VIE
POLITIQUE- BIB LIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN RABEA DJELTI- « LE BUSTE DE LA
COURTISANE »
Le
buste de la courtisane. Roman de Rabia Djelti. Editions Dalimen, Alger 2023 (1ère édition en arabe, en
2008. Traduction vers le
français : Mohamed Boukhari, 2022), 338 pages, 1 400
dinars
Cela commence assez chaudement ......avec une
histoire de soutien -gorge dont les bretelles ne cessent de céder et d’une
poitrine- généreuse - en mouvement au moindre émoi, moindre émotion ou
à la moindre colère.
C’est l’histoire d’une très belle
femme - Andalouss- au demeurant très honnête dans ses relations amoureuses.....qui se retrouve au
centre d’un complot tramé par deux de ses « amies » (Yakout et Sâadia) , des proches,
et très grandes bénéficiaires - du pouvoir « suprême ».....afin
qu’elle atterrisse dans la couche -désormais si peu ou pas généreuse du tout
-de « son Honneur Suprême ».
Une histoire qui, à travers les
« affaires » de coucheries ratées et d’affairisme sordide , tente de mettre à nu l’exercice d’un pouvoir
dictatorial ne disant pas son nom (les années 2000 !).
Un pouvoir qui n’
a pas seulement détérioré les relations au sommet, mais qui a ,
aussi, perverti les relations sociales
et économiques. Ainsi, des portraits assez (trop ?) sévères de certaines
corporations sont dressés, comme celle de la presse.... :« Tous des
corrompus » qui passent leur temps à « faire des éloges dithyrambiques
de la politique juste et réfléchie » (pp 116-117), comme celle des
politiciens, bien sûr,
la
politique n’étant « que malices, fourberies, ruses et coups tordus »
(p 119), comme.....N’échappe au couperet que celle des artistes.....et encore !
L’Auteure : Née en août
1954 à Bouaânani (et
épouse de l’écrivain Amin Zaoui) . Etudes primaires au Maroc,
secondaires à Oran, universitaires à Oran (littérature arabe) . Magister et Doctorat d’Etat à Damas.
Enseignante universitaire. Poétesse, romancière et traductrice , auteure de plusieurs œuvres
.....et Prix de la Création littéraire arabe pour
l’ensemble de son œuvre (Abu Dhabi, 2002).
Extraits : « Il plaît à mon cœur de
penser que les artistes auront beau être honnêtes, ils ne pourront être justes et ,n’échapperont aux corruptions qui ravagent leurs nations
et peuples qu’à travers leur art, quand bien même ils auront fait preuve
d’abnégation » (p99), « Les gens ne savent rien de ce qui se passe
dans les arcanes de la politique. Rien du tout ! Pas la mesure d’un atome
de la vérité » (p115), « A-t-il
oublié son amère vérité ? Il peut poser sa main sur les cous des gens, sur
les élections, la constitution et les lois. Il peut rire dans sa barbe, scander
des discours, mentir, faire peur et faire trembler les gens, mais dans le
lit......il n’y a pas de place à la falsification, ni la tricherie » (p 127)
Avis :Un roman assez déroutant avec sa
valse de personnages presque irréels et pourtant assez réalistes dans leurs
propos et agissements et comportements .Une écriture qui n’arrive pas à se
dégager du style poétique.....agréable au demeurant.....encore plus si tout en
lisant en français, on pense en arabe
Citations : « Personne ne peut porter le
poids de sa poitrine à lui tout seul » (p 50), « La femme est la raison
de l’homme....Il est impossible de jouer sur deux instruments en même temps
avec justesse » (p57), « Quelqu’un qui insiste pour rester longtemps
au pouvoir , finit forcément dictateur .......Oui, dictateur et demi et
trois-quarts....le pouvoir est délicieux » (p115), « Il n’y a pas pire que l’amour de l’argent dans un pays au
peuple nécessiteux » (p118), « La conscience ?Elle s’évapore
juste après le frottement des fesses avec le cuir des sièges du pouvoir »
(p119), « Le jeune loup a des canines pour se défendre, mais le vieux
renard possède la ruse pour ne pas tomber dans le piège » (p203), »
Dans notre société , malheur au faible et à celui qui hésite et qui consulte
son cœur avant d’ attaquer. Il se retrouvera pris dans un filet à la merci
des crocs de la bête sauvage. C’est le règne de la loi de la jungle où tout est
permis » (pp 213-214), « A la menace d’un homme, tu peux dormir
tranquille mais à celle d’une femme, éveillé, tu passeras la nuit »
(p233), « Les corps sont comme des maisons ; il faut les entretenir,
sinon elles s’effondrent » (p313), « L’obéissance est ma liberté, et
mon art l’insoumission » (p329)