ENERGIE- OPINIONS ET POINTS DE
VUE- SID AHMED GHOZALI/ FORUM D’EL MOUDJAHID (21 FEVRIER 2024)
Dans une
argumentation qu’il voulait franche et sans détour, l’ancien chef de gouvernement,
Sid Ahmed Ghozali, a plaidé pour la nécessité de
tirer les leçons des expériences du passé, de mobiliser les hydrocarbures, pour
garantir toutes les chances de réussite à une inévitable transition vers les
énergies renouvelables, de faire front commun contre toutes velléités de
nuisance envers notre pays, d’où qu’elle vienne, d’informer le peuple et de
l’éclairer. C’est le message qu’il a voulu transmettre, dans le cadre du Forum, organisé par
notre quotidien et l’association Machaâl Echahid, à l’occasion de la célébration du 53e anniversaire
de la nationalisation des hydrocarbures. Dans sa communication, il a, d’abord,
mis l’accent sur les diverses difficultés qui avaient prévalu, au lendemain de
notre indépendance, en particulier quand il a fallu pourvoir au manque crucial
de cadres pour développer le pays. En 1962, dit-il, la période héritée du
colonialisme était loin d’être reluisante. Le nombre d’étudiants algériens dans
le supérieur, après 130 ans de colonialisme, ne dépassait pas les 500. Aujourd’hui,
l’Algérie scolarise des millions d’élèves et d’étudiants. C’est dire le chemin
parcouru en dépit des maladresses et des erreurs. Le pouvoir politique de
l’époque se préoccupait de la formation de la ressource humaine, notamment en
pourvoyant en personnel qualifié en charge de faire fonctionner le secteur des
hydrocarbures. Il y eut la création du Centre africain des hydrocarbures,
devenu ensuite l’INH et l’IAP. Le raisonnement était basique, on ne pouvait
profiter du pétrole sans la maîtrise de toute la chaîne de production et
d’exploitation. La préparation du plan de nationalisation a duré dix ans La
préparation du plan de nationalisation a duré dix ans. Ces nationalisations
n’étaient pas idéologiques, mais c’était essentiellement un acte de développement.
Il a plaidé pour la sauvegarde de l’esprit qui a dominé lors de la mise en
branle de ce processus en ce 24 février 1971. Pour l’histoire, il dit que seuls
trois responsables étaient au courant : le Président Houari Boumediène,
Belaïd Abdeslam et lui-même. On s’est entendu et on
s’est engagé avec Boumediène pour produire 36
millions de tonnes de pétrole par an, alors que ce pétrole ne nous appartenait
pas. On a décidé de porter un coup de canif aux Accords d’Evian, en faisant des
concessions sur le plan pétrolier. Le troisième pipeline qui a été inauguré par
Boumediène en 1965 fut possible, en sollicitant la
contribution de la Grande-Bretagne et en bénéficiant d’un prêt koweïtien de 25
millions de dollars. La question pétrolière est vitale, 99% de nos importations
sont financées par le pétrole, 75% du budget de l’État le sont aussi par le
pétrole, à cause de mauvais choix politiques passés, le peuple vit grâce à une
richesse qu’il n’a pas produite, et qui finira par se tarir. Les énergies
renouvelables, une alternative incontournable Il a insisté sur le fait de
garantir notre autonomie énergétique, par une transition vers les énergies
renouvelables. L’énergie solaire, en tant que potentiel inépuisable, constitue
la pierre angulaire de cette stratégie. Le gaz de schiste, c’est du pétrole, il
faut l’utiliser sous certaines conditions, notamment l’empêcher de porter
préjudice à l’environnement. il faut exploiter toutes
les richesses nationales, mais en respectant la nature. Le peuple doit
comprendre que le gaz de schiste ou le pétrole de schiste sont identiques. À
cet égard, le rôle de l’information est capital. Parler de gouvernance, c’est
tenir compte de ses instruments, que sont la justice, la sécurité, l’éducation
et la régulation économique. Comme pour adresser une mise en garde, il dit que
l’extérieur doit prendre conscience et savoir, notamment un pays voisin, qu’on
ne peut pas toucher à l’Armée. Notre invité n’omet pas de dire que l’Algérie
est visée, aujourd’hui, plus qu’avant, mais c’est faire preuve de démence que
de vouloir nous nuire avec l’implantation des sionistes à nos frontières, ceci
me pousse à appeler le peuple algérien à sceller une union sacrée, préconise-t-il.
En conclusion, M. Ghozali a déclaré qu’il ne pouvait
pas parler du 24 février 1971, sans reconnaître que c’est l’œuvre de tous les
Algériens. Sonatrach a eu beaucoup d’ennemis en Algérie, les sociétés
françaises en particulier. Quand Ahmed Ben Bella a signé le décret relatif à la
création de Sonatrach, ces sociétés savaient que c’était pour les
nationalisations. Ce qu’ignoraient nos compatriotes. Il faut préserver cette
entreprise, on ne peut la protéger en nommant un président tous les deux ans.