HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ESSAI MOHAMED CHAFIK MESBAH- « IDÉOLOGIE POLITIQUE ET MOUVEMENT NATIONAL
EN ALGÉRIE......... »
Idéologie politique et
mouvement national en Algérie (Des projets partisans au projet de renaissance
nationale) (1936-1956). Essai de Mohamed Chafik Mesbah . Casbah Editions,
Alger 349 pages, 1 500 dinars
On pensait déjà tout
savoir sur l’Histoire du Mouvement national en Algérie. Le dernier
ouvrage de Chafik Mesbah, bien connu pour ses
analyses politiques qui n’ont jamais laissé indifférents (d’autant qu’il n’a
jamais fait mystère de sa vocation à être un « intellectuel
organique au service de la patrie ».....un « statut exigeant »
selon lui) tant il vise juste (souvent) et frappe fort (parfois) , vient
apporter à la recherche universitaire sur la période 1936-1946, un éclairage
complémentaire assez utile à la compréhension des hauts et des bas de la
période étudiée....avec ses conséquences sur l’évolution de la chose
politique....et ce , peut-être, jusqu’à nos jours.
Il faut préciser que
l’ouvrage est le prolongement d’une thèse soutenue en juillet 1981, thèse
reprise quasi-complètement, quelques annexes ayant été écartées car tombées
depuis dans la documentation, ouverte , ainsi qu’une bonne partie de la bibliographie.Une thèse qui avait soulevé , nous dit-on,
lors de sa soutenance, un débat houleux......tout particulièrement autour de la
partie relative au rôle politique de l’armée en général et à celui de l’Armée
de libération nationale (Aln) en particulier.
L’ouvrage débute avec
une première partie qui tente d’approfondir et de préciser la problématique
théorique soulevée par le concept du nationalisme.
Une deuxième partie
s’attache à situer les courants politiques qui ont animé le mouvement national
algérien et les projets partisans qui en ont résulté.
La troisième partie
reconstitue des phases théoriques et des étapes organiques qui ont jalonné tant
le processus d’élaboration du projet de renaissance nationale que celui de sa
mise en œuvre, lequel fut caractérisé par le recours à la lutte armée puis par
l’apparition de reclassements idéologiques résurgents et l’émergence
d’appareils politiques concurrents.
Et, pour terminer, une
partie consacrée à l’approche théorique du statut politique de l’armée dans le
processus de renaissance nationale et de ses implications pratiques.
L’Auteur :Né le 11 juillet 1949 à Alger. Lycée franco-musulman de Ben-Aknoun, études supérieures (Iep/Alger),
licence en sociologie (Paris V) et D.e.s en
Sciences politiques (Paris II), thèse de Doctorat d’Etat en Sciences politiques
(Université d’Alger, 1981).Journaliste (Rta,
1971-1974), engagé dans les rangs de l’Anp en 1975 et
officier supérieur , en avril 2020 Directeur général de l’ Agence algérienne de
coopération internationale pour la solidarité et le développement (Aaci/sd) puis Conseiller à
la Présidence de la République . Auteur de plusieurs études ,
essais , articles de presse et ouvrages .
Table des matières : Préface ( Colonel Khatib Youcef dit Si Hassan)/
Avant-propos/ Introduction/ Première partie :Courants politiques et
projets partisans/ Deuxième partie : Des projets partisans au projet de
renaissance nationale/ Troisième partie : L’Armée, instance
politique ?/ Bibliographie d’ensemble/ Chronologie du Mouvement national
algérien
Extraits : « A mon avis, le
rôle de notre armée est défini, en principe, par la Constitution. Le rôle
constitutionnel qui lui est dévolu m’amène à affirmer , justement, que l’armée
ne doit pas être la source du pouvoir et q’elle
doit être placée , au contraire, sous l’autorité du pouvoir qui incarne
,légitimement, la souveraineté populaire » (Préface du Colonel
Khatib Youcef dit Si Hassan.Extrait, pp 19-20),
« Il aura fallu l’ampleur de l’insurrection du 8 mai 1945, et la
densité des événements qui en résultèrent, pour que le courant réformiste
bourgeois accomplisse définitivement sa mue » (p58), « La
sacralisation spirituelle de la France, voire de la civilisation
occidentale constitua une orientation cardinale du courant réformiste
bourgeois qui distingua tpujours « la France
métropolitaine » de celle des « colons » (p 80) « Tandis
que 173 000 soldats algériens combattaient dans les rangs de l’armée
française (Note :Durant la première Guerre mondiale) ,
environ 120 000 Algériens, dont 78 000 sur réquisition de
l’administration, furent utilisés dans l’industrie et l’agriculture en
France ((p 85), « Le PPA renoua durant la Seconde guerre mondiale,
et plus ostensiblement encore lors de l’insurrection populaire du 8 mai 1945,
avec le mot d’ordre d’indépendance nationale qui depuis ne souffrit plus de
contestation en son sein » (p157), « Les écoles de l’Aouma dont le but, au départ, était de revivifier
l’enseignement de la langue arabe et celui de la religion musulmane, se transformèrenet rapidepment en
refuge ultime pour les jeunes algériens musulmans de condition sociale modeste,
que le système scolaire farnçais rejetait
systématiquement « (p 175), « l’Aouma
(....) n’aborda), précisément, le thème de l’indépendance nationale que par
métaphores » (p182), « Prisonnier lui-même des pesanteurs
sociologiques de la société française, le Pcf fut conduit, en effet, à épouser
les abstractions idéologiques dont se repurent si bien ces « bons français,
soucieux de l’avenir et de la grandeur de leur pays » (p 237)
Avis :Un pan (important) de l’histoire politique du pays. Présenté et analysé dans
tous ses détails ; peut-être un peu trop pour certains, et pas assez pour
d’autres. Un ouvrage plus qu’utile, nécessaire au chercheur,
à l’ étudiant, et pourquoi pas au citoyen lambda, curieux et en
quête de savoir.De plus, un auteur qui nous a
habitués à aller toujours plus loin.....et toujours droit dans ses bottes.
Citations : « Un pays n’est
pas militairement fort en raison de ses armées et de son armement, mais il
l’est réellement en raison de son potentiel économique et humain qui
permet d’avoir et de renouveler ces armées et cet armement » (p134),
« Le phénomène « petit-blanc » , résultat d’un processus
complexe au terme duquel les catégories sociales inférieures et intermédiaires
de la population européenne implantée en Algérie s’identifiaient, en totalité,
aux schémas idéologiques véhicules par l’ensemble de la société
coloniale » (p196), « La restructuration par l’état-major général mis
en place par le Grua en janvier 1960, des unités de
l’Aln installées aux frontières , leur initiation aux
formes de combat militaire classique, l’éducation politique intense de la
troupe et l’instauration d’une rigoureuse discipline militaire donnèrent,
pourtant, à cette armée la conscience de sa force. Aussi, voulut-elle, tout naturellement , s’ériger en instance politique » (p
270), « L’armée, loin d’être la grande muette, s’est souvent érigée
, malgré elle, en véritable arbitre pour départager , selon une logique qui lui
est propre, les forces politiques en présence » (p279)
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