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Essai Mustapha Maaoui- "Histoire de vla chirurgie....."

Date de création: 01-03-2024 12:17
Dernière mise à jour: 01-03-2024 12:17
Lu: 183 fois


SANTE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI MUSTAPHA MAAOUI- « HISTOIRES DE LA CHIRURGIE.... »

 

Histoires de la chirurgie.Jeux de mains, jeux de mots. Essai de Mustapha Maaoui. Casbah Editions, Alger 2023, 156 pages, 800 dinars

 

Voilà un livre qui, au départ,  se propose de résumer l’histoire de la chirurgie, de la Préhistoire à nos jours en se basant tout particulièrement sur l’histoire parallèle de la main. Un rapprochement pas si évident que ça. Et pourtant, car au fil du cheminement on va passer du palpable au virtuel. A travers un long,  très long itinéraire  empruntant des trajets aussi complexes et compliqués que ceux des conquêtes, des migrations, de la propagation des civilisations, des religions, des épidémies, des accidents domestiques ou de chasse, des douleurs à surmonter...... Avant toutes les prestations , nous précise l‘auteur, il y avait eu la première d’entre-elles, d’un point de vue aussi bien chronologique qu’émotionnel, celle qui donne la vie : l’aide à l’accouchement. La suite est un long fleuve pas tranquille du tout. Avec ses audaces et ses posibliités d’aller plus en profondeur en matière d’explorations et de gestes opératoires. Avec ses progrès techniques . Avec ses facteurs limitants.

L’auteur , en médecin spécialisé et chirugien au long cours,  n’a pas perdu de vue, tout au long de son ouvrage, l’outil premier et essentiel de l’œuvre chirurgicale. La main (et le cerveau qui la guide) , bien sûr ! Ce qui d’ailleurs l’amènera à se poser , à juste titre la question de savoir si la  chirurgie est une science ..... ou  un art. On aura donc à lire tout un chapitre consacré à la place de  la chirurgie dans la médecine, dans la société et dans les arts, en littérature, dans les arts plastiques et ...au cinéma. Et à la télé.

Autre chapitre émouvant, celui consacré à  quelques grandes figures de la chirurgie  nationale aujourd’hui disparus ....le tout accompagné de détails pittoresques piquants et parfois même insolites, ce qui les rend encore plus proches de nous .

Et pour clore la réflexion, une interrogation légitime sur l’évolution de la chirurgie, « art à la croisée de plusieurs sciences » , passant du stade artisanal avec usage de la main pratiquée en un lieu fixe au stade futuriste avec la robotique, le numérique, la palpation vrirtuelle et les interventions à distance. La fin de la main.....chaude et compréhensive ? Une autre chirurgie....  plus froide ? Le débat est à ouvrir.

 

 

L’Auteur : Né en août 1946 à Batna. Médecin, professeur de chirurgie (Alger). Etudes de médecine , entamées au milieu des années 60 à l’Université d’Alger. Chirurgien « nomade » pérégrinant dans des spécialités variées sous la houlette de plusieurs grands patrons. A vécu des périodes charnières majeures

Sommaire : Préambule/ La main dans tous les sens et dans tous ses états/ La naissance de la médecine et de la chirurgie/ La chirurgie est-elle un art ou une science ?/Quand la réalité rejoint la fiction ou la vraie vie/ Histoires de chirurgie en Algérie durant la colonisation/ Quatre histoires dans l’Algérie postindépendante/ Deux histoires sous les feux de l’actualité/ Y a -t-il un pouvoir chirurgical ?/In memoriam : Pr Roche,Pr Touchène,Pr Bekada Hadj Belmhel,Pr Djilali, Yahia Guidoum, J-P Grangaud, Pr M. Hassani   / Ad Vitam : Postfaces du Pr M. Zitouni et du Pr O. Aktouf/Références bibliographiques.

 

 

Extraits : « En tournée en Algérie dans les années soixante, le mime Marceau avait affirmé qu’en visitant un marché d’Oran, il avait compris toutes les discussions animées qui se tenaient autour de lui » (p20), «  L’Histoire est émaillée de guerres suivies d’épidémies, toutes deux grandes pourvoyeuses de morts.Le secondes étant souvent plus mortelles que les premières.Entre la germe ou le virus et la mitraille, la part belle revient régulièrement aux pathologies infectieuses » (p 68), (Durant la colonisation)il n’y avait pratiquement aucun chirurgien algérien, car la carrière était conditionnée par un parcours hospitalo-universitaire qui était une chasse gardée des Européens .Les deux domaines qui attiraient les indigènes étaient le droit et la médecine, mais  s’ils pouvaient s’y inscrire, ils étaient canalisés inexorablement vers une pratique médicale de campagne ou vers un métier de plaideur de petites chicaneries, désignés alors par le vocable réducteur de toubib pour le carabin ou d’oukil pour le clerc de la basoche «  (p91), « Un chirurgien doit s’en tenir aux fondamentaux, sans perdre de vue les nécessaires progrès que l’on se doit de maîtriser tout en évitant d’en être l’esclave » (p117), « Si les progrès technologiques sont inéluctables et représentent , bien  sûr, un bienfait pour l’humanité quand ils sont maîtrisés, ils risquent dans le cas contraire de se transformer en un cauchemar « (p 123)

Avis : Un essai (mais pas que !) qui démarre assez fort. Du détail, de la précision, de la concision, ....et des pointes d’humour qui rendent légères la lecture et la compréhensionçd’une discipline réputée austère. L’art de raconter....l’art d’écrire....et quelques « révélations historiques ». Un chirurgien artiste.....on aura tout vu !

Citations : « En amour, c’est comme au poker : si on n’a pas un bon partenaire , il est très utile d’avoir une bonne main » (p 21), « Le pouce est ainsi un signe de pouvoir, mais pas  toujours, il peut être l’objet d’une certaine impuissance chez quelqu’un qui se roule les pouces, l’un s’enroulant autour de l’autre, manifestant un état d’inaction, de nervosité ou d ’ennui » (pp 25-26), « La chirurgie est l’œuvre de la main : c’est une définition en partie vraie, mais incomplète.La main est guidée par le  cerveau qui lui dicte les gestes à réaliser.Elle est tempérée par le cœur pour ne pas faire n’importe quoi. » (p 31), « On a souvent posé la question de savoir si la médecine (ou la chirurgie) était un art ou une science, et la réponse satisfaisante ne semble pas avoir encore été trouvée »  (p31), « Les périodes dans lesquelles il y a le plus d’illuminés sont celles où il y a  le moins de gens éclairés » (p46), « On peut avancer que la médecine est un art fait de rigueur  et une science remplie d’incertitudes » (p 67), « Dans l’enceinte sacrée de l’Olympe, le pouvoir suprême revient sans conteste à Jupiter. Avec le nouveaux régisseurs de la Pensée, on n’a plus affaire qu’à des Procustes » (p 68), « On peut devenir chirurgien, on naît artiste  » ( Henri Bergson. Discours à la réception de l’Académie française le 24 janvier  1918, cité p 80)

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