VIE POLITIQUE- PERSONNALITES- BENYOUCEF BENKHEDDA
Le moudjahid,
né le 23 février 1920 à Berrouaghia (Médéa) au sein
d’une famille conservatrice, a intégré le collège-lycée de Blida où il a côtoyé
de futurs grands noms de la guerre d’indépendance. Outre Saâd
Dahlab, qui deviendra son meilleur ami, il a connu Abane Ramdane, le docteur Lamine Debaghine et Ali Boumendjel.
Celui qui va s’installer ensuite comme pharmacien à Blida n’avait pas 20 ans
quand il adhère clandestinement, durant la Seconde Guerre mondiale, au Parti
populaire algérien (PPA) dirigé par Messali Hadj», a
rappelé le professeur. Il y milite si activement qu’il est arrêté en 1943. En
1955, Benkhdeda rejoint son ami d’enfance, Abane Ramdane, afin d’organiser
politiquement et militairement le FLN. Il participe notamment avec d’autres
militants dont Aïssat Idir et Tahar Gaïd à la création en 1956 de l’Union générale des
travailleurs algériens (UGTA) avant de quitter, une année après, Alger où les
paras tuaient et torturaient. Pour Mohamed Debah, Benkhedda «était un homme
polyvalent qui s’occupait aussi bien des contacts avec la bourgeoisie algéroise
que de ravitaillements en armes des maquis et d’organisation politique». Il a
rappelé que lors du Congrès de la Soummam, le défunt a été désigné comme membre
du Comité de coordination et d’exécution (CCE), instance exécutive de la
Révolution, aux côtés de Krim Belkacem, d’Abane Ramdane, de Larbi Ben M’hidi et
de Saâd Dahlab. C’est en sa
qualité de président du Gouvernement provisoire de la République algérienne
(GPRA) que Benkhedda a «piloté»
les négociations des Accords d’Evian qui ont abouti au cessez-le feu dont il a
eu le privilège d’annoncer sur les ondes de la Radio, le 3 juillet 1962,
l’indépendance avant que la crise de l’été 62 ne l’éloigne de la vie politique.
Il a publié, dans les derniers mois de sa vie, des livres où il livre un
témoignage sur de nombreux faits historiques qu’il a connus ou vécus. Il
A nopter qu’ en 1976, il signe avec trois anciens
dirigeants du FLN durant la lutte armée pour l'indépendance (Ferhat Abbas, Hocine Lahouel, Kheir-Eddine)
, un manifeste qui réclame une assemblée constituante, élue au suffrage universel en
vue de définir une charte nationale. Les quatre signataires sont alors placés
en résidence surveillée et leurs biens sont confisqués.
Sous le gouvernement Chadli Bendjedid qui a proclamé le multipartisme, il fonde avec Abderahmane
Kiouane, et des anciens amis du mouvement national,
« El Oumma » qui se fixe comme objectif la Proclamation du 1er novembre,
c'est-à-dire : « L’État Algérien indépendant souverain et
démocratique dans le cadre des principes Islamiques ». Le but d’« El Oumma » est d’œuvrer pour un rassemblement
entre les islamistes et les nationalistes partisans d’un projet politique basé
sur les valeurs de l'islam. Le président Liamine Zeroual qui accède au pouvoir en 1994, promulgue
une loi interdisant l’usage de la religion par les partis à des fins politiques
sous peine de dissolution. « El Oumma » s’auto dissout. En même
temps, il fonde avec Cheikh Ahmed Sahnoune « le Tadhamoune » dont le but est de dénoncer l’État
d’exception et les violations graves des droits de l’homme qui
ont suivi l'arrêt du processus électoral de janvier 1992. Après une longue maladie,
il meurt à son domicile à Alger le 4 février 2003. Une foule nombreuse l’accompagne au cimetière
de Sidi Yahia, où il est enterré à côté de son compagnon de
toujours Saad Dahlab. En son honneur, l'université d'Alger porte son nom.