RELATIONS
INTERNATIONALES - USA- USA/ AFRIQUE/ TOURNEE A. BLINKEN JANV 2024
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a achevé, jeudi dernier, sa tournée dans plusieurs
capitales africaines où il a esquissé les contours de la nouvelle stratégie des
Etats-Unis en Afrique. «Ce qu’on essaie de faire est
de s’assurer premièrement qu’il y ait des réponses africaines aux problèmes de
l’Afrique, mais soutenues, comme voulu par les Etats-Unis. On ne va pas se
substituer aux pays africains.
Au contraire, on veut les soutenir et
agir ensemble», déclare-t-il dans une interview à RFI.
Le diplomate américain révèle ainsi un changement de paradigme dans la
politique de son pays concernant l’Afrique. «On n’est
plus dans un schéma où on pose la question de savoir qu’est-ce qu’on peut faire
pour l’Afrique. C’est plutôt qu’est-ce qu’on peut faire avec l’Afrique ?
On essaie d’avoir de vrais
partenariats. On écoute, parce qu’on n’a pas seulement des leçons à donner,
mais on a aussi des leçons à recevoir. Il faut essayer d’écouter nos partenaires
pour savoir qu’est-ce qui peut réussir et fonctionner dans les défis que nous
avons devant nous», affirme-t-il.
Antony Blinken
s’exprime aussi sur l’offensive chinoise en Afrique et affirme que, pour son
pays, «il ne s’agit pas de dire aux pays africains qui il faut choisir, mais de
proposer un bon choix et permettre aux pays amis et autres de décider». «Les besoins sont
tellement énormes, qu’il y a de la place pour tout le monde.
Quand on a des pays qui prêtent beaucoup
d’argent, mais qui, en le faisant, créent des dettes insoutenables, cela pose
un problème. Nous ne voulons pas faire ça», soutient-il.Le chef de la diplomatie américaine est revenu
aussi, dans la foulée, sur la crise au Niger pour exiger que les militaires au
pouvoir dans ce pays «libèrent immédiatement le président Mohamed Bazoum».
«C’est une
exigence et une nécessité pour que le Niger se remette sur le chemin de la
démocratie», lance-t-il, appelant aussi les autorités actuelles au Niger «à
mettre en place une transition claire et dans un délai court pour un retour au
système démocratique». «Si c’est le cas, nous pourront
relancer toute notre coopération, que nous avions suspendue après le coup
d’Etat. Mais ça dépend entièrement de la démarche du CNSP (Conseil national
pour la sauvegarde de la patrie, ndlr)», dit-il.
«Avec Wagner,
il y a que la violence et l’extrémisme»
Antony Blinken
n’a pas manqué, au passage, de critiquer les démarches de certains pays
africains, tel que le Burkina Faso et le Mali, de faire appel aux mercenaires
de Wagner. «Au Mali, au Burkina Faso, quand ils font
appel – et quand d’autres font appel – à des forces extérieures comme Wagner
pour essayer de répondre aux problèmes de sécurité, qu’est-ce que nous
voyons ? Nous voyons que les problèmes deviennent encore plus graves, plus
difficiles. Les violences, l’extrémisme, le terrorisme vont en s’aggravant dans
les Etats qui ont fait appel à Wagner», déclare-t-il
dans une autre interview accordée à Jeune Afrique et The Africa
Report.
Outre les questions sécuritaires, le
responsable américain affirme à chacune de ses étapes : «Nous mettons le paquet sur l’Afrique.» Il vante également
les vertus du «partenariat» entre Washington et le
continent sur le plan économique, notamment via le dispositif African Growth and Opportunity Act (Agoa). A noter que le
secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est
efforcé jeudi à Luanda de soigner les relations avec l’Angola riche en pétrole,
entre un ambitieux projet d’infrastructures et des discussions sur la médiation
de conflits, lors de la dernière étape d’une semaine de tournée africaine.
Avant l’Angola, M. Blinken s’est rendu au Cap-Vert,
en Côte d’Ivoire et au Nigeria dans une opération visant à rappeler l’intérêt
des Etats-Unis pour le continent africain, où la Chine et la Russie gagnent du
terrain.
Dans la capitale Luanda, le secrétaire
d’Etat a visité le chantier du «couloir Lobito», plus
ambitieux projet américain d’infrastructure sur ce continent, où la Chine, en
quête de ressources naturelles, multiplie les projets de constructions. Ce
couloir vise à relier la Zambie, pays enclavé que Washington considère comme
une réussite démocratique, et la République démocratique du Congo, riche en
ressources mais sous-développée, au port de Lobito, en Angola.
Les Etats-Unis se sont engagés à
financer 1300 km de voies ferrées, travaillant avec des créanciers
multinationaux pour étendre le projet jusqu’à la Tanzanie, et relier
l’Atlantique à l’océan Indien. Cette voie permettra le transport de ressources
naturelles, comme le cuivre et le cobalt. M. Blinken
s’est également rendu au musée des sciences de la capitale angolaise, où il a
fait la promotion d’une autre initiative américaine, visant à fournir aux pays
en développement des semences résistantes. «L’Afrique
se nourrira un jour elle-même et nourrira probablement d’autres parties du
monde», a-t-il assuré.