancée par l’Association féministe pour l’épanouissement de la personne et l’exercice de la citoyenneté (AFEPEC). La famille Larribère, essentiellement les petits-enfants, avait signé une lettre émouvante : «Cela ne peut qu’être l’œuvre de personnes ignorantes de son histoire et de la signification du nom qu’elle porte», écrivaient-ils.  D’autant que l’engagement des Larribère contre le colonialisme, pour l’indépendance et pour la justice sociale, était avéré sur plusieurs générations. Le docteur Jean-Marie Larribère, militant de la liberté, et son épouse Yvonne avaient transmis à leurs cinq filles cette implication dans la résistance active pour l’Algérie indépendante. La famille note : «Le docteur Jean-Marie Larribère était considéré par l’OAS comme le ‘‘médecin du FLN’’ qui exerçait dans cette clinique devenue un lieu de passage, de soins, de repos et de planque pour les militants de l’indépendance à qui il faisait parfois traverser la frontière algéro-marocaine. Les assassins de l’OAS s’étaient particulièrement acharnés contre lui, en essayant de le liquider». Ainsi le 24 mars 1962, la clinique avait été plastiquée. A l’indépendance, le docteur Jean-Marie Larribère a œuvré auprès du ministère de la Santé Nekkache, pour généraliser et démocratiser la méthode de «l’accouchement sans douleur» qu’il avait introduite en Algérie dans les années cinquante, suite à un séjour en Union Soviétique. 
 

UNE FAMILLE DE MILITANTS 

On ne peut pas parler de tous les faits militants des membres d’une famille courageuse mais citons le frère de Jean-Marie, Camille Larribère, membre du Parti communiste algérien, actif parmi les paysans de l’Oranie et qui avait pris position dès 1952 pour la lutte armée. En 1955, il fut l’un des organisateurs des Combattants de la Libération (CDL), maquis du PCA qui rejoignirent ensuite les rangs de l’ALN.

Lucette Larribère, fille de Jean-Marie, fut l’épouse du militant Bachir Hadj Ali. Son autre fille Paulette Larribère a fait 14 mois à la prison d’Oran où elle a accouché. Son mari Daniel Touboul a été torturé au commissariat de la Marine, pour ensuite faire trois années de prison à Oran et Berrouaghia. Les petits-enfants avaient écrit : «Nous avons été recueillis dans cette clinique par nos grands-parents. Nous échangions entre nous sur ce qui était le mieux : un père décédé (assassiné), une mère en clandestinité, deux autres en prison, deux pères internés… dans tous les cas, nos parents n’étaient pas auprès de nous… Voilà ce qu’était la clinique Larribère pendant la guerre d’indépendance