ECONOMIE- FORMATION CONTINUE-
ENTREPRISE/COMMUNICATION DE CRISE/ GESTION
Comment gérer une communication
de crise dans votre entreprise
© https://www.ege.fr/13 mai 2024
En entreprise et management, la communication de crise est
à la fois une stratégie à part entière de gestion d'une crise, et une compétence sans
prix à développer tout au long d'une carrière. Une bonne communication de crise
est rendue nécessaire de nos jours par la médiatisation rapide
et croissante de problèmes parfois mineurs au sein d'une société, qui lui font
prendre des proportions rapidement hors de contrôle.
Comment peut-on
définir la communication de crise ?: Pour faire simple, la communication de crise est un ensemble
de stratégies et d'actions programmées à l'avance pour faire face
à une crise éventuelle qui toucherait l'entreprise. Elle permet de
gérer efficacement des situations d'urgence qui mettent à mal la réputation,
la sécurité ou l'intégrité d'une société. C'est tout
d'abord un protocole bien établi pour chaque événement prévu à
l'avance. Une intrusion, une fuite de données, la mise en cause
d'un collaborateur... mais aussi une catastrophe naturelle ou une panne. Ces
événements imprévus dans leur survenance doivent avoir fait l'objet d'une étude
en amont, pour savoir le cas échéant comment l'entreprise devra s'adapter et
se comporter. Une bonne
communication de crise doit allier sécurité des informations et transparence pour
ne pas nuire à son efficacité et surtout ne pas empirer la situation. Certaines
informations nécessaires aux employés ne doivent pas être divulguées au public
ou aux clients. D'autres sont à transmettre au plus vite au public, quand il y
a un risque pour la santé par exemple. La réactivité sera
aussi un facteur clé. En effet plus vite la communication de crise est mise en
place, plus il sera facile de contrôler la situation. En
définitive la communication de crise permet de réagir et gérer les situations
imprévues tout en sauvegardant la réputation chèrement acquise
d'une entreprise. Elle nécessite un subtil équilibre entre divulgation et
transparence, une réactivité immédiate et la préparation de
tous les intervenants tout au long de leur parcours dans l'entreprise. C'est un
domaine largement étudié et approfondi en MBA RSIC, Risques, Sûreté Internationale et
Cybersécurité.
Les phases de
la communication de crise : Lorsque
survient une crise, peu importe sa nature, les étapes de la communication de
crise sont toujours les mêmes.
Identification
et évaluation de la crise :C'est la première étape dans toute communication de crise.
Cela va sans dire que sans un important travail sur cette étape, le reste de la
gestion sera bancal. Tous les efforts devront être concentrés dès la survenance
de la crise à identifier celle-ci, en connaître sa nature, et
surtout son ampleur et les risques encourus
par tous les acteurs. Ce n'est qu'une fois cette évaluation faite que l'on
pourra mettre en œuvre le reste du plan, car celui-ci en dépend grandement.
Activation de
l'équipe de gestion de crise : Une fois la
crise identifiée, il faut activer les intervenants dans la
communication de crise. Selon sa nature et son importance, ceux-ci pourront
être des employés, un spécialiste en communication de crise, ou les
dirigeants eux-mêmes si la situation l'exige. Cela dépend par exemple de la
sensibilité des informations à gérer et des retentissements que
la crise pourrait avoir, mais aussi simplement de l'importance de la société
elle-même. On ne gère pas une fuite d'information d'un fichier clients d'une
enseigne de boutiques comme l'on gère l'intrusion et le piratage d'une plateforme
d'échange de cryptomonnaies. Les intervenants suivront à la lettre le plan
préétabli, pour en conserver son efficacité et ne pas laisser de place à
une improvisation hasardeuse qui pourrait être
contreproductive. La communication de crise se prévoit et s'applique comme une
règle d'or.
Gestion
post-crise, évaluation et retour d'expérience :La dernière phase en termes de chronologie de
l'événement, mais certainement pas pour autant moins importante que les deux
premières. La gestion post-crise et le retour d'expérience sont
un moment clé dans l'évolution de l'entreprise et sa préparation face à de
futurs incidents. En effet, si une crise intervient une fois, c'est que la
probabilité de sa survenance n'est pas nulle. Il faut donc comprendre comment
on en est arrivé là, identifier les erreurs commises, les
failles de sécurité, et surtout y remédier. Pour cela, on pourra
élaborer un plan de crise, qui devra être suivi sans défaut. De plus, c'est
lors de cette étape, parfois plus longue que la crise elle-même, que les
répercussions se font le plus sentir, et que la situation est la plus tendue.
D'autant plus si l'incident est assez important pour être médiatisé.
La part de la
médiatisation dans la communication de crise :C'est certainement l'étape la plus critique, et qui
concerne surtout les grosses entreprises ou celles opérant dans des domaines
sensibles comme la santé. Après un incident médiatisé, il faudra
que la communication de crise continue, parfois pendant des mois, voire des
années. Les relations publiques constituent une part
importante de la communication de crise, et savoir s'adresser aux médias est
une compétence essentielle de nos jours. Les médias jouent donc une part conséquente
dans la communication de crise tout au long de celle-ci. Sans une bonne maîtrise
de la communication de crise, on prend le risque qu'ils diffusent et
propagent de la désinformation, accentuent les aspects négatifs ou une opinion
biaisée de la situation, qui pourraient être récupérés à des fins politiques ou
de concurrence. Cette exposition à la critique publique est
toujours un exercice dangereux et le risque de perte de contrôle est réel, tout
comme l'impact immédiat et à long terme sur l'image et la réputation d'une
entreprise. En revanche,
une communication de crise bien maîtrisée peut utiliser les médias à
son avantage. Pour diffuser des informations cruciales au bon moment et à
large échelle, comme des mesures et gestes à adopter pour préserver le public
ou réduire les conséquences de la crise. Une médiatisation maîtrisée permet
aussi une sensibilisation du grand public à l'existence de certains risques
sous-évalués. Mais le plus grand avantage reste l'image positive de
l'entreprise concernant la transparence et l'honnêteté dont elle fait
preuve en s'adressant aux médias et en prenant ses responsabilités.
Comment
préparer un plan de communication de crise pour votre entreprise : La clé d'une bonne communication de crise est dans
la préparation d'un plan en amont. Pour cela, il faudra
nécessairement passer par cette checklist des étapes à suivre.
Identifiez premièrement les risques et les différents scénarios possibles. Il
faudra ensuite les classer selon leur gravité et la probabilité de survenance.
Grâce à cette étape, l'entreprise aura une vision globale des risques qui lui
sont associés et des conséquences éventuelles. C'est une prise de
conscience nécessaire pour la suite.
Les objectifs de la communication doivent être clairs. En
général, il s'agit de calmer la situation dans un premier temps et d'éviter de
l'envenimer en donnant les bonnes infos et instructions à ceux qui en ont
besoin. Ensuite, les objectifs varient en fonction de la crise, c'est à un
spécialiste de les définir. Ils peuvent être aussi variés que maintenir
la confiance des collaborateurs, des clients et du public, enrayer
les rumeurs et spéculations, diffuser des pratiques sécuritaires...
Bien entendu, les objectifs ne seront efficaces qu'avec une audience bien
ciblée. Collaborateurs, clients, public, médias, politiques, actionnaires,
investisseurs... à chaque audience correspond un langage et
des informations à diffuser ou à dissimuler. À ce stade, une partie éthique
et déontologique entre évidemment en jeu. Il faudra donc prendre tout
cela en considération lors de la conception des messages clés et des voies par
lesquelles ils seront transmis. En tout état de cause, les messages de
communication en temps de crise doivent être clairs, concis et sans
ambiguïté. Un communicant avisé saura utiliser les bons outils, comme les
médias et surtout les réseaux sociaux. De nos jours, ils jouent un rôle presque
aussi important que la télévision et les journaux, principalement auprès des
jeunes. À utiliser donc en priorité s'ils sont l'audience ciblée.
Un bon plan de communication de crise repose sur une attribution efficace
des responsabilités, et une formation adéquate, faite de
théorie et d'application lors d'exercices et d'entraînements. La communication
de crise ne s'improvise jamais.
3 exemples
d'une communication de crise bien gérée :Voici quelques exemples de communications de crises basées
sur des situations réelles et déjà éprouvées.
Exemple 1 :
Compromission de données personnelles. Une entreprise tech subit une attaque cyber compromettant
les données personnelles des clients. L'entreprise réagit alors rapidement et
informe les autorités pour démarrer l'enquête au plus vite. Elle publie un
communiqué de presse transparent et notifie aux clients concernés la compromission
éventuelle de leurs données avec des conseils à suivre, conformément au RGPD.
Pour toute la durée de la médiatisation, un responsable est nommé et sera leur
interlocuteur unique. L'entreprise collaborera ouvertement avec
les enquêteurs et remédiera à l'avenir à la faille sécuritaire constatée.
Exemple 2 :
Perte de service critique, attaque DDoS. Ici, il s'agit d'une société de services financiers dont
le système informatique arrête de fonctionner, mettant les clients dans une
situation critique. Dans les minutes qui suivent la panne, la société reconnaît
l'importance de la situation et informe par tout canal ses clients. Elle les
tient au courant de l'avancée des mesures prises. Une ligne est mise à
disposition pour recevoir les appels des clients et des
médias. Dans une affaire comme celle-ci, la confiance des clients est
primordiale. Une grande partie de la communication est focalisée sur cet
aspect, et l'entreprise enverra une lettre d'excuses, de remerciement pour la
confiance accordée, et même un service gratuit pour compenser le désagrément.
Exemple 3 :
Défaillance et rappel d'un produit. Dans ce
dernier exemple, une usine automobile découvre un défaut sécuritaire sur
un modèle. S'agissant de sécurité, les modèles en question sont rappelés, et
un communiqué de presse diffuse l'information, tout comme les
réseaux sociaux. Les clients sont contactés en personne et indemnisés. Un délégué
de communication se charge des médias et des agences de réglementation
à qui l'entreprise doit rendre des comptes et assumer ses responsabilités. La
réactivité de la société a probablement permis d'éviter des accidents et de
trop entacher l'image de la marque.