VIE POLITIQUE- BIBLIOTHÈQUE
D’ALMANACH- MÉMOIRES SAID SADI- « MÉMOIRES. LE POUVOIR COMME DÉFI.... »
Mémoires.Le pouvoir comme défi, 1997-2007. Tome IV. Essai de Saïd Sadi.
Editions Frantz Fanon, Alger 2024, 430 pages, 2 000 dinars
Voilà donc le quatrième
(et dernier ?) tome des Mémoires d’un homme qui, alors simple lycéen,
parti de simple militant activant au service d’une cause culturelle, et même
passé par la case « prison », est devenu le chef (durant 23 ans, tout
de même !) d’un parti politique ayant pignon sur rue, un parti politique
qui a même réussi à s’implanter dans des régions supposées, au départ,
réfractaires aux idées « culturo-démocratiques ».
A travers ce tome,
l’auteur, grâce à un style d’écriture de qualité bien que quelque peu recherché,
nous raconte ses aventures et ses réussites (et
ses mésaventures et ses déceptions) politiques et humaines dans un pays , pour
lui, assez insaisissable.Psy’, il tente , aussi, de
nous révéler les ressorts psychologiques d ’une citoyenneté embryonnaire,
tourmentée et incertaine......... . « Une fragilité qui
constitue le terreau d’un statu quo stérilisant » nous dit-on (il ?)
en quatrième de couverture. Le temps d’une « fragilité
hésitante » pour emprunter au Tunisien Mohamed Charfi.....un
temps qui connut, hélas, ses manifestations les plus préjudiciables en Algérie.
L’Auteur :Né le 26 août 1947.Médecin psychiatre. Plusieurs fois emprisonné pour son
militantisme pour la langue et la culture berbères, les Droits de l’Homme et
les libertés démocratiques.Fondateur,
en février 1989, du Rcd.....dont il sera président
jusqu’à mars 2012.Il a été , aussi, député (Apn)
et candidat à une élection présidentielle . Auteur de plusieurs ouvrages.
Extraits : « Le seul domaine
où la renaissance s’avéra non seulement interdite mais inconcevable fut la
scène politique, toujours investie et domestiquée par les acteurs de la
guerre » (p21), « Plus de 30 ans après l’indépendance , la
performance professionnelle, la crédibilité sociale ou morale tout comme la
légitimité politique étaient calibrées par la qualité de la participation à la
lutte d’indépendance que s’attribuait le dirigeant » (p 23),
« Beaucoup de monde a dit et écrit que Bouteflika qu’il était cupide.Je ne le crois pas.La
gabegie ne le le gênait pas outre mesure mais il ne
la tolérait pas pour en tirer un avantage vénal.Il
fut un jouisseur auquel tout fut donné et l’idée de bien public lui était
étrangère, lui qui n’avait jamais eu un emploi stable de sa vie. Pour autant,
et contrairement à ce que véhicule une réputation solidement établie, il
n’était pas spécialement porté sur l’accaparement personnel » (p171),
« Le monde musulman devait apprendre à se regarder de l’intérieur et
s’accepter avec ses variétés et ses vérités. Si les régimes continuaient à
vouloir tout domestiquer, tout uniformiser, à la fin ce serait le
fondamentalisme qui gagnerait » (p 287), « Le deuxième mandat de Bouteflika avait bel et bien assommé les élites
algériennes » (p 368),
« Pour préserver
son pouvoir, Bouteflika avait allumé un brasier dont il ne soupçonnait pas les
conséquences. On ne dira jamais assez que contrairement à la réputation qu’on
lui avait construite et qu’il avait savamment entretenue, le personnage fut un
piètre stratège.Il fut en
revanche un remarquable manœuvrier » (p382),
Avis : Encore (enfin ?) un (dernier ?)
ouvrage assez (trop ?) engagé…..à l’image de
l’auteur. Un « pavé » très riche, trop riche en informations, en événements
et …en révélations (parfois gênantes, tout particulièrement lorsque des
noms sont cités.....ce que je ne déteste pas ) …..qui
se lit , il est vrai, d’un seul trait…..Comme les tomes précédents.
Citations : « La sociologie
algérienne fait de l’aîné un tuteur qui protège mais qui est aussi un guide
auquel est due une forme de reconnaissance sociale et culturelle qui le donne
comme un être repère et exemplaire » (p25), « En tout domaine, le
chantage n’est poison et peur que s’il n’est pas partagé » (p 53),
« Ce n’est pas seulement un noceur (note : Bouteflika), c’est
un vrai addict du pouvoir. Il en a une jouissance orgamique.
C’est avec ça qu’il compense ses frustrations. Petite taille, capacité de
travail insignifiante, ambition démesurée...Tu vois le cocktail. » (M’hamed Yazid cité, p 105), « L’Algérie avait chaussé la
mauvaise pointure politique dès 1962 ; elle ne pouvait que boîter »
(p283), « En politique, le plus dur n’est pas tant d’échouer que de
ne pas savoir pourquoi on est insatisfait de son bilan » (p 355)