RELATIONS INTERNATIONALES-
MOUVEMENT DES NON ALIGNES- MNA/ ALLOCUTION PRESIDENT A. TEBBOUNE, JANV. 2024,
KAMPALA (OUGANDA)
Le
président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a prononcé une allocution
devant les participants au 19e Sommet du Mouvement des Non-Alignés (MNA), tenu
les 19 et 20 janvier 2024 à Kampala (Ouganda), lue en son nom par le Premier
ministre, Nadir Larbaoui, en sa qualité de
représentant du président de la République, lors des travaux de ce sommet
«Au
nom d’ Allah, Clément et Miséricordieux, Monsieur le président du MNA,
Excellences, Mesdames, Messieurs, Je tiens, tout d’abord, à remercier la
République de l’Ouganda, gouvernement et peuple, pour l’accueil chaleureux et
la généreuse hospitalité qui nous ont été réservés depuis notre arrivée dans ce
pays ami, et à féliciter particulièrement mon frère Yoweri Museveni, président
de la République de l’Ouganda qui assurera la présidence de notre mouvement
pour les trois prochaines années, lui souhaitant tout le succès et la réussite
dans cette noble mission, tout en soulignant le plein soutien de l’Algérie à
l’Ouganda, pays frère, durant cette période cruciale. Je tiens, également, à
cette occasion, à exprimer ma profonde gratitude à M. Ilham Aliyev,
président de la République d’Azerbaïdjan, pour sa présidence distinguée du
Mouvement des nonalignés au cours des quatre
dernières années, en dépit des difficultés et des défis sans précédent imposés
par la pandémie mondiale de Covid-19.
Monsieur
le président, Mesdames, Messieurs, La tenue de notre sommet dans la capitale
ougandaise, Kampala, en tant que station importante dans le parcours du
Mouvement des non-alignés, intervient dans un contexte international et
régional mouvant et ambigu, marqué par des menaces et des complications
successives entraînant des mutations internationales multidimensionnelles et à
multi-niveaux, qui impacteront, d’une manière ou d’une autre et à des degrés
divers, la sécurité et la stabilité des Etats et l’avenir du système de la
sécurité collective hérité de la Seconde Guerre mondiale. Un contexte qui a
fait resurgir sur la scène internationale une plus grande polarisation de
certaines puissances internationales au détriment d’autres, et a accentué les
foyers de tension, qui ont atteint les plus hauts niveaux de menace pour la
paix et la sécurité internationales et pour les valeurs de l’Humanité tout
entière. Cette conjoncture nous impose aujourd’hui, plus que jamais, le
renouvèlement de l’engagement vis-à-vis des principes fondateurs du Mouvement
des non-alignés, notamment la justice, le respect des engagements internationaux,
de la souveraineté des Etats et de leur intégrité territoriale, mais aussi la
non-ingérence dans leurs affaires intérieures, la protection des intérêts
mutuels et le renforcement du multilatéralisme afin d’atteindre les objectifs
tracés par les pères fondateurs du Mouvement, qui cadrent avec l’esprit de la
Charte des Nations unies et les principes de Bandung, et avec les Objectifs du
développement durable pour 2030. Ce sont ces mêmes principes qui sont
aujourd’hui renouvelés compte tenu du retour de l’option du recours à la force
comme alternative aux efforts diplomatiques pour le règlement des conflits
internationaux, et de la déliquescence du système de la sécurité collective
dont l’ONU est le pilier fondamental, sur fond de son incapacité structurelle à
mettre fin, ou du moins à freiner les politiques du fait accompli et les
tentatives d’imposer de faire prévaloir l’intérêt du plus fort, en traitant les
questions qui sont au cœur de nos préoccupations par la logique de sélectivité
et la politique de deux poids, deux mesures. La barbarie des attaques continues
perpétrées par la machine de destruction sioniste sur la terre occupée de
Palestine, et la brutalité des pratiques inhumaines des soldats de l’occupation
contre les Palestiniens sans défense, femmes, enfants et nourrissons, notamment
dans la bande de Ghaza, au vu et au su du monde
entier, sont un exemple édifiant de l’échec de la communauté internationale à
imposer des règles et des restrictions à tous sans exclusive, Israël faisant fi
des résolutions de la légalité internationale et refusant de se conformer aux
résolutions du Conseil de sécurité et de se soumettre à l’option de la paix, et
ce en toute impunité. Face à cette situation tragique, nous devons tous clamer,
haut et fort, que le temps de l’impunité est révolu, et nous engager à
intensifier nos efforts collectifs afin de faire entendre la voix de la
justice, faire prévaloir le droit et le principe d’égalité et consacrer la
primauté du recours aux garde-fous juridiques contraignants qu’il convient de
placer au-dessus de toute autre considération, conformément à la linternationale et aux résolutions onusiennes, qui doivent
être respectées par tous. A cet égard, l’Algérie salue l’attachement
inaliénable des pays du Mouvement des non alignés au
soutien à la cause palestinienne juste dont le règlement est lié à la
concrétisation du principe du droit des peuples à l’autodétermination, et leur
conviction inébranlable de la nécessité de mettre fin à toutes formes
d’occupation et de colonisation, tel qu’énoncé dans le document final de ce
Sommet. Avec la même détermination et la même constance, le parcours du
Mouvement des non-alignés, riche de nombreuses formes de solidarité avec les
peuples opprimés et colonisés et qui se traduit par ses positions de soutien
aux causes justes, lui impose aujourd’hui de soutenir le droit à
l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, dont les territoires et les
richesses ont été spoliés en flagrante violation du droit international et qui
est aussi victime de tentatives d’aliénation de sa cause juste et de ses
aspirations à l’organisation d’un référendum libre et régulier, conformément à
la légalité internationale et aux résolutions pertinentes de l’ONU, aux fins de
le priver de ses droits légitimes intangibles et imprescriptibles.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, Le
thème de notre Sommet visant à +approfondir les liens de coopération pour une
prospérité mondiale partagée+ est un objectif noble en ces temps
d’individualisme accru et de manquement aux obligations et aux responsabilités
de la part de certaines parties internationales, outre la polarisation et la
division grandissantes qui se traduisent notamment par la primauté des intérêts
du plus fort aux dépens des droits du plus faible. C’est là une réalité qui
nous amène à souligner la nécessité de conjuguer les efforts des pays membres
du Mouvement des non-alignés et à définir nos responsabilités en tant que bloc
uni pour relever ces défis et atteindre nos objectifs communs, une entreprise
qui ne saurait se réaliser qu’à travers la consolidation de notre unité et de
notre positionnement stratégique, en tant qu’acteur agissant et contribuant
d’une manière efficace à la construction d’un ordre mondial à la logique
participative et non exclusive, fixant, en toute transparence et équité, les
responsabilités et devoirs, un ordre à même d’imposer à tous le respect de ses
lois et de ses règles, et qui se caractérise par la justice et l’égalité. Sur
le plan africain, nous sommes fermement convaincus de l’existence d’une
corrélation entre la sécurité et le développement, notamment dans le contexte
de l’accroissement de la gravité des crises politiques et sécuritaires et
l’élargissement de leur champ, la propagation du terrorisme et du crime
organisé, l’exacerbation des tensions et des conflits et la réapparition des
changements inconstitutionnels des gouvernements, surtout dans la région du
Sahel. Cette situation ne nous empêchera pas d’accomplir notre devoir envers
notre continent, pour atteindre les objectifs de développement escomptés et les
obstacles ne nous empêcheront pas de consentir des efforts pour encadrer notre
action collective, corriger et redresser l’injustice historique commise à
l’encontre du continent africain, au niveau de la composante du Conseil de
sécurité onusien. Bien au contraire, nous œuvrerons sans relâche à hisser
l’horizon de notre ambition vers une traduction sur le terrain de notre projet
d’intégration continentale et ériger l’Afrique en acteur international dans le
processus de concrétisation de +l’agenda de l’Union Africaine 2063+, convaincus
du soutien du Mouvement à ces efforts. Dans le même contexte, l’Algérie
intensifie sa coopération avec ses partenaires internationaux pour atténuer
l’impact de la crise énergétique internationale, à travers la poursuite du
renforcement de son rôle en tant que fournisseur fiable et crédible. Et dans
cette optique, l’Algérie abritera, début mars prochain, le 7e Sommet des chefs
d’Etat et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), qu’elle
voudrait ériger en tournant décisif à même de renforcer le dialogue et la
concertation entre les pays membres, d’une part, et entre les exportateurs et
les importateurs d’autre part, pour soutenir et développer l’industrie du gaz
naturel et appuyer les droits pleinement souverains des pays membres en termes
de planification, de développement et d’exploitation de leurs ressources en gaz
naturel. Ce Sommet sera également une occasion pour affirmer la position du gaz
naturel en tant qu’énergie propre pour le présent et l’avenir, contribuant au
soutien au développement économique, au progrès social et à la préservation de
l’environnement.
Monsieur
le Président, Mesdames, Messieurs, L’Algérie qui occupe, depuis début janvier
et pour une durée de deux années consécutives, un siège de membre non-permanent
au Conseil de sécurité de l’ONU, s’engage à défendre, depuis la tribune du
Conseil de sécurité, les valeurs et principes du Mouvement des non-alignés,
dont la pertinence et l’efficacité ont toujours été prouvées. Dans ce cadre,
l’Algérie œuvrera, partant de son histoire, de ses valeurs constantes et de sa
vision future ambitieuse, à renforcer l’action internationale multilatérale, en
tant que principe immuable de sa politique étrangère, et à faire prévaloir les
règlements pacifiques des conflits sur la confrontation, tout en traitant les
causes profondes des conflits au lieu de chercher à les contenir, ce qui avait
compliqué et retardé le processus de leur règlement. L’Algérie s’engage
également à être fidèle aux principes de notre Mouvement et aux objectifs de la
Charte de l’ONU qui constituent la base des positions de l’Algérie vis-à-vis
des différents développements régionaux et internationaux et la source de ses
efforts et initiatives visant à répandre la paix et la stabilité. L’Algérie
conjuguera ses efforts avec ceux des autres Etats membre du Mouvement des
non-alignés en vue de jeter les ponts du dialogue et de l’entente entre les
différentes parties et définir les consensus nécessaires au sein du Conseil de
sécurité sur les questions intéressant le Mouvement, l’objectif étant de
conférer davantage d’efficacité aux efforts onusiens visant à empêcher le
déclenchement de conflits, appuyer le rôle des organisations internationales et
ensembles internationaux et régionaux agissants, dont le Mouvement des
non-alignés. Nous souhaitons voir la coordination, la coopération et la
solidarité se renforcer entre les Etats membres du Mouvement des non-alignés
car convaincus que ce sommet est à même de rassembler nos rangs, de conforter
notre place et de faire entendre notre voix de manière à répondre aux
aspirations de nos peuples et être à la hauteur de notre bloc harmonieux
contribuant ainsi à la conception des contours d’un nouvel ordre mondial qui
préserve les valeurs humaines et consacre les principes et objectifs de la
Charte des Nations unies.
Toutes
nos félicitations à la République de l’Ouganda pour l’organisation réussie de
ce Sommet. Bonne chance à vous à la tête du Mouvement des non-alignés dans les
prochaines échéances et manifestations. Merci pour votre écoute.»