HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN YAMINA MECHAKRA- « LA GROTTE ÉCLATÉE »
La Grotte éclatée. Roman (préface de Kateb Yacine) de Yamina Mechakra. Enag Editions, 175
pages, 250 dinars, Alger 2000 (édité pour la première fois en 1979 et une
seconde fois en 1986)
L’auteure, médecin psychiatre
de son état, a su, grâce à sa science et à son expérience, que l’on sent
extrêmement douloureuse de la vie, décrire (dans ce premier roman) la
tragédie algérienne , avant et durant la guerre.La
guerre de libération nationale décrite de l’intérieur d’une grotte où
l’héroïne, déjà rejetée par une société « bloquée » (en tant que
bâtarde, qu’orpheline, que femme, que..) s’y
était réfugiée afin de soigner les combattants blessés dans leur corps et aux
âmes déchiquetées .La suite est un gros lot d’épreuves, de misères, de
désespoirs, d’amour perdu…L’horreur des guerres, et la recherche désespérée
sinon du bonheur (auprès d’un époux et d’un enfant), du moins du
repos…..celui « éternel » tardant à venir.
C’est un récit « déchiqueté » , mêlant le récit , la poésie et la prose, l’analyse de
situation, l’introspection et la recherche identitaire . Ce qui en a fait , et fait encore, une des œuvres parmi les
plus…éclatantes. Kateb Yacine, en signant la préface ne s’y est pas
trompé : « Dans notre pays, une femme qui écrit vaut son pesant de
poudre », concluait-il.
Avis : Lecture difficile car poignante
, remuant les tripes. Âmes sensibles s’abstenir ou ,
alors, ne le lire qu’au sortir de la déprime
Extraits : « On tue les déshérités parce
qu’on a peur qu’un jour ils réclament leur part du ciel»
(p 24), « Aimer toute la terre et tout le ciel, vieillir et
mourir à l’ombre d’un vieux peuplier sans qu’il n’apartienne
à personne, voilà le droit » (p 32), « Je me méfie des intellectuels,
ils ne sauront être soldats. Lâchement pacifistes, ils veulent libérer les
peuples en conservant leur tête (….). La tête
transporte l’idée. Coupée la tête, l’idée ne meurt pas » (p 60),
« Nous ferons couler la neige de nos monts pour que vive le pain de nos
vallées. Nous drainerons les écritures pour qu’à travers les roseaux siffle le bonheur » (p 166)