ÉCONOMIE-
ÉTRANGER-CROISSANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE 2024/ PRÉVISIONS OCDE
© https://www.lesechos.fr/monde/ 5 février 2024
Si l'inflation
est en passe d'être jugulée, la hausse du produit intérieur brut mondial
devrait être limitée à 2,9 % en 2024, selon les nouvelles prévisions de
l'OCDE. La croissance de la zone euro n'atteindrait que 0,6 %
Si la croissance mondiale s'est montrée résistante
en 2023, elle devrait ralentir cette année
2024. En dévoilant,
lundi 6 février 2024 , ses nouvelles prévisions, l'économiste en
chef de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Clare Lombardelli, a indiqué que
la croissance du PIB mondial s'établirait à 2,9 % en 2024 après
3,1 % en 2023. Le FMI est un peu plus optimiste .
En 2025, l'activité rebondirait légèrement avec une hausse du PIB de
3 % grâce à l'assouplissement à venir des politiques monétaires que
permettrait le recul de l'inflation.
Les marchés émergents, particulièrement l'Inde et
l'Indonésie, tireront la croissance mondiale cette année. La Chine, en proie à
une crise immobilière, est promise à un ralentissement certain. Dans les pays
industrialisés, la croissance des Etats-Unis devrait rester soutenue par les
dépenses des ménages et la bonne situation du marché du travail. L'OCDE avance
un chiffre de 2,1 % cette année avant 1,7 % l'année suivante.
La zone euro, elle, est à la peine .
Elle n'est créditée que d'un maigre 0,6 % en 2024 puis de 1,3 %
l'année suivante. La croissance française, en 2024, serait de 0,6 %
et celle de l'Allemagne de 0,3 %.
La désinflation se poursuit
La tendance désinflationniste devrait se poursuivre.
Si l'on exclut des statistiques les chiffres de l'Argentine et
de la Turquie , deux pays avec une très forte
inflation, la hausse des prix à la consommation dans les pays du G20
devrait en effet passer de 3,6 % en 2023 à 2,6 % en 2024 et
2,4 % en 2025.
Déjà l'an passé, les tensions sur les prix se sont
fortement atténuées grâce au recul des prix de l'énergie et des produits
alimentaires. Le recul des prix des matières premières énergétiques et la
réduction progressive des goulots d'étranglement des chaînes d'approvisionnement
ont également joué en faveur de cet apaisement.
L'OCDE avertit cependant que, dans la plupart des
pays, la croissance des coûts unitaires de main-d'oeuvre
reste généralement trop élevée pour être sûr que l'épisode inflationniste qui a
commencé en 2021 se terminera effectivement en 2025. Les banques
centrales vont devoir agir avec doigté avant d'opérer une baisse de leur taux
directeur dans le courant de cette année. D'autant plus que la situation
géopolitique internationale est loin d'être stabilisée.
L'incertitude du Moyen-Orient
Si le conflit au Moyen-Orient venait à perturber les
marchés de l'énergie, des pressions persistantes sur les prix des services
pourraient s'ensuivre. Les attaques contre les navires dans la mer Rouge ont
entraîné une réorientation des flux commerciaux, souligne l'Organisation. Les
coûts d'expédition ont fortement augmenté et les délais de livraison se sont
allongés, en particulier pour les échanges de l'Asie vers l'Europe .
De ce fait, la production en Europe, notamment celle des constructeurs automobiles , a été perturbée. Pour les économistes de
l'OCDE, le doublement récent des coûts de transport, s'il devait persister,
pourrait aboutir à une hausse de près de 5 points de pourcentage des prix des
importations. Au niveau de l'inflation globale, celle-ci serait alors
supérieure de 0,4 point de pourcentage après environ un an.
Les dettes publiques inquiètent
L'autre inquiétude de l'Organisation concerne les dettes publiques .
Selon les projets budgétaires actuels, « peu de pays semblent susceptibles
d'atteindre un excédent budgétaire primaire » (hors service de la dette)
dans l'immédiat, alerte-t-elle. Les Etats-Unis et le Japon, notamment,
connaissent des déficits importants. Et si rien n'est fait, la dette publique
pourrait encore s'accroître.
Pour rétablir les finances publiques, l'OCDE prône d'ambitieuses
réformes des régimes de retraite, notamment en liant l'âge légal de départ à la
retraite aux évolutions futures de l'espérance de vie et en favorisant les
opportunités d'emploi pour les travailleurs les plus âgés. Du côté des
recettes, il est conseillé de transférer les impôts qui pèsent sur le travail
vers la propriété et la consommation. De même, il importe de réduire les
exonérations de taxes et d'impôts afin d'élargir l'assiette fiscale pour
accroître les recettes.