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Ziryab

Date de création: 08-04-2024 14:11
Dernière mise à jour: 08-04-2024 14:11
Lu: 149 fois


CULTURE- MUSIQUE- ZIRYAB

La figure du musicien Ziryab est l’une des plus marquantes de toute l’histoire de l’Espagne musulmane (al-Andalous). Ce personnage, haut en couleur, incarne, en effet, le faste de la cour des Omeyyades de Cordoue (756-1031). Né vers 790, en Irak, Abou al-Hasan Ali ibn Nafi, surnommé Ziryab («le merle»), apprit la musique auprès des plus grands maîtres. Il y excellait tant, qu’à Bagdad on l’introduisit auprès de Harun al-Rashid (786-809). Àcette époque, les Abbassides régnaient sur le monde arabomusulman, avec à leur tête le calife Harun al-Rashid, certainement l’un des califes abbassides les plus connus et les plus intéressés par la science et les arts. Le musicien du calife, Ishaq al-Mawsili (Ishaq de Mossoul, ville en Irak) jouissait d’une grande réputation. Et c’est sous son aile que le jeune Ziryab apprit la musique. Un jour, convoqué au palais du calife, on lui demanda de chanter une chanson. Il accepta, à condition d’utiliser son propre luth, son instrument de prédilection. Le calife l’autorisa et Ziryab montra tout ce dont il était capable. Le calife tomba sous le charme et voulut contribuer à son apprentissage. Fou de rage, Ishaq aurait par la suite menacé son élève, par peur qu’il lui vole sa place auprès du calife : il aurait exigé son départ loin de Bagdad en lui proposant de l’argent. Ziryab prit l’argent et se mit en route, sans se douter que cette décision allait avoir une influence sur son destin. Il réapparut quelques années plus tard, en Tunisie, d’où il finit par prendre la direction d’al-Andalous. Abd al-Rahman II (822-852), tout juste monté sur le trône de Cordoue, l’y reçut princièrement. Il fut traité avec la plus haute considération jusqu’à sa mort, en 857. Grand lettré, Ziryab se distingua à la cour des Omeyyades comme un musicien hors pair : le chroniqueur Ibn Hayyan (XIe siècle) le décrit comme «le meilleur et le plus merveilleux chanteur d’al-Andalous». On attribue à Ziryab la fondation, à Cordoue, d’une école où lui et ses fils enseignèrent une musique originale, mâtinant les codes de la musique irakienne d’innovations diverses, rythmiques, mélodiques et textuelles Plusieurs avancées techniques (ajout d’une cinquième corde au luth, emploi d’un plectre en plume d’aigle...) sont également mises à son crédit. Apportant avec lui une partie du raffinement de la prestigieuse cour de Bagdad, Ziryab devint l’arbitre des élégances de l’Espagne omeyyade. Il était un grand esprit : poète, musicien, chanteur, cosmétologue, styliste, célébrité, lanceur de tendance, stratège, astronome, botaniste, géographe ! Deux de ses trouvailles subsistent dans notre société. Il a, en effet, introduit l’idée du repas trois services (soupe, plat principal et dessert), ainsi que l’utilisation du cristal pour fabriquer des verres (auparavant, les verres étaient faits en métal). De plus, il est à l’origine de nombreux changements. Les changements sociétaux qui se sont opérés sous l’influence de Ziryab sont considérables. Il est le promoteur d’une série de pratiques nouvelles touchant à la manière de se farder, de s’épiler, de se coiffer, de s’habiller. Il a, en effet, lancé de nombreuses tendances comme celles des cheveux courts et de la barbe rasée pour les hommes et de s’habiller en fonction des saisons. On dit également qu’il aurait créé un dentifrice à bon goût, ce qui a permis de développer l’hygiène dans sa région, ainsi qu’un déodorant. Il était connu pour préconiser la baignade deux fois par jour, par souci d’hygiène.