CULTURE- ETRANGER- CINÉMA/77
ème FESTIVAL DE CANNES 2024 (FRANCE)/PALMARÈS
A l’heure du bilan, que tirer de
cette 77e édition du Festival de Cannes ? La sensation mitigée d’un cru
peu exceptionnel mais parcouru par des gestes forts de cinéma, sans sommet mais
aux nombreux pics conceptuels ou émotionnels.
-Prix du Scénario : « the
Substance » de Coralie Fargeat
Prix d’interprétation
féminine : Karla Sofia Gascon, Zoé Saldana,
Selena Gomez et Adriana Paz pour « Emilia Perez » de
Jacques Audiard
-Prix d’interprétation
masculine : Jesse Plemmons pour « Kinds of Kindness » de Yorgos Lanthimos
Prix « spécial » du
jury : « Les Graines du figuier sauvage » de Mohammad Rasoulof
Il a beau être « spécial »,
voilà un prix aux allures de hochet qui donne l’impression d’avoir
maladroitement couronné la démarche politique de Mohammad Rasoulof
au détriment de son pur objet de cinéma. Le réalisateur iranien, dont chaque
apparition sur la Croisette a entraîné des standing-ovations, a fui l’Iran
avant le festival où il est condamné, entre autres, à huit ans de prison. Avec
sa classe habituelle, il a adressé son soutien aux membres de son équipe
retenus au pays et soumis à la pression des services secrets d’un « régime
totalitaire qui a pris son peuple en otage » et remercié « toutes
les jeunes femmes dont le courage et l’audace sans borne ont été l’inspiration
de ce film. Le miracle de ce film ». Avant d’appeler à la mobilisation
contre la condamnation à mort du rappeur Toomaj
Salehi. Grand homme, grand film, petit prix.
-Prix de la mise en scène :
Miguel Gomes pour « Grand Tour »
-Prix du jury : « Emilia
Perez » de Jacques Audiard
-Grand prix du jury : « All
We Imagine As Light » de Payal
Kapadia
« All We Imagine As Light » est le deuxième long de Payal Kapadia, après « Toute
une nuit sans savoir », présenté à la Quinzaine en 2021 et récipiendaire
du Prix de L’œil d’Or du meilleur documentaire. Le double parcours de deux
femmes, infirmières et colocataires, l’une étant plus âgée que l’autre ;
leur rapport aux hommes, au désir, à la justice et à la transgression.
-Palme d’Or : « Anora » de Sean Baker
Depuis quand une Palme n’avait-elle
à ce point été placée sous le signe du plaisir de cinéma ? Petite bombe de
rythme, d’humour, de tension, de modernité et d’empathie pour ses personnages,
le film de Sean Baker sur les tribulations d’une strip-teaseuse new-yorkaise
porte haut un cinéma indépendant américain, aujourd’hui aux abois, dont est également
issue la présidente du jury Greta Gerwig. Et ramène
la palme aux Etats-Unis pour la première fois depuis « Tree of Life » de Terrence Malick, il y a treize
ans. « Je ne sais vraiment pas ce qui m’arrive
là ! », a jubilé Sean Baker en recevant le prix des mains de
George Lucas. Avant de se livrer à une défense ardente du cinéma en salles, de
remercier sa mère qui lui a montré ses premiers films à l’âge de cinq ans et de
dédier son trophée « à tous les travailleurs du sexe, passés,
présents et futurs ». « La Palme, a-t-il
ajouté, c’était mon but depuis trente ans. Qu’est-ce que je vais faire
maintenant du reste de ma vie ? ». Continuer à grandir.