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Budgets défense Monde/Etude Sipri 2024 (Complément)

Date de création: 23-04-2024 20:32
Dernière mise à jour: 23-04-2024 20:32
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DEFENSE- ETUDES ET ANALYSES- BUDGETS DEFENSE MONDE/ ETUDE SIPRI 2024 (complément)

© Extrait du Figaro

En hausse de 6,8 %, les budgets de défense atteignent près de 2 500 milliards de dollars, selon le rapport du Sipri.

Jamais les dépenses militaires n’avaient autant progressé d’une année sur l’autre : + 6,8 % en 2023, par rapport à 2022, à 2 443 milliards de dollars. Presque l’équivalent du PIB annuel de la France ! Cela, alors que ce budget avait franchi le cap des 2 000 milliards en 2021. «Il s’agit de la plus forte augmentation depuis 2009 et du plus haut niveau jamais atteint par les budgets militaires dans le monde », souligne le Stockholm Institute for Peace (Sipri), dans son rapport annuel, publié  lundile 22 avril 2024.

La Défense a représenté 2,3 % du PIB mondial, l’an dernier. Soit « 306 dollars par être humain » sur la planète. Derrière ces statistiques, transparaît un monde en guerre ou qui s’y prépare. Le rapport cite bien sûr la guerre actuelle en Ukraine et l’affrontement entre Israël et le Hamas au Moyen-Orient depuis le 7 octobre. Mais aussi la montée des tensions en Asie – autour de la question de Taïwan notamment.

Au total, 55 conflits armés, moins médiatisés mais d’ampleur, se déroulent dans le monde, selon le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies (CDH). « L’humanité a rarement été confrontée autant de crises qui s’intensifient », avait déclaré le CDH, en mars dernier, en citant la Corne de l’Afrique, le Sahel, la Birmanie, la Syrie, le Nigeria, le Soudan mais aussi la déstabilisation du Moyen-Orient, les attaques houthistes en mer Rouge, les incidents répétés en mer de Chine...

Si tous les pays s’arment, les dépenses sont fortement concentrées au sein d’un petit groupe. En tête, et de très loin, les États-Unis et la Chine qui ont représenté 50 % du total, avec des budgets de, respectivement, 916 milliards (+ 2,3 % en 2023) et 296 milliards (+ 6 % en un an, + 60 % sur dix ans). La Chine représente, à elle seule, la moitié des dépenses militaires des régions Asie et Océanie. Face aux ambitions et revendications chinoises, les pays voisins se préparent à une éventuelle confrontation. Et au premier chef Taïwan, dont le budget défense a augmenté de 11 % à 16,6 milliards.Les dix premiers pays du classement établi par le Sipri ont dépensé 105 milliards de plus en 2023, portant le total cumulé à 1 799 milliards. La Russie et l’Ukraine se sont classées au 3e et au 8e rang, respectivement en 2023. De son côté, l’Ukraine a augmenté son budget défense de 51 %,à 64,8 milliards en 2023, ce qui représente 37 % de son PIB.

Après l’électrochoc provoqué par la guerre en Ukraine, l’Europe a réagi. Les pays de l’Est européen, proches de la frontière russe, ont aussi musclé leur budget militaire. C’est le cas de la Pologne, au 14e rang mondial, dont le budget a crû de 75 % en 2023, à 31,6 milliards. Mais c’est aussi celui des pays d’Europe de l’Ouest, tels que l’Allemagne, au 8e rang mondial, (+ 9 % à 64,8 milliards), passée devant la France, 9e, (+ 6,5 %, à 61,3 milliards). Un phénomène de rattrapage après des années de sous-investissements depuis la fin de la guerre froide, au début des années 1990.La prise de conscience de la menace russe a aussi « réveillé » l’Otan dont les 32 pays membres ont représenté, avec 1 341 milliards, 55 % des dépenses militaires mondiales en 2023. Les États-Uni supportent 68 % des dépenses de l’Alliance atlantique, contre 28 % pour les États européens. Les 4 % restant se ré- partissant entre le Canada et la Turquie.Onze États membres de l’Otan, soit quatre de plus en un an, consacrent désormais au moins 2 % de leur PIB à la défense... dix ans après en avoir pris l’en gagement. « Un autre objectif – investir au moins 20 % dans l’équipement des armées – a été atteint par 28 États membres, contre 7 seulement en 2014 », relève le rapport.Dans la poudrière du Moyen-Orient, Israël a augmenté son budget militaire de 24 % l’an dernier, devenant, avec 27,5 milliards de dollars, la 2e puissance de la région en termes de dépenses, loin toutefois derrière l’Arabie saoudite (75,8 milliards, + 4,3 %), qui se classe au 5e rang mondial.L’inflation des dépenses militaires reflète aussi la hausse des volumes produits d’armes conventionnelles, telles que des pièces d’artilleries (le canon Caesar produit par Nexter notamment), et des

« consommables » comme les obus et les drones kamikazes de toute taille, lesquels sont parfois issus du monde civil avant d’être militarisés. Mais aussi, les efforts en R&D pour développer des armements de nouvelle génération (missiles hypervéloces par exemple), moderniser les arsenaux nucléaires (France, Royaume-Uni, Inde, Pakistan notamment) ou augmenter le nombre d’ogives, comme en Chine (+20%). Les efforts portent aussi sur le renforcement des moyens des nouvelles armées de cybercombattants et de l’espace (satellites d’écoute et d’observation, internet spatial, etc.), créées à partir de 2019 notamment aux États-Unis, en France et en Australie.