INDUSTRIES-
ENQUÊTES ET REPORTAGES- FORUM EL MOUDJAHID/MINISTRE AOUN 12.5.2024/ DÉTAILS
© Synthèse Nadjia Bouaricha/El Watan, 13 mai 2024
Le ministre de l’Industrie et de la Production
pharmaceutique, Ali Aoun, souligne (Forum D’El Moudjahid, dimanche 12 mai 2024)
que l’apport de son secteur au PIB a atteint, 4,1% et que l’objectif est
d’atteindre 10% en 2027.
Une
année après son installation à la tête du ministère de l’industrie et de la
production pharmaceutique, Ali Aoun pointe du doigt l’organisation des
entreprises publiques du secteur en grands groupes industriels comme une des
principales difficultés enfreignant l’essor du secteur. «Si
le secteur public est arrivé à cet état, je l’incombe au management avec la
décision prise en 2018 de créer les fameux groupes industriels, c’est
humainement ingérable…
A
part les groupes GICA et Madar, – qui s’en sortent
parce qu’il s’agit d’industrie mono-produit –, les autres font face à des
difficultés à cause de cette organisation», expliquait
le ministre hier au forum d’El Moudjahid. Parmi les mesures prises pour réduire
de l’impact de cette structuration handicapante pour le management, figure la
mise en place au dernier trimestre de l’année dernière, du dispositif du
contrat de performances pour encourager les managers.
Ceci
et de qualifier d’erreur les privatisations qui ont concerné les entreprises
publiques en difficulté. «On ne privatise pas un tas
de ferraille», assure-t-il en notant que si privatisation il y a, elle doit
concerner les unités qui se portent bien. «Ce que nous
essayons actuellement de faire, c’est sortir les complexes industriels publics
de leur difficile situation. Nous avons sauvé l’Eniem
et dans le cas d’ENIE un programme est tracé pour l’aider»,
explique le même responsable.
Ali
Aoun invite les dirigeants des entreprises publiques à prendre des décisions et
ne pas avoir peur de les assumer, puisque l’acte de gestion n’est plus
pénalisé. «Nous avons constaté une certaine lourdeur,
des gestionnaires qui n’osent pas, alors que gérer c’est prendre des risques.»
«L’automobile,
une nécessité mais pas une priorité»
Ali Aoun, évoque par ailleurs les succès que
connaissent les secteurs de l’agroalimentaire (transformation agricole), et de
l’électroménager qui arrivent à répondre aux besoins du marché local. De même
pour le ciment (20 millions de tonnes) et la céramique ou encore l’industrie
pharmaceutique (3500 molécules sur 4600 sont fabriquées localement).
Concernant
le foncier industriel, Ali Aoun, dit qu’il s’agit d’un lourd héritage où des
parcelles importantes ont été octroyées à des projets fictifs ou spéculatifs.
«6000 hectares ont été récupérés à ce jour et bientôt sera annoncée la
naissance de l’agence nationale pour le foncier public et industriel qui est la
fusion de deux sociétés et sera organisée en EPIC pour se charger de gérer et
recenser les zones industrielles.»
Le
ministre de l’Industrie, Ali Aoun, souligne que l’apport de son secteur au PIB
a atteint, 4,1% et que l’objectif est d’atteindre 10% en 2027. Pour atteindre
ce niveau «tout est prioritaire dans le secteur de
l’industrie, car le marché est demandeur dans toutes les filières», estime-t-il
en notant toutefois que si le véhicule est nécessaire il n’est pas prioritaire.
Le
secteur de l’automobile qui représente un segment de l’industrie mécanique ne
devrait pas, dit-il, constituer une priorité, même si cela reste une nécessité
et même s’il capte l’intérêt des investissements étrangers au même titre que
l’industrie pharmaceutique.
Ali
Aoun a rappelé que 27 agréments ont été octroyés en 2023 à des concessionnaires
pour répondre à la demande locale. «Nous avons
constaté beaucoup d’anomalies, avec certains concessionnaires qui se sont
adonné à des pratiques antiréglementaires», indique le ministre en notant que
la plateforme dédiée aux réclamations des clients a recensé pas moins de
20 000 cas liés principalement au retard d’acheminement des
véhicules.
«Ces
concessionnaires ont été rappelés à l’ordre et risquent de perdre leur agrément
s’ils ne se conforment pas au cahier des charges», assure le ministre en
soulignant que dans ce secteur contrairement à ce que l’on pourrait croire tout
est à refaire.
Interrogé
sur le devenir des usines de montage, Aoun a affirmé qu’il ne s’agit aucunement
d’usine mais de hangars. «J’ai été déçu en constatant
de visu qu’il n’y avait rien dans ces soit-disant
usines…Tout est à refaire, même les quelques équipements qui existaient ont été
cannibalisés», dit-il en avertissant « certains cercles » qui veulent les
reprendre qu’il s’agit de la propriété de l’Etat et c’est l’Etat qui décidera
de leur sort.
Ceci
et d’affirmer ne pas être «un partisan de la reprise
du flambeau de l’intégration. Dans une économie mondialisée, l’intégration ne
veut rien dire », assure Aoun en notant qu’il faut d’abord asseoir un tissu
industriel riche et diversifié.
A
une question sur le devenir du projet du port d’El Hamdania,
le ministre répondra en retour : «Pour quelle utilité
? » « Je n’y crois pas trop, c’est un projet qui est mal parti, lancé dans une
conjoncture de non gestion. Il est actuellement à l’arrêt et j’estime qu’il faut
se poser la question de savoir s’il faut le garder.»
Le
ramassage des peaux de moutons sera rémunéré
Pour
l’Aid el Kebir de cette
année, le ministre de l’industrie annonce que les citoyens désireux de donner
les peaux de moutons aux unités de ramassage, seront encouragés moyennant une
somme d’argent symbolique. Il s’agit d’un encouragement pour inciter les
citoyens à participer à l’opération de recyclage de ces peaux très utiles pour
l’industrie du cuir. « L’année dernière, sur 4 millions de têtes de moutons
sacrifiés, 1,2 million de peaux ont été récupérées » indique Ali Aoun en notant
que seuls 20% de ces peaux étaient conformes à l’utilisation industrielle.