POPULATION-
FEMME - CRIMINALITÉ/ VIOLENCES FAITES AU FEMMES EN ALGERIE /ETUDE « COLLECTIF
FEMINICIDES ALGERIE », 2023
Jusqu’à
mi-novembre 2023 , le collectif Féminicides Algérie a
répertorié 33 féminicides à travers le territoire national contre 62 cas en
2021. Le nombre exact de ces femmes assassinées par un proche ou une
connaissance est difficile à obtenir.Face à cette
situation, le Collectif des associations féminines (CAF) plaide pour «la mise
en place d’un guichet unique multisectoriel et pluridisciplinaire de prise en
charge des femmes victimes de violence», qui coordonne entre les institutions
publiques et le mouvement associatif, avec désignation de sa composante, ses
attributions ainsi que la mise en place d’un système intégré harmonisé d’observation,
de recueil et de collecte de données (fiche déclarative obligatoire des
violences, grilles d’indicateurs pertinents, suivi de l’auteur...). Selon un
mémorandum adressé aux pouvoirs publics, il n’existe pas de données nationales
unifiées et d’indicateurs pertinents récents, à même de rendre compte du
phénomène de la violence faite aux femmes et aux filles. «On
sait qu’en 2006, une femme sur dix a subi des violences physiques et deux sur
dix, des violences verbales répétées.
En 2022, 6% des femmes interrogées disent avoir été frappées au moins une fois
au point d’avoir mal, ceci au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête, ce
qui correspond à près de 900.000 femmes violentées en une année. Or, la même
année, les services de police ont enregistré́ 5.792 plaintes de femmes
victimes de sévices», détaille le document signé par
15 associations féminines et des spécialistes. Il s’agit de l’association SOS
femmes en détresse, l’association Tharwa N’Fadhma N’Soummer, l’association nationale Femmes en communication,
l’association des Femmes Algériennes Revendiquant leurs Droits (FARD),
l’association Graine de Paix, l’Association nationale des élues locales,
l’association des Femmes Rurales AFUD BéjaÏa, Djazairouna, la Fédération Algérienne des Personnes
Handicapées (FAPH), la Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et
de l’enfance à Tizi-Ouzou, la Fondation Mère enfant à Alger, la Fondation pour
l’égalité /Ciddef, Sarp, ChérifaBouatta, psychologue clinicienne, et Nadia Ait-Zai, avocate. Tout en mettant en avant les efforts des
pouvoirs publics pour la protection des femmes, il déplore l’exacerbation,
d’année en année, du phénomène de la violence à l’égard des femmes et le
dispositif existant n’est plus à même d’y faire face dans son fonctionnement
actuel.
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Plus
de la moitié des femmes sont mariées. Les caractéristiques des agresseurs
montrent qu’ils sont instruits, mais leur niveau d’instruction ne semble pas
être un frein à la violence, au contraire il lui confère une autre
caractéristique, observe le rapport. On trouve que 64% des agresseurs sont des
chômeurs, un facteur de risque, selon l’étude. S’agissant du lieu de la
violence, l’agression s’est déroulée, dans 34% des cas, le soir, de 17h à
minuit et, de manière générale dans 73 % des cas, au domicile le principal lieu
d’agression, sachant que l’agresseur était, principalement (75%) de sexe
masculin. Les agresseurs les plus souvent cités sont, par ordre décroissant,
respectivement le mari avec 38%, un inconnu avec 8%, les voisins représentent
8%, détaille l’étude. Concernant les violences intrafamiliales, celles
perpétrées par la fratrie à l’encontre de leurs sœurs représentent 4%. L’étude
a précisé que «ce rapport est en réalité une étude
basée sur un système de notification d’informations relatives aux femmes
victimes de violence et a principalement ciblé les services de médecine légale,
de gynécologie et des urgences des hôpitaux de 5 wilayas, à savoir Oran, Alger,
Blida, Médéa et El Oued et cela durant la période allant du 1er janvier au 31
décembre 2021. L’étude a notamment indiqué que 1.327 déclarations de violences
faites aux femmes ont été enregistrées dans les hôpitaux de la wilaya d’Oran,
soit près des deux tiers (65%). La wilaya d’Alger arrive en seconde position
avec 236 déclarations, soit 12%, tandis que Blida occupe la troisième place
avec 332 déclarations, soit 16%. En ce qui concerne les déclarations au niveau
de la wilaya d’El Oued, elles étaient au nombre de 147, soit 7%. L’étude
indique par ailleurs qu’il n'y a eu aucune déclaration de violence à Médéa
entre le 1er janvier et le 31 décembre 2021. L’étude s’est soldée par une série
de recommandations dont «la prévision d’une enquête nationale sur les violences
faites aux femmes». Elle a également recommandé
d’élargir le champ de déclaration et de suivi des femmes victimes de violences
aux différentes régions sanitaires afin de pouvoir calculer et comparer le taux
de prévalence de ces violences. Elle a également insisté sur la nécessité
d’apporter aux personnels de la santé une compréhension du phénomène et de
signaler les principaux signes cliniques et surtout d’encourager le dépistage,
les soins, l’accompagnement et l’orientation des femmes victimes.