HISTOIRE- PERSONNALITES- MOHAMED FAWZI
(EGYPTE/MUSIQUE)
© Delloula Morsli/ « L’Algérie
Aujourd’hui » (quotidien), 4 juin 2024
Si le nom de Moufdi
Zakaria est indissociable des paroles poétiques et engagées de notre hymne national Qassaman,
il est important de ne pas oublier la contribution de l’Egyptien Mohamed Fawzi
dans la composition de cette œuvre, devenue un symbole national.
En 1958, alors que l’Algérie combattait
pour son indépendance, le Front de libération nationale (FLN) confia à Mohamed
Fawzi la mission de composer la musique de l’hymne national. Un choix audacieux
qui aurait pu susciter des critiques et ce fut le cas. Malgré les controverses
qui ont pu surgir autour de ce choix, Mohamed Fawzi a laissé une empreinte
indélébile sur notre identité nationale.
Au Caire, la radio « Sawt Al Arab » consacrait trois émissions
hebdomadaires à l’Algérie. Apprenant que le FLN recherchait un compositeur pour
son hymne national, le chanteur égyptien Mohamed Fawzi proposa ses services.
Cependant, il essuya un refus de la part
des dirigeants algériens au Caire ainsi que des responsables égyptiens de
« Sawt Al Arab ». Lamine Bechichi explique qu’à l’époque, on ne croyait pas que
Mohamed Fawzi, chanteur de variétés, fût capable de composer une musique pour
un chant révolutionnaire.
Déterminé, Fawzi proposa au responsable
de « Sawt Al Arab » de composer et
d’enregistrer une musique à ses propres frais dans son studio. Le résultat fut
convaincant et s’avéra être le bon. Il faut savoir qu’avant Fawzi, l’Algérien Touri et le Tunisien Triki ont
tenté leur chance, sans succès. La partition de Fawzi fut donc envoyée dans le
maquis, porteuse des espoirs et des sacrifices ultimes d’une génération
d’Algériens rêvant d’une patrie libre et indépendante.
Mohamed Fawzi, né le 28 août 1918 à
Tanta en Égypte, était un chanteur, compositeur et acteur qui s’est distingué
par sa polyvalence et son art unique. Diplômé de l’institut de la musique
arabe, Mohamed Fawzi a débuté sa carrière comme chanteur dans les fêtes
populaires et les mariages. Son talent l’a amené à rejoindre les troupes de Badi’a Massabni et Fatma Rouchdi, avant de se lancer dans le cinéma en 1944. En 1946,
il s’oriente vers la production cinématographique et devient, en 1950,
directeur de la radiodiffusion égyptienne et président de l’union des acteurs
et des compositeurs.
Mohamed Fawzi a incarné le rôle
principal dans plus de 30 films, dont « L’épée du bourreau » et
« Un baiser au Liban ». Parmi ses films les plus célèbres, on peut
citer « Fatma, Marica et Rachèle »,
« Melle maman, la folle », « Les fleurs de la passion » et
« La révolution d’une ville ». Il a également produit quelques films,
tels que « La fin d’une histoire » et « Mon père est le
marié ».
Mohamed Fawzi a composé plus de 400
chansons, allant des romances aux chants religieux, en passant par la musique
populaire. Parmi ses succès, on retrouve « Le mendiant de l’amour »,
« Malheur à toi » et « La belle, qu’a-t-elle ? ». Il a
également composé pour de grands chanteurs et chanteuses, comme la célèbre
Leila Mourad pour sa chanson « Mon cœur est vide ».
On lui doit donc cette partition que
tous les Algériens chantent aujourd’hui, depuis son adoption officielle comme
hymne national de l’Algérie indépendante en 1963. En hommage à ce chanteur
compositeur hors norme, l’Institut national supérieur de musique porte le nom
de Mohamed Fawzi.