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Europe/Elections européennes 2024/Désinformation (I/II)

Date de création: 08-06-2024 20:37
Dernière mise à jour: 08-06-2024 20:37
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VIE POLITIQUE- FORMATION CONTINUE- EUROPE /ÉLECTIONS EUROPÉENNES 2024/  DÉSINFORMATION (I/II)

 

© Léa Deseille /France Télévisions, 7 juin 2024

De très nombreuses fake news ont été propagées au cours des derniers mois au sujet de l'Union européenne. Alors que la campagne électorale touche à sa fin, franceinfo revient sur les principaux angles d'attaque choisis par les diffuseurs de désinformation.

Les fake news visant l'Union européenne n'ont jamais été aussi nombreuses que pendant ces deux derniers mois de campagne électorale. Tel est le constat dressé par l'Observatoire européen des médias numérique (EDMO), une plateforme indépendante, qui fédère des dizaines de médias spécialisés dans la lutte contre la désinformation, ainsi que des universités étudiant le phénomène. En mai, les fausses informations liées à l'UE ont atteint leur plus haut niveau depuis le début des mesures réalisées par l'EDMO il y a un an. Elles ont représenté 15% de la désinformation totale à laquelle se sont attaquées les rédactions partenaires de l'organisme. Le record établi en avril a été dépassé.

Cette épidémie de fake news possède ses caractéristiques propres, selon Vincent Couronne, directeur des Surligneurs, un média spécialisé dans le fact-checking juridique. "Les auteurs de désinformation ont compris que les élections européennes n'intéressaient pas réellement les citoyens, estime-t-il. Alors, ils se basent sur des événements nationaux et les relient à l'Union." De quoi nourrir l'idée que les problèmes des Etats sont liés à l'Union européenne.

Les créateurs et les propagateurs des thèses trompeuses ont aussi leurs thèmes de prédilection. Ils "s'appuient sur des fractures européennes pour alimenter leur discours", développe Vincent Couronne. Ces angles d'attaque apparaissent à la lecture des comptes-rendus produits par l'EDMO et l'European Fact-Checking Standard Network (EFCSN), un réseau européen de rédactions engagées dans la lutte contre la désinformation. Franceinfo a identifié cinq thèmes récurrents, sans prétendre à l'exhaustivité.

1/Des attaques généralisées contre le Pacte vert : Les fausses informations portant sur le climat, l'environnement et les politiques écologiques européennes ont représenté à elles seules 6% de l'ensemble des infox propagées en mai, selon le rapport d'EDMO publié jeudi 6 juin. Le "Green Deal", Pacte vert européen, est dans leur viseur. En Lettonie circule l'idée que ce pacte serait inutile, voire dangereux. Le député letton Edmunds Zivtins, classé à droite, est allé jusqu'à assurer que la diminution du CO2 dans l'air mènerait à la disparition des arbres sur Terre. "La voie verte que le Parlement européen prône en ce moment est complètement fausse", a-t-il argué. 

Cette déclaration fait partie d'une longue liste d'affirmations trompeuses sur le Pacte vert européen. Dans plusieurs pays, comme en Espagne, certains ont tenté de démontrer que les alternatives écologiques aux énergies fossiles étaient dangereuses. Contredites par le média polonais Demagog, ces allégations avaient déjà été partagées pendant les manifestations des agriculteurs de mars dernier. Lors de ce mouvement qui a été suivi dans nombreux pays membres, plusieurs fake news ont circulé. En Italie, le média de vérification Facta a "débunké" des contenus laissant penser que les agriculteurs étaient payés par l'Etat pour abandonner leurs terres.

Selon un rapport de l'EFCSN publié en mai, 81,6% des fausses informations sur cette thématique ont été postées par des politiciens d'extrême droite, lors des manifestations d'agriculteurs. Selon l'EDMO, ces mouvements ont renforcé l'idée que l'Union européenne met à mal les politiques agricoles nationales au profit du respect de l'environnement. 

2/ L'UE accusée de multiplier des normes qui font flamber les prix : Les critiques sur les normes imposées par l'Union européenne sont elles aussi récurrentes. Elles sont revenues en force lors de cette campagne électorale. En Pologne, le député Jaroslaw Sellin, du parti d'opposition de droite Droit et Justice, a faussement affirmé que l'UE produisait "une directive une fois par semaine et un règlement deux fois par jour, samedi et dimanche compris", comme l'a rapporté le média Demagog

Des centaines de normes produites, qui seraient parfois absurdes. D'autres rumeurs laissent ainsi penser que Bruxelles souhaite interdire l'air dans l'emballage des chips ou exiger le même degré de courbure des bananes. En Estonie, le média EestiPaevaleht s'est attaqué à l'idée que l'UE voudrait introduire l'euro numérique dans le but de surveiller la population. "L'idée est de discréditer l'Union européenne et ses institutions", note Vincent Couronne. 

En plus d'imposer des normes, l'Union est accusée de faire gonfler les factures des Européens. Par exemple, en Pologne, le député de droite Janusz Kowalski, du parti Pologne souveraine, a assuré que "40 à 50% de la facture d'électricité sont constitués d'écotaxes européennes". Un calcul faux, selon le média polonais Demagog. 

En Bulgarie, la députée de centre droit Pavela Mitova a accusé l'Union européenne d'être responsable du déclin économique de son pays. "Ce type de politique [de réduction des émissions dans le cadre du Green Deal] conduira la Bulgarie à passer du statut d'exportateur net à celui d'importateur net, et nous le constatons déjà", a-t-elle déploré. Selon le travail de vérification du site bulgare Factcheck, l'élue se trompe et impute à l'Union la responsabilité d'une réalité bien plus complexe.