ECONOMIE- FORMATION CONTINUE-
ECONOMIE/PRISE DE DECISION/ CHOIX D’HOBSON+1
https://solutions.lesechos.fr/ mardi 9 janvier 2024
L’effet du choix d’Hobson+1 est un biais cognitif particulièrement
intéressant en webmarketing, mais pas seulement. Ce biais cognitif, altération
de la pensée rationnelle, impacte directement la prise de décision. Et cette
fois-ci, ce n’est pas la vôtre qui est uniquement en jeu mais aussi celle des
consommateurs, de vos clients, de vos partenaires. En quoi consiste l’effet du
choix d’Hobson et en quoi est-il différent du choix d’Hobson+1 ? D’où nous
vient ce biais cognitif ? Quel est son effet sur les consommateurs ?
Comment le mettre en application ? Explications.
L’effet du choix d’Hobson : les origines : Pour comprendre d’où
nous vient ce biais cognitif, il faut remonter aux XVIe et XVIIe
siècles. « The Hobson Choice » ou
choix d’Hobson, en français, est apparu au sein d’une écurie tenue par Thomas
Hobson. Initialement, Thomas Hobson était responsable du courrier de Cambridge.
Passionné d’équitation, il louait ses chevaux aux étudiants et professeurs de
l’un des collèges de Cambridge. C’est là que l’histoire du choix
d’Hobson commence. En effet, force est de constater que ses meilleurs chevaux
étaient les plus demandés. Les chevaux les plus performants
s’épuisaient donc, puisqu’ils étaient constamment loués. Pour éviter
des drames et permettre à ses animaux de se reposer, Thomas Hobson a créé un
système de rotation assez strict dans le choix de ses chevaux. Ainsi, les
loueurs n’avaient -en soi-, plus vraiment le choix : ils avaient la
possibilité de louer le cheval imposé ou aucun.
Cela a donné naissance à l’expression connue : à prendre ou à
laisser.
La difficulté de faire un choix selon Barry Schwartz :
On le dit souvent « trop de choix, tue le choix » et c’est
vrai ! Lorsqu’il y a beaucoup trop de choix (trois ou plus), l’être
humain s’y perd un peu, prend du temps pour se décider, et peut même
n’opter pour rien, car il y a une sensation de surcharge mentale.
Le stress, l’angoisse, à l’idée de prendre la mauvaise décision, prennent le
dessus. Barry Schwartz, psychologue américain, en est arrivé à
cette conclusion en 2004, qu’il qualifie alors de « paradoxe
du choix ».
Le choix d’Hobson : quelle réaction face au
« à prendre ou à laisser » ?: Il faut comprendre que
face à ce type de choix : « ça ou rien », le cerveau humain
réagit et le considère comme un ultimatum. Un individu va alors
peser le pour et le contre pour déterminer si l’unique choix proposé vaut le
coup ou non. En revanche, certaines études ont démontré que ce type de
choix amène plus souvent les gens à choisir l’option « je
laisse » plutôt que de saisir l’opportunité unique présentée.
Face à un ultimatum, n’avez-vous jamais préféré, assez instinctivement,
l’option « Eh bien dans ce cas, je laisse ! » ?
Le choix d’Hobson+1 : choisir ou choisir ?: Face à ce constat, le choix d’Hobson a évolué pour
devenir le choix d’Hobson+1. Schwartz, fort de ses découvertes, comprend
alors qu’il existe un moyen simple d’inviter les gens à prendre une décision
plus rapidement, plus facilement. Puisque de proposer plus de 3 options
n’est pas efficace, que le principe du « à
prendre ou à laisser » invite les gens à davantage « laisser »,
il semble efficace de proposer deux choix. Ainsi, plutôt que de
lancer un ultimatum, il est plutôt question de proposer soit A soit B. Instinctivement,
l’être humain va alors comparer ces deux options sans même considérer la
possibilité du « à laisser », qui existe
toujours !
Le choix d’Hobson+1 en entreprise : Alors, comment
se manifeste ce choix d’Hobson+1 au quotidien au bureau ? Comment
pouvez-vous en tirer les bénéfices ? Explications.
La prise de rendez-vous : Vos commerciaux, ou vos
téléprospecteurs doivent prendre des rendez-vous avec leurs clients. Pour cela,
afin d’avoir plus de résultats, il est crucial de modifier le discours :
« Quel jour vous conviendrait le plus ? » devient
alors « Je vous propose de vous rencontrer lundi ou mardi ». La
première formulation amène au paradoxe du choix, et peut même inviter l’interlocuteur
à dire « Je vous recontacte plus tard, je vous tiens au courant »,
pour finalement, ne jamais le faire. En proposant deux options, vous faites
déjà une grande part du travail et invitez l’interlocuteur à choisir l’une des
deux options, même s’il n’a pas vraiment envie de vous rencontrer…
La sélection de produits : Vous êtes vendeur en
magasin et souhaitez aider un client venu acheter une veste. Plutôt que de lui
montrer l’intégralité des vestes, au risque qu’il n’en choisisse finalement
aucune, optez pour seulement deux d’entre elles. Il va alors considérer
que vous lui aurez montré les options les plus adaptées à son besoin
initial, et inconsciemment, il voudra faire un choix entre ces deux vestes
sans considérer l’option du « je n’achète rien ».
Les call-to-actions : « Poursuivre mes
achats », « Valider mon panier ». Ces call-to-actions (CTA),
tout le monde les voit de nos jours sur les sites internet. Qu’il s’agisse d’un
choix ou de l’autre, il y a la notion d’achat induite dans chaque
message. En proposant ces deux options à chaque fois, vous invitez le
client à passer à l’action (but du CTA), mais aussi à réévaluer son choix
« ai-je répondu à mon besoin ou pas encore ? ». Si vous
n’indiquez que « Valider mon panier », par exemple, car vous avez
l’envie que les internautes finalisent leur commande, vous laissez le champ
libre au « Non, finalement je n’ai pas envie d’acheter, je préfère laisser
mon panier ».
Les produits additionnels : En webmarketing, il est
d’usage de proposer des produits additionnels à ajouter aux commandes.
Ces produits sont sélectionnés, normalement, en fonction des articles mis au
panier par les internautes. Alors, pour inviter le consommateur à
ajouter un produit, veillez à n’en proposer que deux, cohérents avec ce qu’il
souhaite acheter. Encore une fois, n’avoir que deux options le poussera à en choisir une plutôt que de directement passer à
la phase de paiement ou pire, d’avoir la sensation qu’on le pousse à la
consommation (et qu’il n’achète rien sur votre site !).
Les graphismes : Vous devez changer le
logo d’une entreprise ? Proposer une nouvelle version d’un site web ?
Opter pour une nouvelle charte graphique ? Par défaut, il est utile de
faciliter le choix des clients, des prestataires, en leur proposant seulement
deux options. Deux logos, deux versions du site, deux chartes graphiques,
deux typographies… ainsi, les individus vont avoir tendance à réellement analyser
les propositions et vous dire avec précision celle qu’ils préfèrent, et surtout
POURQUOI. Comme ils n’ont que ces deux options, ils se concentrent davantage
sur les détails, car ils n’ont pas d’autres choix. Proposer plus d’options va
déjà complexifier la prise de décision car il y aura bien trop de paramètres et
ils risquent même de piocher ici et là des éléments qu’ils aiment dans chaque
proposition, au risque de s’y perdre et de vous perdre au passage.