DEFENSE- ÉTUDES ET ANALYSES- CONFLITS
ARMÉS MONDE 2023
2023 enregistre le plus grand nombre de
conflits armés depuis 1946, selon une étude de l’Institut de recherche sur la
paix d’Oslo, publiée lundi 10 juin. Une hausse spectaculaire, accompagnée
d’une complexification des formes de conflits et d’une violence accrue.
Le bruit des bottes, et le bruit des
bombes : guerre civile en Éthiopie, invasion de l’Ukraine, génocide à Gaza… « La
violence dans le monde n’a jamais été aussi élevée depuis la fin de la Guerre
froide », souligne Siri Aas Rustad, professeur de recherche à l’Institut de recherche
sur la paix d’Oslo (Prio) et rédactrice d’un rapport d’analyse des tendances
mondiales 1946-2023.
Près de la moitié (28), de ces 59 conflits a eu lieu
sur le continent africain. Le nombre de conflits étatiques sur ce territoire a
« presque doublé » en dix ans, faisant plus de 330 000
décès au cours de ces trois dernières décennies. Viennent ensuite l’Asie, avec
17 conflits armés, le Moyen-Orient (10), l’Europe (3) et les Amérique (1), où
le nombre de conflits non étatiques est le plus élevé. Le Mexique reste l’un des pays les
plus violents au monde, selon les chiffres du Programme de
données sur les conflits de l’Université d’Uppsala, étudiés par le Prio.
Selon l’Institut de recherche norvégien, la hausse du
nombre de conflits est due en partie à l’État islamique et sa propagation en
Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. Et aussi à « l’implication d’un
nombre croissant d’acteurs non étatiques, tels que les jihadistes de Jama’at Nusrat al-Islam Wal-Muslimin (JNIM) », décrit le Prio.
Si le nombre de conflits est historiquement élevé, le
nombre de pays en proie à un conflit a, lui, baissé : 29 pays en conflits
en 2022, contre 34 en 2023. Cette diminution s’explique, selon le Prio, par la
complexification des conflits « avec un plus grand nombre de
belligérants actifs au sein d’un même pays ».
Les chiffres de 2023 sont les plus élevés depuis 1989,
avec 122 000 personnes mortes au combat l’an passé. Ce qui ne représente
que la moitié de l’année 2022. Une baisse qui se nuance, car en additionnant
les trois dernières années, le nombre de morts durant des conflits est le plus
élevé de ces trois dernières décennies.
Le Prio rapporte une « augmentation
spectaculaire », avec plus de 71 000 morts en Ukraine et
quelque 23 000 à Gaza, en à peine trois
mois. « Les chiffres concernant le Moyen-Orient permettent d’espérer
que la violence extrême et les conflits complexes tels que celui de la Syrie
peuvent diminuer. D’un autre côté, il est toujours inquiétant de
voir de nouveaux conflits extrêmement violents émerger plus souvent
qu’auparavant », a déclaré la chercheuse.
La violence unilatérale entraînée par ces conflits
complexes « fait qu’il est de plus en plus difficile pour des acteurs
tels que les groupes d’aide et les organisations de la société civile de
manœuvrer dans le paysage des conflits et d’améliorer la vie des gens
ordinaires », s’inquiète le rapport.