RELATIONS INTERNATIONALES- MAGHREB- RÉUNION
CONSULTATIVE (ALGÉRIE, TUNISIE, LYBIE) , LUNDI 22
AVRIL 2024 A TUNIS
Les dirigeants de l'Algérie, de la Tunisie et de la
Libye ont souligné, à l'issue de leur 1ère Réunion consultative tenue, lundi à
Tunis, la nécessité d'unifier les positions et d'intensifier la concertation et
la coordination pour renforcer les facteurs de sécurité, de stabilité et de
développement dans la région et accroître sa résilience face aux mutations
régionales et aux crises internationales successives.
Dans le Communiqué final du "Sommet de
Tunis", les dirigeants des trois pays frères, à savoir les
Présidents M. Abdelmadjid Tebboune, M. Kaïs Saïed et
M. Mohamed Younes El-Menfi, réunis au Palais de
Carthage, sont convenus de "l'organisation périodique de cette réunion, en
alternance entre les trois pays afin de hisser les relations bilatérales
privilégiées qui lient chaque pays à l'autre vers une nouvelle étape
qualitative axée, au-delà du cadre bilatéral, sur la réflexion et l'action
collectives". Ils ont réaffirmé leur conviction commune quant à
"la nécessité d'unifier les positions et d'intensifier la concertation et
la coordination pour renforcer les facteurs de sécurité, de stabilité et de
développement dans toute la région et accroître sa résilience face aux mutations
régionales et aux crises internationales successives d'ampleur, dont les
répercussions ne peuvent être affrontées par aucun pays individuellement",
outre "le besoin urgent pour les trois pays d'avoir une voix audible
unifiée et une présence influente et effective dans les différents espaces
d'appartenance régionaux et internationaux". Les dirigeants des trois
pays ont mis en avant "leur pleine disponibilité à s'ouvrir à toute
volonté politique sincère et crédible qui partage les mêmes priorités communes
constructives pour promouvoir et enrichir cette action collective commune et
approfondir l'entente et la coopération au service de la sécurité, de la
stabilité et du développement dans la région qu'il convient de mettre à l'abri
de la politique des axes et des dangers des ingérences étrangères". Ils
ont souligné "l’attachement des trois pays à l'indépendance des
décisions nationales, émanant de la volonté de leurs peuples respectifs, leur
souci d’établir des relations avec les autres pays et blocs régionaux et internationaux,
dans le cadre du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires
intérieures, et leur attachement à un ordre international multipolaire prônant
la coopération, la solidarité, la justice et l'équité dans les relations internationales
et l'égalité de tous devant le droit international". Ils ont insisté
sur la nécessité "d’étendre cette concertation et cette coordination,
au-delà des dossiers politiques, à tous les domaines du développement
socio-économique au profit des peuples des trois pays, en vue de réaliser leurs
aspirations légitimes à la stabilité, la prospérité et l'intégration". Les
dirigeants des trois pays ont également "exprimé leur rejet total des
ingérences étrangères dans les affaires libyennes et leur soutien aux
efforts visant à parvenir à l’organisation des élections à même de préserver
l'unité et l'intégrité territoriale de la Libye et de garantir sa sécurité, sa
stabilité et sa prospérité, tout en soulignant le rôle pivot des pays voisins
de la Libye en soutien aux autorités libyennes dans le processus de
restauration de la stabilité et de la sécurité et dans les efforts de
reconstruction". Le Communiqué final a, par ailleurs, "condamné
avec force les violations quotidiennes flagrantes, les crimes de guerre et
le génocide commis contre le peuple palestinien frère, réitérant l’appel urgent
à la communauté internationale pour que soit immédiatement mis fin à
l'agression barbare, pour la levée totale du blocus imposé à la bande de Ghaza afin de permettre l’acheminement des aides
alimentaires et médicales et la poursuite en justice des dirigeants de
l'occupation pour leurs crimes".Les trois
dirigeants ont, à cet égard, affiché "leur soutien constant à la
résistance du vaillant peuple palestinien pour le recouvrement de tous ses
droits historiques légitimes et l'établissement de son Etat indépendant
pleinement souverain avec El-Qods comme capitale,
ainsi que leur soutien inconditionnel au droit de l'Etat de Palestine de
devenir membre à part entière de l’ONU". Les dirigeants des trois pays
ont en outre "mis en garde contre le danger des interventions étrangères
dans la région sahélo-saharienne et leurs répercussions sur la paix dans
les pays de la région et dans le monde", soulignant la nécessité "de
soutenir la sécurité et la stabilité des pays de cette région, de protéger leur
souveraineté nationale et leur intégrité territoriale et de renforcer la
coopération avec eux en matière économique, commerciale et de
développement". Ils ont également insisté sur la nécessité pour
"l'action arabo-africaine commune d’assumer sa responsabilité et son
rôle dans le cadre des efforts onusiens visant à mettre un terme à la
souffrance sur le plan humanitaire exacerbée du peuple soudanais frère et à
imposer la cessation des hostilités et le renoncement à la violence au profit
du dialogue comme moyen pour régler la crise au Soudan, tout en préservant ses
capacités, sa sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale". L’accent
a également été mis, dans le document, sur la nécessité "d'approfondir
davantage les consultations et l'échange d'analyses, d'évaluations et
d'informations sur le phénomène du terrorisme, la traite des êtres humains,
le trafic de drogue et le crime organisé, en vue de protéger la région de ces
fléaux". A la lumière des menaces et des défis auxquels sont confrontés
les trois pays du fait des mutations en cours dans la région et dans le monde,
et afin de renforcer la coopération et d'activer les efforts conjoints visant à
renforcer la capacité de leurs peuples à faire face aux répercussions de la
crise économique mondiale, notamment en matière de sécurité hydrique,
alimentaire et énergétique, les trois dirigeants sont convenus de "créer
des groupes de travail conjoints chargés de coordonner les efforts visant à
protéger les frontières communes contre les risques et les conséquences de la
migration irrégulière et les autres manifestations du crime organisé".
Ces groupes de travail seront également chargés de "mettre en place une
approche participative pour le développement de ces régions, en veillant à
unifier les positions et les discours en direction des différents pays frères
et amis concernés par le phénomène de la migration irrégulière au nord de la
Méditerranée et en Afrique subsaharienne". Il a également été convenu
de "créer un groupe de travail conjoint chargé d’élaborer des mécanismes
permettant de mettre en place des projets et des investissements conjoints
d’envergure dans des domaines et secteurs prioritaires, tels que la production
de céréales et de fourrage et le dessalement de l'eau de mer, ainsi que
d'autres projets et programmes de coopération visant à assurer la sécurité
hydrique et alimentaire des trois pays". Il s’agit, entre autres,
"d’activer au plus vite des mécanismes conjoints pour l’exploitation des
eaux souterraines communes dans le Sahara septentrional, d’accélérer la mise en
œuvre du projet d'interconnexion électrique des réseaux de transport d'électricité
entre les trois pays et de développer la coopération et d’établir des
partenariats dans le domaine de l'exploration, de la production et du stockage
de produits pétroliers et dans les secteurs des mines et des énergies
renouvelables et propres comme l'hydrogène vert". Il s'agit aussi
"d’aplanir les difficultés qui entravent la circulation des biens et des
marchandises entre les trois pays, d'examiner les moyens d'accélérer les
échanges entre eux, de créer des zones franches communes et d'accélérer l'adoption
de mesures appropriées pour faciliter la circulation des personnes et des
marchandises, notamment en développant les réseaux de transport routier et
ferroviaire et en créant une ligne maritime régulière reliant les trois
pays". Il a, par ailleurs, été convenu "de mettre en place des
programmes de travail pour la mise en valeur des divers aspects du patrimoine
culturel commun, de renforcer la coopération dans les domaines de la
recherche scientifique, de la formation professionnelle, des technologies modernes
et des échanges d'étudiants et de jeunes, et d’encourager la production de
programmes culturels et éducatifs conjoints".
Au terme de cette 1 ère Réunion
consultative, il a été décidé de "charger des points de contact, qui
seront désignés par chaque pays, de suivre la mise en œuvre de ce qui a été
convenu en prélude à la tenue de la prochaine réunion consultative, dont la
date et le lieu seront fixés d’un commun accord entre les dirigeants des trois
pays".