VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE
D’ALMANACH- OUVRAGES AHMED GHOZALI/ KARIM YOUNES/ABDERRAHMANE HADJ NACER
Sans que
l’on ne s‘en rende compte, l’Histoire est, chez nous, en train de s’accélérer.
Cela se voit bien à travers les productions éditoriales de ces toutes dernières
années .
Après la
vague post-90 des écrits mémoriels sur l’Histoire de la Guerre de libération
nationale, surtout par
les membres de la « famille révolutionnaire » encore vivants qui se
sont mis, « sentant la mort prochaine », à se confier publiquement ,
après les écrits de « jeunes loups » de la « new
littérature » du début des années
90, voici venir le temps des acteurs de l’Histoire récente. Des regards nouveaux ? Pas si
sûr. Des regards originaux ? Peut-être pas ? Mais, en tout cas, des « confessions » et autres
confidences instructives (16 février 2012)
Sid Ahmed
Ghozali nous livre ses réflexions et autres souvenirs dans un
ouvrage « Question d’Etat : Changer ou disparaître »,sous
la forme d’un entretien avec Mohamed Chafik Mesbah.
Une (forte) somme d’interviews destinées alors (2008) à deux quotidiens
nationaux (l’un en arabe et l’autre en français), pour que nul n’ignore !
L’auteur de
l’interview-fleuve n’est pas un inconnu du grand public : c’est un
véritable « 4X4 des méninges » . Il sait y faire . Assurément, les habitudes de la
« Grande muette » dont il a fait très longtemps partie (chez ceux,
précisément , qui savent « faire
parler ») .
Quant à
l’interviewé, on sait déjà tout de lui puisqu’il a été très longtemps PDG de
Sonatrach, ministre…plusieurs fois , chef de gouvernement et ambassadeur
puis , devenu opposant (ayant soutenu un moment Ali Benflis)
, chef de parti (non agréé) . Un grand
cadre de la nation, plus que compétent, un commis de l’Etat…mais, pour certains, un enfant
prodigue qui a « mal tourné ». C’est ,
peut-être, tout cela qui fait que son parti n’a pas encore reçu la désormais
fameuse autorisation de tenir un congrès constitutif
Il raconte,
il révèle, il dénonce…. « Bombardé », dit-il ,
par cent soixante questions. « Des
questions parfois contradictoires, provocatrices ou même accusatrices…certaines
pernicieuses ou blessantes ». Tout (ou presque tout) y passe :
l’enfance et les racines, l’encadrement de l ’Algérie à l’indépendance,
Sonatrach, le coup d’Etat du 19 juin, le saccage post-Boumediène,
la Cour (des règlements ) des comptes, le programme Valhyd,
la loi « Ghozali » de 1991, le
« Sultanat de Tlemcen » , la
loi Chekib Khelil de 2005,
les relations avec Chadli, Abdesselam, Merbah (et le
limogeage « planifié »), Hamrouche et les
Services, Mehri et Ghozali,
Hamrouche et Ghozali (le
combat de « coqs »), les rapports avec les militaires , le vote en
faveur du Fis, le retour de Boudiaf, l’ambassade à Paris…et ses pronostics à
court et moyen termes
Mémoires ?
non. Pas encore. Témoignages personnels ? oui.
Et, cerise
sur le gâteau, confidence pour confidence, il avoue avoir , « par contre , révisé
complètement (son) jugement sur beaucoup de questions …. ».
Chafik Mesbah : un véritable artiste de la maïeutique, un
« accoucheur » !
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On a, aussi, Karim Younès , avec « De la Numidie à l’Algérie :
Grandeurs et Ruptures ». Ministre (avec Ouyahia,
Smail Hamdani, Benbitour, Benflis, ..), député , membre du Bp
du Fln, président de l’Apn de juin 2002 à juin 2004….
démissionnant (certains affirment « poussé à la
démission ») avec l’arrivée au pouvoir en force de ceux qui ne « sentaient » plus trop tous les
« autres » . Un livre de souvenirs et de réflexions bien plus que des mémoires avec une (trop ?)
profonde plongée dans l’Histoire (et ses
histoires) du pays ? Peu de révélations, beaucoup d’interrogations.
Normal. C’est un tout jeune de la nébuleuse Fln.
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On a , enfin ,Abderrahmane Hadj-Nacer avec « La Martingale
Algérienne. Réflexions sur une crise ».
Encore un « tout jeune » .
Qui s’est retrouvé
brutalement plongé dans la nomenklatura des
« réformateurs » hamrouchiens. Gouverneur
de la Banque centrale de 1989 à 1992, il dit avoir l’un des initiateurs d’une
nouvelle technique en matière de gestion de la dette extérieure, le
« reprofilage » . Débarqué par un Belaid Abdesselem
« revenu » , de manière inattendue, sur la
scène (chef du gouvernement juste après Ghozali) en
véritable éradicateur de cadres non-dirigistes ou accusés de libéralisme et
d’autres « ismes ». Aujourd’hui,
consultant international dans le secteur bancaire. Un livre d’économie et de
« mises au point », mais aussi un retour aux
origines. Décidemment, depuis le grand
succès du livre de Mostefa Lacheraf, Des Noms et
des lieux. Mémoires d’une Algérie oubliée, tout le monde s‘y plonge et
fait dans la socio !
A retenir que pour parvenir au triangle gagnant, il faut , dit-il, résoudre quatre équations : La
conscience de soi grâce à la connaissance de la sociologie ,de la culture et de
l’histoire du pays, l’existence d’une élite nationale, une économie performante
avec démocratie…….et une liberté, fut-elle économique , avec
un Etat fort. Un vrai sac de nœuds ! Surtout que nos politiques
sont beaucoup plus amateurs des jeux de « ronda »
ou de « dominos »
que de martingale ou de poker .