SCIENCES- PERSONNALITES- IHADDADEN ABDELHAFID (ENERGIE ATOMIQUE)
Extraits article de Aissa Kasmi : Abdelhafid Ihaddaden est
issu d'une grande famille de jurisconsultes, de cadis et de notaires,
originaire de Toudja, dans la wilaya de Bejaia. Il
est né le 9 mars 1932, à Sidi-Aïch, où son père,
Mohand-Saïd Ihaddaden, exerçait les fonctions de
cadi-notaire. Il a été amené à quitter son village natal très tôt et de manière
définitive dans les années quarante du siècle dernier. Un long cursus primaire,
secondaire et universitaire l'a par la suite mené à Béjaïa et Sétif pour les
études secondaires, puis à l'Ecole des arts et métiers de Paris (1952-1956) et
enfin à Prague (1956-1962), pour les études universitaires et la spécialisation
en énergie atomique.
Il a débuté son itinéraire de militant nationaliste en tant que responsable au
sein de l'UGEMA avant d'intégrer le FLN dès 1956.Il a notamment participé au
renforcement de la Fédération de France du FLN. Après avoir obtenu une bourse
d'études en Tchécoslovaquie par l'intermédiaire de l'Union internationale des
étudiants, il est chargé par le FLN des liaisons avec les responsables de
certains pays de l'Europe centrale, de l'achat des armes et de l'accueil des
blessés envoyés par le FLN pour se faire soigner dans les hôpitaux des pays qui
soutenaient la Révolution algérienne, dont la
Le 11
juillet 1961, alors qu'il se rendait au Maroc avec un groupe de scientifiques
algériens comme lui à bord de l'Iliouchine 18 de la compagnie tchécoslovaque
assurant la liaison aérienne Prague-Bamako via Rabat, il trouva la mort dans le
<< crash >> de l'appareil au-dessus de Casablanca, dans des circonstances
troubles. Qui a << descendu >> l'avion flambant neuf par une belle
nuit d'été, sans nuages ? Les Français, à l'unisson, ont réussi à culpabiliser
la brume du ciel si limpide du Maghreb, alors que le FLN a accusé les services
spéciaux français.
Témoignage de Dahou Ould Kablia, ancien ministre de
l'Intérieur, président de l'Association nationale MALG qui connaît parfaitement
son sujet : ce sont les services spéciaux français ! Il écrit : << ... 8
spécialistes des mines, de l'électronique et du génie nucléaire ont rejoint la
RDA et la Tchécoslovaquie.
Je les cite parce que c'est important (Abdelhafid Ihaddadène, Djelloul Mered, Hocine Mouffok, Abdelouahab Bennini, Mustapha Djebbar, Maâchou, Bekhoucha). Trois d'entre eux, les premiers cités, spécialistes
en science nucléaire, feront l'objet d'un attentat des services spéciaux
français. Leur avion, un Iliouchine 18 de la compagnie tchécoslovaque, assurant
la liaison Prague-Casablanca, a été abattu le 11 juillet 1961 dans le ciel marocain.
>>
Autre témoignage, de Rédha Malek, ancien chef du
gouvernement, l'un des négociateurs l'indépendance de l'Algérie, dans une
lettre manuscrite adressée à son frère Zahir après le
drame : << ... Le décès de Hafid m'a frappé de plein fouet.
Depuis 1956, Hafid n'a cessé d'oeuvrer avec
application pour arracher ses diplômes et se rendre utile à son pays. À chacun
de mes passages à Prague, j'ai trouvé en lui un frère dévoué et consciencieux.
Il était très estimé de nos amis tchèques. >>
Il faut dire que le << crash >> fut
minutieusement orchestré par les contrôleurs aériens français encore utilisés à
ce moment-là par le Maroc . Ils se livrèrent ce
jour-là dans le ciel marocain à une assassine partie de punching-ball aérien
entre les
aéroports de Rabat, Casablanca et la base militaire américaine de Nouaceur.
Chaque fois que l'avion, neuf et piloté par l'un des meilleurs pilotes
tchèques, se présentait devant une piste d'atterrissage, ces contrôleurs
militaires français habillés en civil,lui
signifiaient l'ordre de prendre de l'altitude devant l'impossibilité
d'atterrir... pour cause d'un prétendu brouillard au
sol, alors qu'on était au mois de juillet ! Tout a été entrepris pour que les
restes de l'avion, une fois leur forfait accompli, ne puissent pas déborder au
moment de leur recueil au sol, les dimensions et le volume d'un banal sac de
jute pour pomme de terre, c'est-à-dire moins de deux mètres cubes de <<
restes >>.
En dépit de son exil lointain et prolongé,
l'enfant de Toudja est demeuré viscéralement attaché
à ses repères et à ses racines de campagnard. Dans la carte postale qu'il
envoya en 1955, à son frère aîné Zahir à partir de
Paris où, étudiant à l'Ecole des arts et métiers, il se plaignait de la
pression trop forte du papa, qui l'exhortait à s'appliquer davantage dans ses
études, il s'interrogeait dans ce rare moment de doute << existentiel :
<< Tous ces problèmes me poussent à abandonner complètement et à rentrer
à Toudja pour faire cultivateur. Peut-être ce travail
sera-t-il un peu rentable ? >> Dans une autre missive, toujours adressée
à son frère à partir de Prague, il écrit : << J'ai reçu le colis (café,
couscous, pois chiches). Je l'ai déballé, mais le problème demeure. Pas de
couscoussier ! Alors en tant qu'ingénieur atomicien, mais néanmoins technicien
bricoleur, je m'en suis carrément fabriqué un ! >>
Extrait de presse : « Le chahid
Abdelhafid Ihaddaden est le
premier ingénieur atomicien algérien et le premier africain diplômé en énergie
nucléaire. Né le 8 mars 1932 à Sidi Aïch, dans la
wilaya de Béjaïa, il a eu un cursus des plus brillants, au primaire, au
secondaire et à l’université, qui l’a mené de Béjaïa et Sétif, pour les études
secondaires, puis à l’École des arts et métiers de Paris (1952-1956) et enfin à
Prague (1956- 1961). Après avoir obtenu une bourse d’études en Tchécoslovaquie,
par l’intermédiaire de l’Union internationale des étudiants, il fut chargé par
le FLN des liaisons avec les responsables de certains pays de l’Europe centrale
de l’achat des armes et de l’accueil des blessés envoyés par le FLN pour se
faire soigner dans les hôpitaux des pays qui soutenaient la Révolution
algérienne, dont la Tchécoslovaquie. En 1961, il obtint le diplôme d’ingénieur
en énergie nucléaire. Abdelhafid Ihaddaden
est mort le 11 juillet 1961 dans l’explosion de l’avion Iliouchine 18. Au bord
de l’appareil, se trouvait l’ingénieur Ihaddaden,
ainsi que 8 spécialistes algériens dans les mines, l’électronique et du génie
nucléaire. Tous ont trouvé la mort. L’avion a été abattu par l’armée française ».