RELATIONS INTERNATIONALES- MOUVEMENT DES NON ALIGNÉS-
CONFÉRENCE DE BANDŒNG (AVRIL 1955)
Les peuples afro-asiatiques commémorent jeudi 18 avril
2024, le 69 e anniversaire de la Conférence de
Bandung (18-24 avril 1955) qui avait boosté les mouvements de libération dans
leurs continents et posé les jalons d'une nouvelle diplomatie en faveur de la paix,
de la justice et contre l'exclusion des valeurs et des idéaux défendus
ardemment par l'Algérie qui œuvre à faire avancer la paix dans le monde. Tenue sur
l'île de Java en Indonésie, en présence des dirigeants de 29 pays nouvellement
indépendants (23 d'Asie et 6 d’Afrique) et plusieurs délégations, dont la
délégation algérienne conduite par les membres du FLN Hocine Ait Ahmed et M'hamed Yazid, la Conférence de Bandung
s'est vite fixée le cap, en plaçant la décolonisation des peuples, le
non-alignement, la non-ingérence, la coexistence pacifique et le développement
économique comme principaux axes de son action.
Ces idéaux ardemment portés et défendus par les
leaders historiques de cette époque, dont le président indonésien, Sukarno, le
Premier ministre indien Nehru, le Premier ministre chinois Chou Enlai et
l'Egyptien Gamel Abdel Nasser, furent rapidement
concrétisés. En effet, pas moins de 31 pays africains croupissant depuis de
longue date sous le joug colonial, ont pu accéder, en l'espace de quelques années,
à leur indépendance, tandis que 12 autres pays appartenant aux deux continents
ont été admis aux Nations-unies en tant que membres à part entière.La
question algérienne, largement abordée lors des travaux de cette réunion, s'en
est sortie, elle aussi, victorieuse, dans la mesure où cinq mois plus tard,
soit en septembre 1955, cette dernière a été inscrite pour la première fois à
l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations-unies. Cet acquis a
internationalisé la cause nationale et élargi ses défenseurs à travers le
monde.
Pour le moudjahid et ancien diplomate, Noureddine Djoudi, la conférence de Bandung a été un évènement
"majeur" et un tournant "décisif" dans les relations entre
le tiers-monde et les grandes puissances, soulignant qu'elle a permis à la
diplomatie de guerre initiée par le Front de libération national (FLN) de
trouver un premier champ d'action pour sensibiliser l'opinion publique
internationale à la cause nationale."La Conférence
de Bandung a certainement été un événement majeur et un tournant décisif dans
les relations entre le tiers-monde et les grandes puissances, et notamment les
puissances colonialistes et impérialistes", a souligné N. Djoudi, dans une déclaration à la presse , à l'occasion de
la commémoration du 69e anniversaire de la tenue de cette conférence
historique. "Pour l'Algérie, elle présentait un intérêt particulier dès
lors qu'elle était convoquée en 1955, soit six mois à peine après le
déclenchement de la lutte armée le 1er Novembre 1954", a-t-il expliqué. Selon
lui, "la diplomatie de guerre initiée par le FLN y trouvait un premier
champ d'action pour sensibiliser l'opinion publique internationale à notre
cause, une lutte armée extrêmement difficile dans une guerre asymétrique face à
une puissante armée coloniale soutenue par ses alliés de l'OTAN".
Dans ce contexte, le doyen des diplomates algériens a
rappelé que la Révolution algérienne a dépêché une importante délégation menée,
entre autres, par Hocine Aït Ahmed, M'hamed Yazid et
Mohamed Seddik Ben Yahia dont la mission était de
"convaincre les conférenciers de reconnaître le FLN comme seul
représentant légitime de la lutte du peuple algérien". "La
reconnaissance du FLN par la Conférence de Bandung a donc été la première
grande victoire de la jeune diplomatie algérienne qui en annonçait d'autres à
venir au plan international", a-t-il souligné. Par ailleurs, N. Djoudi a fait remarquer que "les principes arrêtés par
les leaders afro-asiatiques et européen en la personne du Yougoslave Tito,
étaient en parfaite harmonie avec les principes qui étaient inscrits dans la
nature même de la Révolution du 1er novembre 1954". "Notre héritage
millénaire tout comme les principes énoncés de manière directe ou implicite
dans l'Appel du 1er novembre et la plateforme de la Soummam démontrent
clairement que la Révolution algérienne ne se limitait pas à la seule
libération du territoire national colonisé par la force des armes mais portait
en elle un message universel de liberté, de dignité et d'humanisme",
a-t-il fait remarquer.
A cet égard, il a tenu à rappeler qu'"en pleine
guerre de libération, dès les années 1958/59, l'Armée de libération nationale
(ALN) aidait déjà à la formation de combattants de l'Afrique sub-saharienne
toujours colonisée ou sous régime d'apartheid", relevant que les principes
énoncés dans la déclaration finale de la Conférence de Bandung ne pouvaient
qu'accueillir l'"assentiment" de l'Algérie.
Il n'en demeure pas moins, poursuit l'ancien
diplomate, que "le non-alignement préconisé par la Conférence est devenu
et reste aujourd'hui pour l'Algérie une constante et un crédo farouchement
défendu par notre politique étrangère".Et
d'ajouter: "Nos positions défendues à l'ONU et au Conseil de sécurité le
démontrent amplement notamment pour ce qui est des droits inaliénables des
peuples palestinien et sahraoui, et de la construction d'un ordre mondial plus
juste, plus humain et plus équilibré". N. Djoudi
a, par ailleurs, indiqué que "l'inscription de la question algérienne à
l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies est la conséquence
directe des principes énoncés dans la déclaration de la Conférence de Bandung,
de sa reconnaissance du FLN et de l'action décisive de la représentation du FLN
à New York". Il a notamment rappelé l'"influence" que le
regretté Si Abdelkader Chanderli avait auprès de la
presse et de la puissante centrale syndicale des Etats-Unis, et même auprès du
jeune sénateur et futur président John Fitzgerald Kennedy. "L'historique
conférence de Bandoeng a été clôturée le 24 Avril 1955. Cinq mois après, le 30
Septembre 1955 la question algérienne était inscrite à l'ordre du jour de
l'Assemblée générale des Nations Unies au grand dam de la diplomatie française
et sa prétendue +question intérieure+", a-t-il souligné.