La Banque d’Algérie a publié, lundi 22 novembre 2023, sur son site
internet, son rapport annuel 2022 sur l’évolution économique et monétaire du
pays.
Soulignant
d’emblée que l’année a été marquée par une succession de chocs exogènes et par
une persistance de la forte contribution des produits agricoles frais à
l’inflation globale, le document indique que la politique monétaire mise en
œuvre par la Banque d’Algérie durant l’année 2022 s’est traduite par des
actions de normalisation graduelle, notamment via la levée des mesures
exceptionnelles d’allégement prudentielles adoptées en mars 2020.
Il
rappelle également la poursuite de l’action de soutien au financement de
l’économie en maintenant le taux de réserves obligatoires à 2%, et le taux
d’intérêt directeur applicable aux opérations principales de refinancement à 3%
en 2022, et ce, dans un contexte d’augmentation de la liquidité bancaire suite
au Programme spécial de refinancement (PSR) d’un montant de 2100 milliards de
dinars initié en juillet 2021 et clôturé en juin 2022.
La
normalisation de la politique monétaire s’est également traduite en octobre
2022 par la mise en place d’une opération de reprise de liquidité bilatérale
ciblée de 300 milliards de dinars, afin d’absorber la source d’excès de
liquidité potentiellement inflationniste, selon la même source.
Une
mesure prise, pour rappel, en complément de l’ajustement du taux de change du
dinar algérien, entre fin juillet et fin septembre 2022, qui s’est apprécié de
4,1% contre le dollar américain et de 7% contre l’euro.
«Ceci
a permis de réduire, sur le court terme, une partie de l’inflation importée,
dont la contribution à l’inflation globale a été de plus de 70% en 2021 et de
61,7% en 2022», rappelle le document de la BA. L’estimation de la Banque
d’Algérie fait donc ressortir que la hausse de l’inflation en 2022 est causée
principalement et à hauteur de 61,7% par l’inflation importée. «Ceci s’explique par la grande exposition des prix
intérieurs à l’évolution des prix mondiaux, qui ont connu de fortes
augmentations, notamment ceux des produits alimentaires», précisent les
rédacteurs du rapport.
Le
deuxième facteur est la masse monétaire M2 (hors dépôts de l’entreprise
nationale des hydrocarbures et hors dépôts en devises) avec une contribution de
l’ordre de 40,03%. «Ce qui indique qu’une partie de
l’inflation est d’origine structurelle», explique-t-on encore à ce sujet,
relevant dans le même sillage que la persistance des tensions inflationnistes
reste un défi majeur à court et moyen termes.
En
l’espace d’une année, rappelons-le, l’inflation en moyenne annuelle de l’indice
global des prix à la consommation est passée de 7,23% en 2021 à 9,27% 2022. «Ce niveau d’inflation est le plus élevé sur les cinq
dernières années», fait remarquer le rapport avant d’indiquer que l’inflation
sous-jacente mesurée par l’indice hors produits agricoles frais et produits à
prix réglementés (donc moins perturbée par les facteurs exogènes), s’est
établie, quant à elle, à 8,93% en 2022 contre 6,07% l’année précédente.
«Au total, la politique monétaire adoptée en 2022 a permis
de garder des niveaux de liquidité suffisants et confortables, permettant de
renforcer la solidité du système bancaire et de l’économie algérienne en
contexte de persistance des incertitudes causées par une forte volatilité des
prix du pétrole et de risque de stagflation mondiale», précise le rapport.
Cependant, «le niveau de financement bancaire de la
sphère réelle demeure toujours loin de l’objectif escompté, au vu de la faible
réponse de l’intermédiation bancaire», est-il relevé dans le document.
Prés
de 2000 milliards de dinars de liquidité bancaire en 2022
En
chiffres, après une très forte hausse de 110,64% en 2021, le niveau de la
liquidité bancaire a augmenté en 2022 de manière moins importante. Il a atteint
1966,41 milliards de dinars contre 1331,95 milliards en 2021, soit une hausse
de 47,63%. La masse monétaire au sens M2 a enregistré une croissance de 14,34%
en 2022, tirée principalement par la hausse de l’agrégat M1 qui a augmenté de
12,91% en 2022 contre un taux de croissance de 14,19% en 2021.
La
circulation fiduciaire hors banque a connu, de son côté, une hausse légèrement
plus importante que celle de 2021, avec un taux de croissance de 10,14% en 2022
contre un taux de 9,35% en 2021. Elle est ainsi passée de 6712,15 milliards de
dinars en 2021 à 7392,80 milliards en 2022. Sa part dans la masse monétaire M2
est restée très importante en 2022, avec un taux
de 32% contre un taux de 33% en 2021.
Un
taux qui constitue, selon la Banque d’Algérie, un défi pour la mise en œuvre de
l’inclusion financière. Aussi, le total des dépôts à vue et à terme collectés
par les banques a connu une progression de 18,2% en 2022 contre 17,8% en 2021.
Le total des crédits à l’économie a augmenté de 3,3% en 2022 contre une baisse
de 12,4% en 2021.
En
matière de solidité financière, la Banque d’Algérie estime que les politiques
adoptées ont permis aux banques «de faire preuve d’une grande résilience et
d’une solvabilité significativement renforcée».
«Néanmoins, la problématique des créances non performantes
issues des anciens dispositifs d’aide à l’emploi (Ansej,
Angem et CNAC) et des crédits d’investissement privés
qui ont émergé après 2019 reste posée.» Et ce, tout comme la question du
financement de l’économie nationale.
Laquelle
demeure, selon la même source, «une préoccupation
majeure, en contexte d’une faible croissance du crédit à l’investissement et
d’un environnement international, caractérisé par de fortes incertitudes .... »