HABITAT- VILLE- NEDROMA
Avec son site
défensif au pied de la chaîne de montagnes du Fillaoucen,
non loin des ports de Honaïne, Ghazaouet,
et Sidi Youchaa, Nedroma
est située du côté de la mer. De nombreux vestiges remontant à des périodes
historiques témoignent des diverses dynasties qui s'y sont installées.
L'abondance d'eau et l'existence
d'une végétation luxuriante et surtout la découverte de vestiges tels que les
lames de silex ou fragments de poterie dans les grottes de la région, attestent
d'une implantation humaine très ancienne qui remonterait à la préhistoire. Ce
n'est qu'au IXe siècle que l'historien et géographe arabe Ahmed Ibn-Wadah El-Ya’kubi (mort en Egypte
vers 897) dans son livre «Kitâb-el-Buldân» (Les pays), traduit par l'orientaliste Gaston Wiet, nous rapporte qu’elle aurait pris la place de Fillaoucen. Cette ville a pris le nom de Nedroma : tribu berbère issue des Koumia
entre les IXe et XIe siècles. Cette appellation a été mentionnée pour la
première fois par un autre historien et géographe arabe : Abû Obaïd Allah-el-Bekri (1040-1094)
dans son ouvrage «Kitâb-el MasâlikWa-Mamâlik» : (description de l'Univers connu au XIe
siècle dont il ne reste que des fragments, notamment la partie relative à
l'Afrique du Nord et au Soudan). Ce furent les Almoravides (1056-1147) venus du
Sud, qui l’occupèrent en 1079 où fut érigée la grande Mosquée, vers la fin du
XIe siècle du temps de Youssef Ibn Tachfine (la
mosquée almoravide de Tlemcen fut fondée par Ali Youssef Ibn Tachfine, mort en 1143). La grande Mosquée de Nedroma serait pourvue d'une chaire identique, semble-t-il,
à celle de la Mosquée de Cordoue. La région opposa aux attaques françaises, une
résistance armée de 1831 à 1847 sous la conduite éclairée de l'Emir Abdelkader
qui dût y livrer pour ce faire, des batailles acharnées. Elle avait d'ailleurs chez
les colonialistes, la réputation d'être «une cité
dure» parce qu'elle avait rejeté à sa manière la tutelle d'un administrateur
français qui s'était rendu particulièrement odieux à la population en
1898-1899. L'activité des partis politiques algériens s'organisa sérieusement à
partir de 1930 dans cette région qui reçut en 1932 la visite du cheikh Benbadis, celles du cheikh el-Bachir el Ibrahimi
(1889-1965), les 6 et 11 septembre 1949 venu pour inaugurer la Médersa
Abdelmoumen Ibn'Ali. Il s'en suivit une intense
activité politique et culturelle à laquelle l'occupant opposa des mesures de
répression. Cette Médersa fut fermée à la suite d'un attentat perpétré le 7
mars 1956, pendant la visite du préfet, dans la ville. L'action révolutionnaire
commença évidemment bien avant cette date. Attentats, fouilles, recherches,
arrestations, tortures, condamnations, exécutions, emprisonnements, se
multiplièrent. Tel est très brièvement relaté le passé d'une vieille ville,
dotée d'une mosquée almoravide dominant le quartier populeux de la place de «la
Tarbia»
et de ruines importantes datant de l'ère d'Abdel Moumen Ibn Ali, le fondateur
de cette cité. Sa vocation touristique et agricole, son artisanat et son passé
font d’elle un endroit où l'art, la culture et la musique andalouse ne manquent
pas.