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Liberté de la presse/Journalistes emprisonnés 2023/Rapport annuel Rsf

Date de création: 31-12-2023 18:24
Dernière mise à jour: 31-12-2023 18:24
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COMMUNICATION- ÉTUDES ET ANALYSES- LIBERTÉ DE LA PRESSE/ JOURNALISTES EMPRISONNÉS 2023/ RAPPORT ANNUEL RSF

En 2023, 779 journalistes ont été emprisonnés plus de 48 heures dans le monde. Parmi eux, 547 le sont toujours et vont passer le Nouvel An en prison, déplore, dimanche 31 décembre 2023, Reporters sans frontières (RSF) dans son bilan annuel. Un autre chiffre qui doit alerter sur les atteintes à la liberté de la presse, après le décompte de 45 journalistes et collaborateurs des médias tués dans le cadre de leurs fonctions en 2023, dévoilé mi-décembre par RSF.

 

Le secrétaire général de l'ONG, Christophe Deloire, a tenu sur franceinfo dimanche 31 décembre à alerter aussi sur la situation à Gaza en cette fin d'année, où "76 journalistes au moins ont été tués depuis le 7 octobre" et le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Quatre pays sont particulièrement ciblés par l'ONG puisqu'ils détiennent à eux seuls près de la moitié des 547 journalistes dans leurs geôles en ce 31 décembre 2023 : la Chine, la Birmanie, la Biélorussie et le Vietnam. À ceux-là s'ajoutent la Turquie, qui n'a plus beaucoup de journalistes en prison aujourd'hui mais en a emprisonné beaucoup en 2023, année d'élection présidentielle.

La Chine "reste la plus grande prison du monde", dénonce RSF. Le pays a emprisonné 135 journalistes en 2023, et 121 l'étaient encore le 29 décembre 2023. Viennent ensuite la Birmanie (84 journalistes emprisonnés dans l'année dont 69 toujours derrière les barreaux le 29 décembre 2023), la Biélorussie (55 dont 39 au 29 décembre), l'Iran, la Turquie et enfin le Vietnam.

Aussi, en cette fin d'année, la situation des journalistes s'est lourdement aggravée aussi au Proche-Orient, et plus particulièrement dans la bande de Gaza, bombardée par Israël depuis trois mois. "En Palestine, de nombreux journalistes ont été tués, souligne Christophe DeloireParmi eux, au moins 16 l'ont été dans le cadre de leurs fonctions. Mais il y aurait aussi 34 journalistes en détention."

Une année particulièrement dure pour les femmes journalistes

L'ONG alerte aussi sur le fait que 2023 a été une année où les peines de réclusion à l'encontre des femmes journalistes ont été particulièrement alourdies. "Alors que depuis 2019, aucune femme journaliste n’avait été condamnée à plus de 10 ans de prison, six des huit plus lourdes peines prononcées en 2023 concernent des femmes journalistes", jugées en Iran, en Biélorussie, ou encore au Burundi, note RSF.

Cette forte hausse s'explique par "le pourcentage de femmes journalistes qui était très faible et qui s'est peu à peu accru", commente le secrétaire général de RSF sur franceinfo. "Elles travaillent désormais sur des sujets liés à la mafia, à la corruption, aux droits des femmes... Bref, sur des sujets de plus en plus sensibles."

"Les démocraties ne sont pas parfaites"

La France, elle, "n'a rien à voir avec des pays autoritaires où la répression est extrêmement féroce", rappelle Christophe Deloire"mais les démocraties ne sont pas parfaites". Il y a eu la garde à vue de la journaliste de DiscloseAriane Lavrilleux"un moment marquant de l'année", juge le secrétaire général de l'ONG, dénonçant "la répression du secret des sources" puisque son matériel professionnel avait été saisi. Christophe Deloire appelle à "amender la loi de 2010 en France, la loi Dati, qui fixe une exception trop importante au principe de secret des sources".

2023 a aussi été marquée par de bonnes nouvelles pour les journalistes, avec la libération du franco-afghan Mortaza Behboudi, "placé en détention en Afghanistan en début d'année", rappelle Christophe Deloire"Il y a eu aussi celle d'Olivier Dubois, après deux ans de détention en tant qu'otage au Mali."

"Sur les cinq dernières années, au moins un journaliste a été détenu en raison de son travail dans 86 pays."

Il y a un an, Reporters sans frontières avait recensé 569 journalistes incarcérés au 31 décembre 2022, une "année record". Mais à travers ce bilan actualisé, l'ONG démontre une nouvelle fois que l'emprisonnement des journalistes est toujours aussi courant et "utilisé dans près de la moitié des pays du monde".