VIE POLITIQUE-
FORMATION CONTINUE- COMMUNICATION DE CRISE/MÉDIAS SOCIAUX
©Tina Fischer, https://www.pme.ch/22
mai 2024
En 2019, des activistes de Greenpeace ont confronté un monstre de plastique
à Nestlé. L'action dénonçait la pollution par le plastique à usage unique.
Lorsque des activistes se présentent
devant une entreprise, il peut être difficile de savoir comment réagir. Voici
les conseils de l'experte Bettina Zimmermann.
Un dinosaure devant le
siège de Nestlé, des
empreintes de pas ensanglantées devant l'entrée de On, des autocollants climatiques sur une chaîne de
montage de VW ou un logo de Swiss Life tagué, par ces
actions, les activistes tentent d'attirer l'attention. Ils dénoncent une
situation qu'ils jugent inéquitable et exigent un changement par des actions
qui font du bruit. Très souvent, ce sont des firmes célèbres qui sont dans leur
collimateur.
ÉGALEMENT INTERESSANT
Les actions des activistes représentent
un défi pour les entreprises. Elles perturbent les activités quotidiennes et
occupent la direction et le personnel. Aucune société n'est à l'abri, mais il
est possible de mieux se préparer. Bettina Zimmermann, experte en communication
de crise, a élaboré un modèle en sept étapes qui décrit la procédure idéale
pour une société (lire encadré ci-dessous).
Cette spécialiste distingue trois
niveaux d'intensité. Parmi les actions de faible intensité, on trouve
l'accrochage d'affiches ou la distribution de flyers. «De
telles actions sont souvent conçues pour attirer l'attention sur une cause sans
provoquer de confrontation directe», explique-t-elle.
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Les cas d'intensité moyenne sont plus
délicats. Il s'agit notamment des sit-in ou du «collage»
à des installations. Ces actions peuvent perturber les activités quotidiennes
et nécessitent parfois une intervention physique. En règle générale, elles se
déroulent de manière pacifique, mais génèrent une attention médiatique, ce que
les entreprises préfèrent éviter.
La réaction est encore plus difficile
dans les cas de forte intensité: occupation de
bâtiments, blocages, dégradation de biens, logos tagués. «Le
vandalisme est particulièrement problématique d'un point de vue juridique et
entraîne des dommages directs», ajoute l’experte.
Les médias sociaux ont
changé la donne
De plus, avec les médias sociaux, les
nouvelles se répandent désormais de manière quasi instantanée. «Ils ont entraîné un changement significatif, explique
Bettina Zimmermann. La communication de crise se fait aujourd'hui en temps réel». Cela l'a rendue plus dynamique, plus interactive et
plus complexe.
«Les informations peuvent rapidement devenir virales. C'est
très exigeant lorsqu'elles sont négatives ou fausses.»
Les risques de campagnes de désinformation ciblées ou de contenus manipulateurs
dirigés contre une entreprise ont augmenté. La facilité d'accès pour le grand
public est un facteur aggravant: «Tout le monde peut
poster et commenter. En outre, de nombreux commentaires sont émotionnels ou
dirigés au-dessous de la ceinture.»
Les entreprises peuvent y remédier en
cherchant à interagir avec le public via les médias sociaux. Ce faisant, elles
recueillent des réactions et peuvent répondre directement aux préoccupations.
Comme pour la communication classique, la règle est la même:
«Une communication régulière, transparente et honnête permet d'instaurer la
confiance.»
Répondre dans tous les
cas aux demandes
De plus, il vaut mieux trop communiquer
que pas assez. «Dans le cas contraire, des rumeurs et
des spéculations peuvent se développer. Cela ne sert pas l'entreprise»,
estime Bettina Zimmermann. Cela ne veut pas dire que les entreprises doivent
dans tous les cas s'adresser au public, mais il faut répondre aux demandes des
médias.
Avant tout, il faut impliquer les
collaborateurs. «Ils doivent savoir dans quoi leur
entreprise est actuellement impliquée et quelles mesures ont été prises.» Ce
n'est qu'ainsi qu'ils sauront comment se comporter face aux activistes et à qui
s'adresser en cas de besoin.
Bettina Zimmermann, experte en gestion
et communication de crise et propriétaire de GU Sicherheit
(SG), présente un plan en sept étapes.
Faire preuve d'empathie: essayer de comprendre la perspective et la
motivation des activistes.
Chercher le dialogue: essayer de parler avec les activistes. Il se peut que
le groupe soit prêt à expliquer plus précisément ses préoccupations. Une
discussion peut aider à désamorcer la situation et montre que l'entreprise est
prête à répondre aux préoccupations sociales. Si le dialogue n'est pas
possible, l'entreprise peut faire appel à un médiateur.
Traitement respectueux: traiter les activistes avec respect et éviter
les propos provocateurs ou condescendants. Les droits et la dignité des
activistes doivent être respectés.
Communiquer clairement: une entreprise doit communiquer clairement avec
les militants en exposant sa position et ses intentions, sans être agressive ou
hostile. Il s’agit de ne pas répondre aux provocations des activistes, mais de
chercher ensemble des compromis possibles. Une escalade par des propos
condescendants ne sert pas la cause.
Respecter le cadre légal: ne pas enfreindre le droit en vigueur. En cas
d'incertitude, il vaut la peine de faire appel à un avocat pour vérifier ses
propres actions ou les actions prévues.
Évacuation professionnelle: si aucun dialogue n'est possible et que les
activistes perturbent considérablement l'accès au bâtiment ou ont organisé une
manifestation, il peut être nécessaire d'informer la police. Celle-ci est
formée pour agir de manière appropriée dans de telles situations, notamment
lorsqu'il s'agit de dégager les personnes de la rue ou devant les accès.
Développer des stratégies: l’entreprise doit réfléchir à la manière dont
elle souhaite gérer de telles situations à l'avenir. Cela peut également
signifier de redéfinir sa propre politique d'entreprise en termes de durabilité
et de l’adapter si nécessaire pour éviter de telles protestations.