HISTOIRE-
RÉSISTANCE - CYRIA (RÉSISTANCE AUX ROMAINS)
Le nom de
Cyria véhicule l’histoire d’une illustre femme au
destin exceptionnelle. L’héroïne numide, qui précéda Dihya,
Fadhma N’soumer et autres
figures emblématiques de la résistance, ne voulait pas rester en marge de
l’histoire.
Qui est
cette héroïne méconnue ? Fille de Nubel, roi numide
de la tribu des Jubales, dont l’historien latin
Ammien Marcelin situe le fief aux environs des Bibans (sud-est de Béjaïa). Cyria fut une guerrière intrépide qui fit face aux légions
Romaines du général Flavius Théodose vers 371 durant la révolte de son frère
Firmus qui enflammera toute la Mauritanie césarienne.
La
princesse Cyria aurait vécu à Zamma,
près de la Mitidja, dans le domaine de son frère aîné Firmus. Ce dernier est
célèbre pour avoir mené une insurrection de grande envergure contre l’empire
romain, en défiant le comte et gouverneur de l’Afrique romaine Romanus qui lui déroba le pouvoir, à la mort de son père,
au profit de l’un de ces jeunes frères. Ce fut l’occasion pour Firmus et Cyria d’user de leur sympathie envers les tribus berbères
demeurées hostiles à l’occupant et de joindre leurs forces pour porter la
guerre sur les territoires directement gouvernés par le comte d’Afrique,
dictateur haï par ses sujets.
Selon
Ammien Marcelin, les berbères «qui ne pouvaient
supporter la rapacité de Romanus, lequel exerçait le
commandement militaire, offrirent la pourpre à Firmus et le proclamèrent
empereur». Chassé de ville en ville, le comte Romanus
fuit.
Scandalisé
et terrifié de perdre le pouvoir l’empereur romain Valentinien 1er décide
d’envoyer une grande armée commandée par le meilleur général romain, Flavius
Théodose (père d’un futur Empereur), pour rétablir l’ordre impérial en Afrique.
Lorsque le prince Firmus a été averti de l’arrivée de Théodose, écrit
l’historien, il s’est «ému de l’importante renommée
d’un tel adversaire». Firmus avait réussi en peu de temps à rallier les troupes
berbères, déserteuses des légions romaines pour la plupart,
ce qui constituait un atout militaire de taille. Grâce à ses troupes et l’appui
de l’Eglise donatiste, il libéra les villes de Caesarea
(Cherchell), Cartenae (Ténès) et Icosium
(Alger).
Cyria, quant à elle, assista son frère durant
cette révolte en incitant d’autres tribus à le rejoindre et à s’élever contre
les Romains. Elle entretenait avec son or et ses trésors les foyers de révolte
en recrutant des guerriers de tribus non Kabyles. L’historien Ammien Marcellin
dira d’elle : «À quelque distance de la ville d’Addense, Théodose fut informé qu’il se formait contre lui
une coalition terrible de peuplades différentes d’habitudes et de langage ;
tempête que lui suscitaient les instigations et les brillantes promesses de Cyria, sœur de Firmus. Cette princesse disposait d’immenses
trésors, et montrait toute l’obstination de son sexe dans ses efforts pour
soutenir son frère».
Cyria, était aussi une guerrière intrépide,
meneuse des troupes. Elle avait une allure majestueuse, une solide constitution
physique et un esprit indomptable. Bien campée sur son destrier, cheveux
flottant en l’air, Cyria chevauchait d’une troupe à
l’autre pour haranguer et communiquer à ses guerriers son ardeur et toute sa
détermination à vaincre l’ennemi. C’est en cavalière qu’elle livra une grande
bataille au général romain Flavius Théodose en l’an 371, près de la chaine de
montages de l’Ancorarius, actuelle Ouarsenis.Dès l’apparition des premières colonnes des
légionnaires Romains, Cyria, glaive à la main, lança
son cheval au galop et donna l’assaut ; toute sa cavalerie s’ébranla sur ses
traces et sous le son de sa voix, hurlant à la guerre avec fougue et
impétuosité, pour affronter l’ennemi. Un affrontement sanglant et impitoyable
s’ensuit. Harcelée de toutes parts, les troupes romaines ne résistèrent pas
longtemps face aux attaques fougueuses de leurs adversaires.
Les
berbères étaient considérés par les romains comme étant d’excellents
combattants. Ammien Marcellin, les qualifiait d’ennemis terribles par leur
acharnement et leur adresse aux armes. Dans l’impossibilité d’entreprendre une
percée à travers les détachements commandés par la jeune princesse, le général
Théodose est contraint de se replier vers Mazouna
dans la région de Dahra (Relizane) où il s’arrête
pour se remettre de ses émotions et panser ses blessures.
L’insurrection
de Cyria et son frère Firmus prit fin en 375, lorsque
ce dernier, trahi, se donna la mort après sa capture par les troupes ennemies.
Date à laquelle, nous perdons la trace de Cyria. Les
historiens ne trouveront plus aucune trace de cette guerrière numide une fois
son frère décédé… Une légende était née.