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Roman Rabea Djelti- "Le buste de la courtisane"

Date de création: 26-01-2024 19:22
Dernière mise à jour: 26-01-2024 19:22
Lu: 226 fois


VIE POLITIQUE- BIB LIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN RABEA DJELTI- « LE BUSTE DE LA COURTISANE »

Le buste de la courtisane. Roman de Rabia Djelti. Editions Dalimen, Alger 2023 (1ère édition en arabe, en 2008. Traduction vers le  français : Mohamed Boukhari, 2022), 338 pages, 1 400 dinars

 

Cela commence  assez chaudement ......avec une histoire de soutien -gorge dont les bretelles ne cessent de céder et d’une poitrine- généreuse -  en  mouvement au moindre émoi, moindre émotion ou à la moindre colère.

C’est l’histoire d’une très belle femme - Andalouss- au demeurant très honnête  dans ses  relations amoureuses.....qui se retrouve au centre d’un complot tramé par deux de ses « amies » (Yakout et Sâadia) , des proches, et très grandes bénéficiaires - du pouvoir « suprême ».....afin qu’elle atterrisse dans la couche -désormais si peu ou pas généreuse du tout -de « son Honneur  Suprême ».

Une histoire qui, à travers les « affaires » de coucheries ratées et d’affairisme sordide , tente de mettre à nu l’exercice d’un pouvoir dictatorial ne disant pas son nom (les années 2000 !).

Un pouvoir qui n’ a pas seulement détérioré les relations au sommet, mais qui a , aussi,  perverti les relations sociales et économiques. Ainsi, des portraits assez (trop ?) sévères de certaines corporations sont dressés, comme celle de la presse.... :« Tous des corrompus » qui passent leur temps à « faire des éloges dithyrambiques de la politique juste et réfléchie » (pp 116-117), comme celle des politiciens, bien sûr,

 la politique n’étant «  que malices, fourberies, ruses et coups tordus » (p 119), comme.....N’échappe au couperet que celle des artistes.....et  encore !

 

L’Auteure : Née en août 1954 à Bouaânani (et épouse de l’écrivain Amin Zaoui) . Etudes primaires au Maroc, secondaires à Oran, universitaires à Oran (littérature arabe) . Magister et Doctorat d’Etat à Damas. Enseignante universitaire. Poétesse, romancière et traductrice ,  auteure de plusieurs œuvres .....et Prix de la Création littéraire arabe pour l’ensemble de son œuvre (Abu Dhabi, 2002).

 

Extraits : « Il plaît à mon cœur de penser que les artistes auront beau être honnêtes, ils ne pourront être justes et ,n’échapperont aux corruptions qui ravagent leurs nations et peuples qu’à travers leur art, quand bien même ils auront fait preuve d’abnégation » (p99), « Les gens ne savent rien de ce qui se passe dans les arcanes de la politique. Rien du tout ! Pas la mesure d’un atome de la vérité »  (p115), « A-t-il oublié son amère vérité ? Il peut poser sa main sur les cous des gens, sur les élections, la constitution et les lois. Il peut rire dans sa barbe, scander des discours, mentir, faire peur et faire trembler les gens, mais dans le lit......il n’y a pas de place à la falsification, ni  la tricherie » (p 127)

Avis :Un roman assez déroutant avec sa valse de personnages presque irréels et pourtant assez réalistes dans leurs propos et agissements et comportements .Une écriture qui n’arrive pas à se dégager du style poétique.....agréable au demeurant.....encore plus si tout en lisant en français, on pense en arabe

Citations « Personne ne peut porter le poids de sa poitrine à lui tout seul » (p 50), « La femme est la raison de l’homme....Il est impossible de jouer sur deux instruments en même temps avec justesse » (p57), « Quelqu’un qui insiste pour rester longtemps au pouvoir , finit forcément dictateur .......Oui, dictateur et demi et trois-quarts....le pouvoir est délicieux » (p115), « Il n’y a pas  pire que l’amour de l’argent dans un pays au peuple nécessiteux » (p118), «  La conscience ?Elle s’évapore juste après le frottement des fesses avec le cuir des sièges du pouvoir » (p119), « Le jeune loup a des canines pour se défendre, mais le vieux renard possède la ruse pour ne pas tomber dans le piège » (p203), » Dans notre société , malheur au faible et à celui qui hésite et qui consulte son cœur avant d’ attaquer. Il se retrouvera pris dans un filet à la merci des crocs de la bête sauvage. C’est le règne de la loi de la jungle où tout est permis » (pp 213-214), « A la menace d’un homme, tu peux dormir tranquille mais à celle d’une femme, éveillé, tu passeras la nuit » (p233), « Les corps sont comme des maisons ; il faut les entretenir, sinon elles s’effondrent » (p313), « L’obéissance est ma liberté, et mon art l’insoumission » (p329)