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Essai Mohammed Guetarni- " Femmes d'Islam en littérature"

Date de création: 21-11-2023 19:50
Dernière mise à jour: 21-11-2023 19:50
Lu: 250 fois


POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI MOHAMMED GUÉTARNI- « FEMMES D’ISLAM EN LITTÉRATURE »

 

Femmes d’Islam en littérature. Essai de Mohammed Guétarni, Editions Les Presses du Chélif, Chlef 2023, 207  pages, 900  dinars

 

La femme musulmane, une grande incomprise....et souvent mal-traitée ? Certainement, puisqu’elle est et reste , malgré toutes les explications, présentée globalement de façon négative voire caricaturale à l’excès.En Occident, enfoncé dans sa  « guéguerre de civilisations » ne disant pas son nom , le débat se limite le plus souvent au problème (sic !)  (si problème il y a .....tout particulièrement en France) du port du « foulard islamique », au « voile » , au « hidjab » et dernière trouvaille , la « ‘Abaya »)...Là, on les montre (dans les romans et bien des reportages de presse) comme des sujets soumis au bon vouloir des hommes qui les dominent et les asservissent à leurs désirs et à leur violence....avec , en arrière plan , une religion « étouffante » . Ici (Maghreb /Machrek), les textes littéraires, étant de valeur inégale, tournent autour d’une « femme condamnée au servage à vie parce qu’elle vit à l’ombre de l’homme, sous sa protection et sa dépendance pour le servir ».Une « écriture – scalpel » qui n’est pas , pour autant, séditieuse contre l’ordre social établi.  Bien qu’il soit vrai que, malgré tous les changements sociaux et réglementaires opérés ça et là, l’environnement sociétal ne peut inspirer qu’un certain pessimisme avec un poids certain de la pensée religieuse et ses interprétations bien souvent, sinon toujours, biaisées.

L’auteur tente de décrire , à travers les écrits (romans ), la situation faite aux femmes en terre d’Islam. Il nous montre que les textes, d’horizons diférentes de l’espace musulman (arabe et non arabe allant du Maroc à l’Algérie en passant par l’Egypte, le Yémen et l’Iran) , sont , pour la quasi-totalité, étroitement reliés au réel  et que les écrivains  , chacun avec sa sensibilité et/ou son vécu  et ses expériences, ont transcrit dans des fictions les revendications et les espoirs  des mères, épouses , sœurs  luttant pour une société plus juste. Angoisse, violence, incertitude du lendemain parsèment le chemin de la Musulmane, présentant une « femme cassée au visage brisée ».

 

L’Auteur :Docteur es-lettres (Université Montpellier III), enseignant universitaire (Chlef). Auteur de plusieurs publications et ouvrages (dont « Littérature de combat chez Dib, Kateb et Feraoun » )

Table des matières :Préface/ Préambule/ Introduction/ La voix féminine,  écho ou sororité/ Les cris dans l’écrit/Statut de la musulmane/ Statut de la femme avant l’avènement de l’Islam/ L’Islam rend la dignité à sa fidèle/Relations parents-enfants/ L’Islam et la famille/ Écriture féminine ou féministe/ Le corps dans la littérature/La majorité mineure de la musulmane/La majorité de la musulmane est-elle envisageable ?/Conclusion/Bibliographie

Extraits : « Il est vrai que nombre de pays arabes ont souffert des affres de la colonisation. Le colonialisme colonial a été suppléé par le colonialisme national appuyé ,en cela, par l’intégrisme religieux et un Coran détourné de son acception originelle par des exégètes mal-intentionnés.Ce qui explique, en partie, le sous-développement endémique dans lequel se vautre , aujourd’hui , le monde musulman » (p13), « Si la femme est un chef-d’œuvre de son Créateur, son comportement reste l’œuvre de sa société qui le moule selon son processus culturel, économique, éducationel, voire même politique » (p17), « Si le féminisme est une lutte idéelle sociopolitique menée par et pour la femme à dessein de conquérir ses droits imprescriptibles, il ne faut point l’assimiler à une guerre ouverte contre l’homme mais contre sa suffisance et son idéologie répressive » (p 131), « L’inégalité et l’illégalité (religieuses) attribuées, à tort, aux lois islamiques ne sont point l’expression de la volonté divine, comme on veut bien le faire croire, mais d’une invention « mâle-intentionnée »  prenant des allures où « sacré cache secret » (p133), « (la Musulmane) Couvrir son corps avec un voile, hidjab ou foulard peuvent faire d’elle une belle mais pas nécessairement une bonne Musulmane.Ils peuvent servir de simples atours n’ayant aucune portée spirituelle.Même les péripatéticiennes les portent sans être, pour autant, plus Musulmanes puisqu’elles sombrent dans le plus vieux péché du monde »  (p201)

Avis : A lire par tous les hommes « machos » afin qu’ils sachent.....et par toutes les femmes de « modernité » afin qu’elles poursuivent leur lutte émancipatrice. Ni totalement essai, ni pamphlet mais une  étude lisible , compréhensible.... et compréhensive

Citations : « (Dans le vaste espace musulman, le constat est le même) ,la Musulmane vit dans l’angoisse, dans la violence, voire dans l’incertitude de son lendemain » (p 5), « Les œuvres n’inventent rien. Elles dénudent la vérité et déshabillent le réel.....cependant, les œuvres ne construisent pas une réalité « haute fidélité »   (p 9), « La femme est une création divine au même titre que l’homme.D’où le terme : «  indivi-Dualité », une dualité (couple) indivisible » (p 11), « Femme arabe, femme arable » (p 24), « A la question : pourquoi écrire un roman ? Balzac répond, « C’est résoudre un grand problème d’actualité » (p 51), «Si le Saint Coran a octroyé des droits à la femme, l’homme reste le maître de céans » (p 73), « Si la parole est action, l’écriture est une arme lourde qui change la face du monde sans le détruire » (p 165), « Après avoir obtenu sa Carte Nationale d’Identité, au lendemain des indépendances, la Femme arabe veut obtenir sa « Carte Nationale d’Humanité » que l’Homme refuse de la lui délivrer » (p 167), « Oser parler, pour une femme, c’est déjà exister, c’est recouvrer son statut de personne » (p171), « La littérature arabo-musulmane est une littérature de détresse » (p 196)