HISTOIRE-GUERRE
DE LIBÉRATION NATIONALE- MASSACRE (PARIS) D’ALGÉRIENS DU 17 OCTOBRE 1961/
CONDAMNATION
Soixante-trois
ans après les massacres du 17 octobre 1961, l'Assemblée nationale française a
adopté, jeudi 28 mars 2024, une proposition de résolution condamnant la
répression violente des Algériens perpétrée sous l’autorité du préfet de police
Maurice Papon. Ce jour-là à Paris, des centaines de manifestants pacifiques
sont tombés en martyrs, selon les historiens. Durant cette nuit tragique,
30.000 Algériens bravèrent l’interdiction de manifester. Ils étaient venus en
famille pour défiler pacifiquement en faveur d'une «Algérie
algérienne», dans le contexte de la guerre d'Algérie, en réponse à l’appel de
la Fédération de France du Front de libération nationale. Ils furent violemment
réprimés, battus, et certains furent exécutés ou jetés dans la Seine par les forces
de l'ordre commandées par le préfet Maurice Papon. Des milliers d’autres furent
également arrêtés. Cet acte de répression faisait suite à l'appel à manifester
contre le décret du 5 octobre et son couvre-feu discriminatoire visant les «Français musulmans d’Algérie», dénoncé par les
manifestants. La proposition de loi, cosignée par les députées écologistes
d’origine algérienne Sabrina Sebaihi et Renaissance
Julie Delpech, a été approuvée dans une assemblée dispersée par 67 députés,
tandis que 11 votaient contre, issus des rangs du Rassemblement national. Le
texte a recueilli l’approbation de la gauche et de Renaissance, le parti
présidentiel. Il pointe la responsabilité du préfet de police de l’époque,
Maurice Papon. «Nous atteignons un niveau de réécriture
historique sans précédent», a déclaré la députée. En plus de condamner les
actes de répression, la proposition «souhaite»
l’inscription d’une journée de commémoration de ce massacre dans l'agenda des
journées nationales et cérémonies officielles françaises. Aussi, la proposition
plaide pour une «reconnaissance et condamnation du
massacre» et sollicite l’inscription de cette journée commémorative dans le
calendrier des cérémonies nationales officielles. Un «travail
de réécriture à la virgule près» Ce n’est pas la première fois que la
parlementaire Sabrina Sebaihi s'engage sur ce sujet.
En effet, au mois d’avril 2023, une résolution avait déjà été déposée par ses
soins avant d’être retirée vu ses faibles chances d’être votée. Pour favoriser
son adoption, le texte a été discuté avec l’Élysée. L’écriture du texte a fait
l'objet d'un «travail de réécriture à la virgule près»
avec le parti présidentiel et l'Elysée pour parvenir à une version qui
convienne à l'exécutif, raconte la députée écologiste des Hauts-de-Seine
Sabrina Sebaihi. Elle a également salué ce vote comme
une «victoire symbolique» et une «importante étape
mémorielle», représentant la première avancée vers la reconnaissance de ce
crime colonial. «C’est une victoire pour l'histoire»,
a-t-elle souligné. «Je me félicite tout d’abord de
l’adoption de ce texte à une large majorité ce matin, avant tout pour les
survivants, pour les collectifs et associations qui travaillent, et qui
recherchent la vérité sur ce funeste crime du 17 octobre 1961.» Puis, Mme Sebaihi a dénoncé le mutisme des députés républicains,
critiquant leur silence face à ces événements tragiques. «La
lâcheté du groupe Les Républicains est manifeste, alors même qu’ils étaient il
y a quelques mois à l’origine d’une proposition de loi voulant revenir sur les
accords franco-algériens de 1968. Ce matin, ils n’ont ni expliqué leur position
de vote ni pris la parole, ni pris part au vote, nonobstant une députée LR
présente sûrement par hasard et s’étant abstenue. Comme si, au fond, à force de
taper sur les Algériens, ils préfèrent désormais les mépriser et les nier.» Elle a également exprimé son effroi, mais sans surprise
aucune, face au positionnement du Rassemblement national, soulignant leurs
explications de vote jusqu’à nier l’existence même du massacre, qualifiant les
événements de «fake news», à la tribune de l’Assemblée
nationale. Bien que cette adoption marque une étape importante vers la
reconnaissance de ce «crime d'État», Sabrina Sebaihi a souligné que le travail au parlement ne fait que
commencer, affirmant que ce texte n'est qu'une première étape vers la justice
et la vérité historique. Pour rappel, plusieurs personnalités et responsables
politiques français, dont les présidents Emmanuel Macron en 2021 et François
Hollande en 2012, ont précédemment reconnu la gravité des événements du 17
octobre 1961.