COMMUNICATION-
FORMATION CONTINUE- CONFERENCE DE PRESSE PRÉSIDENTIELLE/EXEMPLE MACRON,FRANCE (JANV 2024)
Deux heures ? Trois heures ?
Davantage ? Combien de temps durera l’intervention télévisée d’Emmanuel
Macron, ce mardi soir ? Si l’heure du
début est connue – 20 h 15 – personne ne sait à quel moment le chef
de l’État mettra un terme à ce long marathon. Il a des choses
à dire aux Français – notamment sur le départ d’Élisabeth Borne, la nomination
de Gabriel Attal à Matignon, le remaniement
ministériel, le cap qu’il souhaite donner aux trois années
restantes de son quinquennat… – et il ne compte pas ménager ses efforts pour
tenter de convaincre les téléspectateurs. i.
Un moment
suranné ?
Cet exercice
de la conférence de presse a, jusqu’à présent, été
très peu pratiqué par Emmanuel Macron. Ce n’est que le troisième rendez-vous du
genre en l’espace de cinq ans. Le 25 avril 2019, il avait notamment
certifié qu’il ne reculerait pas l’âge de départ à la retraite fixé à
62 ans… Le 9 décembre 2021, il avait botté en touche sur son
éventuelle candidature à la présidentielle 2022… Un moment
suranné, « façon ORTF », comme le critiquent
certains ? « Pas plus que l’allocution du 14 juillet ou les
vœux du 31 décembre, note Gaspard Gantzer,
l’ex-conseiller en communication de François Hollande. Il est toujours
bien d’avoir des rites classiques. »
Impossible d’accueillir
tout le monde
Un
rite qui ne s’improvise évidemment pas. Les services de l’Élysée sont sur le
pont depuis plusieurs jours pour organiser au mieux cet événement important du
mandat. « C’est, effectivement, un sacré défi
logistique, poursuit Gaspard Gantzer. Venir
à l’Élysée est toujours un événement pour les journalistes. Malheureusement, il
est impossible d’accueillir tout le monde. Il faut donc fixer des
« quotas » par rédaction (deux représentants pas
davantage). Et évidemment, cela crée des frustrations, surtout quand des
médias audiovisuels veulent faire venir dix personnes… »
Veiller à
l’ordre des questions
En
amont et au cours de la conférence de presse, les responsables de la
communication de la présidence de la République doivent aussi veiller à ce que
les thèmes qui seront développés par les journalistes soient bien ordonnés,
agencés, de manière à regrouper les questions consacrées à la politique
nationale, à l’école, à l’économie, à la politique
internationale… « Il faut également faire très attention à ce que le
président de la République ne soit pas assailli de nombreuses questions
identiques. J’imagine que ce soir, beaucoup d’interrogations vont porter
sur la ministre
de l’Éducation… À moins que le chef de l’État ne décide de
lâcher une annonce très importante dès ses propos liminaires… »
Gérer les
susceptibilités
Autre impératif pour
l’Élysée : gérer les susceptibilités, parfois surdimensionnées, des
journalistes. Généralement, c’est le président de l’Association de la presse
présidentielle qui pose la première question. Mais qui soumettra la
deuxième… ? « Si TF1 interroge le président de la République, il
faut aussitôt que France 2 en fasse de même. Même chose pour BFM, LCI et CNews, la presse quotidienne régionale et la presse
nationale… Tout est un savant équilibre, raconte Gaspard Gantzer. Il faut, par ailleurs, bien anticiper
d’éventuels incidents diplomatiques entre les rédactions, entre celles qui
pourront intervenir dès les premières minutes, au moment où l’audience sera la
plus forte, et celles qui ne parleront qu’à la fin. » Dernier écueil
à éviter absolument : qu’un seul et même journaliste puisse poser deux
questions. « Tous les autres voudront, alors, bénéficier du même
traitement. Et là, cela deviendra très rapidement ingérable », alerte
Gaspard Gantzer.